Algérie

Vu à la télé



Le silence et l?éthique Les élections partielles qui se tiendront ce jeudi dans sept wilayas, notamment en Kabylie où la tension est grande avec des enjeux plus politiques qu?administratifs, ont fait l?objet d?une attention particulière de la part du Pouvoir qui, selon l?expression consacrée, a mis les moyens et réuni les conditions pour réhabiliter les institutions de l?Etat, à commencer par les communes, mais curieusement les campagnes d?explication et la préparation de cette consultation populaire ont été totalement occultées par les médias lourds, en particulier les trois chaînes de télévision nationale . On a l?impression, s?il n?y avait pas la presse écrite qui s?est penchée sur le sujet, que ces élections se déroulent en vase clos et ne revêtent donc aucune espèce d?importance pour l?opinion publique habituée à être conditionnée par le petit écran. Comparée à la manière dont a été traité le référendum sur la réconciliation nationale, bien que les deux événements ne se ressemblent pas, la gestion médiatique par... le silence de ces partielles met encore une fois notre Unique au banc des accusés. Cette fuite en avant confirme que la couverture télévisuelle qu?elle pratique répond davantage à des considérations et des calculs à forte substance politique qu?à un réel souci d?information. Pourquoi donc nos télés boudent-elles à ce point des événements qui intéressent au plus haut point les Algériens et se permettent le luxe d?organiser, avec un zèle inimaginable, des débats sur une actualité étrangère comme la crise des banlieues parisiennes par exemple ? La réponse est connue. Sur le petit écran national, il est interdit d?avoir un quelconque parasitage du discours officiel. Encore moins un écran de fumée qui risque, justement, de montrer toute la vacuité de celui-ci au moment où la rue, le mouvement associatif, la société civile parlent un autre langage. On imagine mal, en effet, l?Unique accueillir sur son plateau les représentants du FFS ou du RCD, pour ne citer que ces partis d?opposition, de crainte d?avoir à gérer un argumentaire portant sur une autre vision politique qui, fatalement, sera assimilée à un « dérapage ». Donc, pour éviter tout dérapage, une seule solution dont l?efficacité n?a jamais été démentie : le verrouillage systématique du moindre son contradictoire. Pourtant, donner la parole aux acteurs d?une actualité politique est un droit reconnu par la Constitution. Avec la forte tension qui règne spécialement en Kabylie, le public a le droit de savoir ce qui se passe réellement, quels sont les vrais enjeux, les intentions des partis en compétition, et cela ne peut se faire qu?avec le concours de la télé à travers des interviews, des reportages et des débats. En France, le congrès du PS a fait l?objet d?une très large médiatisation pour permettre à tous les Français de comprendre la crise du parti vue de l?intérieur. Rien n?est laissé au hasard, tout se fait dans la transparence. Chez nous, on en est encore à l?ère de l?opacité, des suspicions, de la langue de bois, une ère où une critique de Saïd Sadi est considérée comme une menace pour l?échiquier. A quoi bon, dans ce cas, multiplier les émissions dites « politiques » si celles-ci restent éloignées des préoccupations nationales ? A ce titre, il faut reconnaître la perspicacité de BRTV d?être au rendez-vous des événements marquants. Avec des moyens très limités, elle s?est attelée à nous donner le pouls des partielles, ne serait-ce que par respect à l?éthique professionnelle.




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