Algérie

Vu à la télé



Vu à la télé
Si la politique est l'art du mensonge, la diplomatie reste l'instrument perfide qui lui sert de couverture dans les moments où l'ambiguïté n'a pas de solution.Nombreux en tous cas, des deux rives de la méditerranée, sont ceux qui pensent que l'avis de Hollande sur l'état de santé de Bouteflika paraît non seulement surréaliste, mais volontairement appuyé comme s'il s'agissait de respecter un deal dont personne ne connaît la teneur.En disant que le président algérien lui a donné l'impression d'une grande maîtrise intellectuelle et qu'il était même d'une grande alacrité ? (gaieté d'humeur, enjouement, vivacité selon le grand Robert) ? le chef d'Etat français savait qu'il était en train de jouer avec les formulations de circonstance pour essayer de rester fidèle à sa posture politique lorsqu'il avait donné sa caution au quatrième mandat malgré la maladie handicapante de son «ami», tout en la refusant sèchement à son homologue burkinabé.Il devait donc trouver les mots que les dirigeants algériens attendaient et voulaient entendre, et de ce point de vue on peut dire qu'il n'a pas failli à cet exercice périlleux tout en ayant conscience que sa crédibilité risquait d'être mise à mal.Les médias de l'hexagone ont beau essayer de se montrer compréhensibles concernant les gros intérêts que défend leur pays, ils ne purent s'empêcher de critiquer l'attitude trouble de leur représentant accouru à leurs yeux d'abord au chevet d'un régime autocratique finissant et maintenu sous perfusion le temps de se reproduire.Bien évidemment, les Algériens ne sauront jamais sur quoi véritablement ont porté les discussions entre les deux interlocuteurs, au-delà des extrapolations entourant cette brève visite de Hollande qui ont fortement conditionné l'opinion sur l'intérêt vital que porte ce dernier au problème de la succession.Il faut dire que cette idée qui s'est largement répandue sur la scène politique nationale en ouvrant un intense débat au niveau de l'opposition démocratique n'est pas si farfelue que ça puisqu'elle vient de faire l'objet d'une étude américaine qui parle de la démission de Bouteflika avant juin 2016 et avance même trois noms de candidats potentiels pressentis pour le remplacer.On ne sait pas quels ont été les critères de sélection qui ont prévalu, mais toujours est-il que la prospective est crédible, dit-on, même si elle n'apporte rien d'exceptionnel sur la nature de nos attentes politiques rythmées désormais par la certitude d'un changement inévitable.Si on évoque, côté américain, cette projection, c'est que le terrain semble très favorable et ne peut être ignoré par notre meilleur partenaire pour qui les enjeux, dans cet espace géopolitique privilégié, à court, moyen et long termes sont autrement plus conséquents que ceux contenus dans la vision US. Enjeux économiques, enjeux sécuritaires, enjeux stratégiques.La France tient à l'Algérie pour sa profondeur en Afrique, et pas seulement?. Depuis sa venue, en prenant le contre-pied de la démarche outrageusement paternaliste de son prédécesseur, Hollande lui a fait gagner beaucoup, et on a même l'impression qu'elle s'y sent à l'aise chez nous comme nulle part ailleurs pour fructifier ses affaires et avancer ses pions.Les analystes avisés estiment à raison que le souci principal de l'ancienne colonisation demeure cependant la stabilité territoriale, sociale et politique de l'Algérie sans quoi tout projet aussi bénéfique soit-il pour les deux pays peut être à tout instant compromis. Tant que l'embellie est là, il faut en profiter, mais justement, à part la bénédiction accordée au locataire d'El Mouradia pour la survie d'un système de plus en plus rejeté et qui s'étrangle par lui-même, l'Algérien est en droit de connaître les retombées de la réciprocité des échanges, autrement dit de savoir ce qu'engrange son pays comme dividendes qui touche directement à son développement.La France de François Hollande peut-elle aider à l'essor économique et social d'un pays comme l'Algérie miné par la gabegie et la corruption tout en s'accommodant de son système politique générateur de ces deux fléaux ' On pensait que les socialistes étaient très pointilleux sur les questions de la démocratie, des libertés et des droits de l'homme.Or, la caution apportée à Bouteflika comme antithèse à l'alternance démocratique tant réclamée par l'opposition comme unique voie salutaire menant vers le changement les place en port-à-faux de leurs propres principes, applicables désormais selon les conjectures et les niveaux d'influence. Mais il ne faut pas renchérir pour rien : si le partenariat avec nos amis français est boiteux, en notre défaveur s'entend, il ne faut s'en prendre qu'à nous-mêmes.Avec toutes ses richesses, sa stature africaine, arabe et méditerranéenne, son potentiel économique, ses ressources humaines, l'Algérie souffre de ne pouvoir s'imposer sur la scène internationale à la vraie mesure de ses capacités et de sa puissance. Quand le pays continue à importer plus de 90% de ses biens de consommation et n'exporte que le pétrole et le gaz, s'exposant ainsi à la moindre fluctuation des marchés des hydrocarbures, on peut aisément saisir l'étendue de sa vulnérabilité face à des partenaires mieux organisés, mieux structurés et qui, surtout, savent exactement où ils vont.Tout le contraire de notre système de gouvernance qui n'a ni programme, ni perspective, ni visibilité, mais seulement une volonté acharnée de perdurer dans une logique suicidaire qui a déjà fait d'énormes dégâts.Ce pays qui aurait pu être la première démocratie dans le monde arabe assiste impuissant à son déclin en raison de l'obstination de ses dirigeants à vouloir régenter la société selon des modes archaïques. Les Algériens étouffent et veulent respirer l'air de la liberté. Un appel de détresse que François Hollande a tout fait pour ne pas entendre.




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