Algérie

Vu à la télé



Vu à la télé
Il y a quelque chose de très malsain et de très vicieux dans la campagne de dénigrement qu'a entretenue le très populiste journal arabophone, détenteur d'une télévision privée au service exclusif du clan présidentiel, et surtout connu pour sa haine viscérale envers les quotidiens indépendants dont la ligne éditoriale apporte la contradiction au régime, à partir de la vraie-fausse polémique diplomatique qui aurait opposé l'ambassadeur de France en Algérie à notre ministre de la Communication.Selon ce journal qui ne révèle pas sa source, le représentant de la chancellerie française aurait, dans une note confidentielle qui aurait fuité, vertement critiqué le ministre algérien dans sa démarche à priver de publicité entre autres deux quotidiens indépendants, El Watan et El Khabar pour ne pas les citer, en faisant carrément et directement pression sur les annonceurs potentiels dont font notamment partie les entreprises françaises qui ont pignon sur rue en Algérie.Si cette information dont la gravité ne fait aucun doute n'a été ni confirmée ni démentie par l'ambassadeur de France qui se retrouve bien malgré lui au c?ur d'une tempête à laquelle il ne s'attendait pas et qui pour la circonstance a préféré garder le silence, elle a été en revanche relayée d'abord de manière tonitruante par plusieurs sites électroniques qui se sont posés des questions sur l'attitude du diplomate français et reprise ensuite au vol par le ministre de la Communication qui n'a pas raté l'occasion d'un point de presse pour réaffirmer la position des autorités algériennes concernant le problème de la gestion par les services de l'Etat de la publicité, tout en veillant à ne pas envenimer les choses, en jetant de l'ombre par exemple sur les relations entre nos deux pays.Si le représentant du gouvernement a usé volontairement de la langue de bois pour rester dans les généralités qui lui permettent de donner du crédit à la polémique créée par le journal arabophone, il aura au passage commis certainement l'impair qu'il ne fallait pas en confirmant implicitement le chantage exercé par les circuits officiels pour priver de publicité les deux journaux cités dans la liste que sont El Watan et El Khabar.Il précisera en effet qu'une telle démarche entre dans le cadre de l'application des directives du président de la République. En l'espace de quelques mois, et alors que cette rengaine publicitaire alimentée par les mesures de distorsion prises par la tutelle pour mater les organes de presse qui ne se conformeraient pas aux règles de l'éthique professionnelle n'est pas nouvelle, le ministre de la Communication a accompli la performance de dire une chose et son contraire.Il avait, rappelons-le, apporté une cinglante mise au point aux critiques qui lui reprochaient de cibler spécialement les deux quotidiens indépendants, affirmant qu'il avait pour simple mission de mettre de l'ordre dans le secteur. Et voilà que dans sa toute dernière sortie médiatique, il soutient que cette cible est bien réelle, comme l'aurait d'ailleurs fait ressortir la note de l'ambassade de France. Le jeu semble désormais s'éclaicir. El Watan et El Khabar font partie de la liste noire de la Présidence, qui n'hésite plus à jouer la carte de l'asphyxie financière pour faire taire les publications qui font mal au régime.Dans ce jeu où le rapport de force est complètement déséquilibré et bien sûr à l'avantage des tenants du système, le ministère de la Communication apparaît comme un simple instrument chargé d'accomplir la sale besogne. Mais le jeu n'est pas fermé pour autant. Il fait appel à d'autres acteurs pour pianoter sur la même partition, comme le journal arabophone dont il a été question plus haut et qui dans un esprit d'allégeance rarement égalé se donne le droit, au mépris justement de toute contingence éthique et déontologique, de déverser son fiel sur ses confrères indépendants pour essayer de les enfoncer encore davantage à travers une argumentation immonde et complètement farfelue. Dans cette affaire, le prétexte lui est apparu comme idéal pour sortir la grosse artillerie de la désinformation.Le raccourci est tout bonnement renversant : si l'ambassadeur de France aurait protesté contre l'utilisation abusive de la publicité en citant les deux titres réfractaires, et aurait par conséquent commis un grave délit d'ingérence dans un pays souverain qui ne lui aurait pas échappé en d'autres circonstances, c'est qu'il y a connivence flagrante entre la chancellerie française, voire l'Etat français et les journaux ciblés.En d'autres termes, c'est le message récurrent qui est servi pour abattre ces derniers : leur appartenance au?hizb frança ! La preuve par quatre, c'est qu'un diplomate vienne à prendre leur défense alors que la publicité émanant des sociétés et entreprises françaises, dans sa grande majorité, est consignée commercialement dans tous les autres titres qui ont une audience mais qui n'ont jamais fait l'objet d'une telle virulence. Le but de ces attaques ne peut échapper au commun des Algériens.La raison est qu'El Watan et El Khabar sont devenus, par leur crédibilité au sein de l'opinion publique, très gênants pour le régime.Dans cette optique, en cherchant à les neutraliser, le ministère de la Communication tourne lui-même le dos aux principes qu'il veut enseigner à travers son concept du cercle vertueux. Le mensonge et la diffamation, il faut d'abord les balayer devant sa porte et celle de ses? affidés qui redoublent de férocité envers tout ce qui est honnêteté et probité professionnelles. Il n'y a qu'à voir ces écrans privés sponsorisés par d'obscurs lobbys, ou lire ces journaux qui font de l'insulte leur critère de base pour se rendre compte des dégâts qu'ils font subir à la presse nationale. Assurément, la tutelle n'a plus aucune prise pour séparer le bon grain de l'ivraie.




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