Algérie

Vu à la télé



Vu à la télé
Par A. MeradElle est quand même curieuse mais néanmoins très révélatrice cette confusion au sommet au sujet de la future implantation en Algérie d'une usine automobile Peugeot annoncée par le président de la république française en personne lors de sa visite éclair dans notre pays.En déclarant publiquement ne pas être au courant de ce projet, le ministre du commerce a certainement mis sérieusement dans l'embarras le gouvernement en commettant la bourde qu'il ne fallait pas, que son homologue de l'industrie et des mines s'empressa le lendemain de rectifier en donnant un sens plus officiel à la vraie-fausse information. On ne peut pas dire que Benyounes avait pris le parti de créer volontairement la polémique au sein même de son équipe en avouant son ignorance totale de l'existence d'un tel projet qui « ne figurait pas à l'ordre du jour de l'exécutif », mais un tel décalage de sa part sur une entreprise industrielle aussi importante impliquant conjointement son secteur ne peut être considéré comme une banale inadvertance pour la simple raison que l'homme qui s'est montré tellement dévoué au clan présidentiel et qui par conséquent aimait bien nous rappeler qu'il appartenait lui aussi au cercle très fermé des « décideurs » apparaît finalement, à la lumière de ce lamentable quiproquo, dans sa véritable dimension politique.En vérité, en n'étant pas mis dans la confidence, il réalise par lui-même qu' à défaut d'appartenir au premier collège où toutes les grandes décisions sont prises, il n'occupe qu'un strapontin au sein du gouvernement qui peut à tout moment se transformer en siège éjectable. Il avait beau bomber le torse en donnant du fakhamatouhou partout, en exprimant un zèle inégalé dans la courtisanerie, il est vite retombé de son piédestal en s'apercevant qu'il ne jouait pas dans la cour des grands. La désillusion doit être pour lui très pénible, mais pour sa consolation, il peut être certain qu'il n'est pas seul dans cette galère. D'autres supposés « protégés » comme lui finiront bien par connaître le même sort .Au demeurant, le leader du MPA a vu ses « notes » dégringolées ces derniers temps suite à une série de désaveux qui l'ont fortement ébranlé. Il y eut d'abord la cinglante remise en cause par son chef hiérarchique, le premier ministre, de l'instruction touchant à la vente en gros des alcools qui porta un sérieux coup à sa notoriété. Il y eut ensuite les virulentes attaques à l'Assemblée Nationale contre ses négligences portant sur la liste inimaginable des produits importés que le ministère du commerce avalise alors que la tonalité gouvernementale prône l'austérité tous azimuts dans un pays qui vit une grave crise financière.Comme exemple de cancre pris en flagrant délit de mauvais comportement (ici on parle de gaspillage criminel pour l'économie), on ne pouvait trouver mieux. Comme si dans cette auguste enceinte le soucis de défendre avec un tel acharnement l'intérêt national fait partie intégrante des m?urs et des convictions. Or, il ne s'agissait que de joutes politiciennes pour essayer de monter en grade. La scène rapportée en direct, à ce propos, par une chaîne de télévision privée montrant le ministre du commerce complètement abasourdi par ces tirs croisés d'une rare violence verbale avait un côté très pathétique.Cependant, ce qui choque le plus c'est de voir que ces critiques non dénuées d'argumentations venaient parfois des représentants de la majorité FLNcamps allié en principe qui à l'occasion se sont souvenues que leur cible ne faisait, en fait, pas partie de la « famille » et ne méritait pour ainsi dire aucune confiance.Dans leur déchainement de haine et de surenchère politicienne, ils se sont surpris à déborder du contexte strictement législatif pour attaquer plus l'homme politique que le commis d'Etat en lui rappelant qu' au temps où il était dans l'opposition, il avait traité le régime d'assassin et appelait Bouteflika « Boutesrika ». Une manière directe de lui signifier que quelque soit son agitation, il demeure un intrus.Voila donc étalé devant nos yeux l'échec patent d'une « intégration »superfétatoire qui ne reposait que sur des calculs d'épicier et qui donc se désintégrait à la moindre contradiction. La preuve?Benyounes en bon défenseur de l'idéal républicain avait rompu brutalement avec son camps d'origine, l'opposition démocratique incarnée par le RCD, pour se soumettre à un régime corrompu qu'il combattait hier avec la plus grande détermination. Il fit allégeance sans aucun scrupule et se montra en de nombreuses opportunités plus royaliste que le Roi en retournant ses attaques contre l'opposition, celle là même qui lui avait permis de forger ses premiers pas de militant politique.C'est bien sûr à bras ouverts que le système accueillit ce transfuge d'un parti qui lui est intransigeant, et lui offre les conditions d'une promotion fulgurante avec la création de son propre parti, allié désormais au Pouvoir, et d'une confortable place au gouvernement. Benyounes, dans l'euphorie de sa nouvelle vocation, n'avait plus qu'une ambition :servir avec fidélité le système pour mériter de gravir les échelons de la pyramide. Il devient par la force des choses un membre non négligeable de l'équipe gouvernementale tout en se confondant avec la sphère oligarchique qui veut contrôler le monde politique pour asseoir sa domination.On le croyait ainsi très sur de lui, fort de ses convictions à pouvoir changer de ligne sans se compromettre, jusqu'à ce qu'on lui sonne le réveil. S'il n'est plus depuis longtemps dans l'opposition démocratique à laquelle il a tourné sans complexes le dos, tout lui indique aujourd'hui qu'il reste un simple appendice du Pouvoir bouteflikien qui agit avec ses courtisans comme dans un jeu de quilles.Sans état d'âme. Sans regret. Semblable à son cas, celui de Khalida Toumi qui a eu la même trajectoire, devrait être pour lui une source d'inspiration. L'ex-ministre de la culture est jetée aux oubliettes après avoir longtemps défendu sans trop y croire les vertus du système. D'autres ministres ou membres supposés du clan présidentiel ne sont en fait que des klynex. Quand ils prendront acte, ce sera trop tard.




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