Algérie

Vu à la télé



Vu à la télé
Comme un maître d'école, le Premier ministre renvoie un à un les membres de l'Exécutif à leurs copies. Souvent plus pour calmer le jeu que par pertinence politique. Pas moins de quatre ministres ont ainsi été épinglés pour leurs élucubrations personnelles qu'il fallait recadrer avant qu'elles ne débordent. On cite la plus récente et la plus tonitruante commise par le ministre du commerce qui a été vite rappelé à l'ordre à propos de son instruction sur la vente des boissons alcoolisées.Mais ce n'est pas tant le fait que Benyounes ait agi sans demander l'avis du gouvernement qui lui a valu la réprimande, mais bien parce que cette décision a, comme il fallait s'y attendre, soulevé l'ire des islamistes. Entre une mesure économique qui avait sûrement sa raison d'être et le risque de subir la colère des intégristes, Sellal a tranché en défaveur de son collaborateur. Il a demandé à son ministre de surseoir à l'application de cette instruction jusqu'à son étude avec les secteurs concernés dans le cadre des lois en vigueur, une façon bien connue dans les arcanes officiels pour désavouer une prise de position sans discréditer son auteur.Le ministre du commerce a-t-il fait dans la provocation en s'attaquant à ce commerce très sensible des boissons alcoolisées, ou était-il convaincu de la nécessité de réguler ce marché livré à toutes les combines mafieuses en l'intégrant justement dans la rigueur économique tant prônée par le gouvernement ' Dans ce cas, pourquoi fait-il marche arrière en sachant pertinemment que les travers qu'il voulait régler par le biais de la loi vont persister et peut-être s'élargir ' Le désaveu public que lui a infligé son supérieur ne peut être réparé, dans une démocratie qui se respecte, que par une démission en bonne et due forme. Une tradition qui, hélas, n'existe pas chez nous et qui serait la bienvenue dans un pays qui fonctionne encore aux humeurs du moment. Si la solidarité gouvernementale est une chose sacrée à laquelle les membres de l'équipe doivent répondre, il reste que le renoncement d'un ministre face à un problème crucial est inacceptable alors que nos dirigeants ne cessent de prôner les vertus de la vérité et de la transparence.Pour l'heure, c'est encore le courant islamiste qui a pris le dessus, non pas en présentant des arguments économiques imparables, mais en optant comme à son habitude pour la menace à peine voilée de privilégier le désordre et la désobéissance. Au demeurant, les intégristes n'ont pas tardé à réagir à l'instruction. Très à l'aise dans les situations où il est question de morale, ou de rappel à la moralisation de la société, leur terrain de prédilection, ils savent rebondir pour faire contrepoids et afficher une présence significative.Le recul de Sellal leur donne une nouvelle fois raison, après que le recours à l'utilisation, vendredi, de prêches incendiaires dans les mosquées et même l'éventualité d'une marche populaire de protestation ait été brandi. Mais jusqu'à quand le gouvernement va-t-il se soumettre aux desiderata des islamistes qui ne sont jamais dénués d'arrière-pensées politiques ' La réponse se trouve peut-être dans la charte portant réconciliation nationale version Bouteflika qui livre la gestion morale de la société aux islamistes en attendant d'instaurer carrément un jour un pouvoir théocratique. Au train où vont les choses, cette perspective effrayante ne semble pas tellement loin?Entre-temps, le Premier ministre qui pense d'abord cohésion nationale et stabilité, même au prix des compromissions les plus infamantes, a fort à faire avec ses «cancres» de ministres qui sortent des rangs. Il a encore débouté son ministre des Transports en maintenant la fermeture du ciel algérien au privé, alors que Amar Ghoul avait pris l'engagement de l'ouvrir. Désavoué, ce dernier, pour ne pas perdre totalement la face, a rappelé devant les députés que «l'accès au ciel algérien est tributaire d'une autorisation d'exploitation délivrée par le gouvernement».Cela veut dire, plus prosaïquement, que les investissements privés dans ce domaine ne sont pas encore à l'ordre du jour.Autre ministre renvoyé à ses classes, celui de la Communication à propos de l'avant-projet sur la publicité qui aurait déjà dû atterrir chez les parlementaires. Le projet a fait l'objet d'une double lecture sans convaincre le premier ministre qui trouve que le texte présenté par Hamid Grine comporte beaucoup de lacunes, et n'est donc pas encore apte à répondre aux questions cruciales que le marché de la publicité a soulevées. On rappelle que depuis sa venue à la tête de ce département, l'actuel ministre a encore davantage compliqué la situation de ce marché à défaut de pouvoir l'assainir. Il a en fait utilisé l'arme de la publicité (étatique et privée) comme moyen de pression politique pour affaiblir les titres de presse qui tiennent à l'indépendance de leurs lignes éditoriales.On ne sait pas si le gouvernement ira jusqu'à rectifier le tir en favorisant l'évolution de la publicité selon les normes d'un marché ouvert, équilibré et transparent, mais toujours est-il que la copie remise par Grine est en deça des objectifs recherchés, comme le démontre son rejet pour la troisième fois par le Premier ministre. Le dernier ministre à subir les foudres de Sellal n'est autre que le ministre des sports qui vient de récolter un humiliant camouflet pour l'Algérie en se faisant doubler comme un amateur dans la désignation de la CAN 2017.Sellal a demandé des explications à Tahmi pour cet échec cuisant qui a indigné tous les Algériens, alors que le bon sens aurait voulu qu'il lui demande de déposer sa démission. Le ministre des sports a déclaré tout de go qu'il ne savait pas que la CAF fonctionnait de cette manière, et en disant cela il a révélé toute son incompétence à maîtriser des dossiers dont la gestion se fait plus par lobbying et dans les coulisses. Le président du comité olympique avait la bonne information, et lui pas. C'est tout dire de sa naïveté qui nous a valu une si grosse déception.




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