«Ni despotisme ni
terrorisme, nous voulons les progrès en pente douce» Hugo
De nombreuses
légitimes questions et inquiétudes animent les pages des journaux privés, à
l'approche des prochaines législatives. Ces dernières vont se tenir à un moment
particulier de l'histoire de l'ensemble des pays arabes et africains.
L'appartenance souvent «forcée» à la seule sphère arabe, à la «oumma» inscrit donc, théoriquement, le pays dans la liste
des pays qui, bon gré mal gré, appliquent une feuille de route, subissent des
mutations, devenues inéluctables par la marche et les évolutions mondiales
dominées par une série de crises, au cheminement incertain.
A l'évidence,
puisque les faits sont têtus, d'anciens paradigmes et même des identités
«meurtrières», simplement plaquées pour des objectifs politiques ou des
mariages idéologiques, n'ont plus les effets d'après les indépendances. Ces
dernières détournées, confisquées ou à l'origine superficielle, sont remises en
cause, profondément. L'émergence massive, violente, cataclysmique» de puissants
mouvements islamistes, parfois avec des branches arrivées, de rites qui étaient
assoupis, réprimés ou clandestins, ont atomisé de fragiles constructions
d'états nations. Ceux-ci, toujours en voie d'achèvement, dans une interminable
transition, sont immergés dans le bruit et la fureur dans des «printemps» ou
des «révolutions dont les contours et les finalités sont encore fuyants et dans
l'opacité. Les crises économiques, financières qui travaillent en profondeur
les USA et l'Europe, ont de fait, accéléré les mutations et imposé des réformes
institutionnelles, politiques et économiques à des systèmes rentiers,
archaïques, fortement centralisés, autoritaires, construits depuis des
décennies sur les modèles du parti unique (même avec plusieurs formations
politiques) et d'une économie administrée par un centre omniscient et
infaillible, selon des dirigeants trop souvent illégitimes, des castes
incompétentes ou des familles de prédateurs incultes, managés par les USA,
l'Europe, comme des sous-préfets assis sur des mers de pétrole.
La première des
répliques gigantesques réside en la «harkisation» de
régimes leaders, longtemps parmi les membres de la «oumma».
Ces régimes, à 100% arabes et musulmans, dans une mosaïque de pratiques
(wahhabisme, sunna, chiia, moitié-moitié) sont
progressivement recrutés (pouvoirs militaire et civil pour financer, prêter des
troupes et leurs territoires pour faire tomber des pouvoirs et détruire des
pays à 100% arabes et musulmans. Aujourd'hui, face à ces mutations, la seule
question qui mérite d'être posée aux cadres des partis algériens dits
«nationalistes», gardiens non assermentés des «constantes» arabes est : «que
pensez- vous des positions de ces gouvernements qui s'allient à l'Occident
mécréant, pour attaquer et occuper des pays arabes et musulmans?» La question
mérite aussi d'être posée à des politiques à 100% berbères, dont l'accent est
audible depuis la lune et qui ont psalmodié leur «arabité», au mépris du réel
et des origines lointaines et enracinées des peuples maghrébins, avant
l'arrivée des armées venues d'Arabie, aujourd'hui, base avancée des «croisés».
Autant demander à
tous les dirigeants américains et européens, ce qu'ils pensent des
gouvernements qui appliquent la lapidation pour la femme adultère, qui
condamnent par la justice les homosexuels, qui coupent la main du voleur et
interdisent aux femmes de conduire et de fréquenter les grandes surfaces, en
même temps que les hommes, qui considèrent la mixité et la laïcité comme des
preuves irréfutables de l'athéisme…
Leur embarras,
toujours passager, est l'équivalent de celui du responsable berbère maghrébin
qui discourt sur l'unité et la fraternité arabes. A observer et sans préjuger
sur les développements éventuels sinon prévisibles pour certains en Tunisie, en
Libye, en Egypte, au Yemen, en Syrie, au Maroc et en
Mauritanie, ce qui se passe dans le monde arabe, l'Algérie bénéficie d'un
sursis à ne pas dilapider par un statu quo des plus explosifs. Le pays est,
jusqu'à la fin du monde, dans un environnement qui le modifie et qu'il peut
modifier s'il a les moyens d'une politique et une politique intérieure à même
de faire de l'Algérie un pays pivot qui a tous les atouts pour rayonner et être
leader. Or, les voies empruntées, si elles ne sont pas quittées au plus vite,
le ramèneront au même sort de ses proches voisins.
La valse
hésitation au plan économique, l'absence de tout projet culturel au niveau des
diversités enrichissantes et des capacités créatrices de la jeunesse, la chasse
systématique aux libertés fondamentales, à celle de la presse, les
compromissions et les cadeaux faits aux courants islamistes parmi les plus
incultes et les moins patriotes de la «oumma» qui n'a
existé que dans les rêves, l'exclusion féroce de l'opposition, le niveau de la
corruption, la baisse terrifiante des systèmes éducatif et universitaire,
mettent le pays en danger.
Dans les
contextes international et maghrébin, les messes anti-impérialistes ne sont que
l'expression impuissante d'une fuite en avant stérile. La dépendance
alimentaire, l'addiction à l'importation de médicaments, d'allumettes, de blé,
de chocolat, de fruits exotiques, de voitures, d'armes, sont les meilleurs
alliés «pacifiques» de «l'impérialisme» qui se gausse des meetings anti-machin.
La passivité des anti-ingérences devant l'élargissement de la corruption, le
rétrécissement des libertés associatives, de la régression culturelle, du
massacre urbain, la destruction des espaces verts, la prohibition affichée
officiellement, font le lit de n'importe quelle ingérence. Dénoncer les
agressions extérieures, c'est bien. Ne pas se taire devant les atteintes
intérieures à la République, à la démocratique aux droits de l'Homme, devant la
dictature de l'administration, la clochardisation des villes et villages, c'es mieux.
L'année 2012 est
pour demain. Les combats, les vrais ne se mènent pas contre les «intouchables»
qui ont la puissance atomique, tous les potentiels scientifiques, industriels,
technologiques, diplomatiques… Ils se mènent surtout à l'intérieur pour faire
aboutir des réformes, des consensus patriotiques qui arrivent et une place
honorable, sans fakhfakha ni roulements d'épaules,
dans le vide. La relation de l'Algérie avec les pays arabes, après la
disparition du «front du refus» avec les composantes du mystérieux et
fantomatique «Maghreb uni», avec le fonctionnement d'il y a deux siècles de la Ligue arabe et la place du
pays en Méditerranée… Ce sont-là de vrais enjeux et débats aux
lieu et place du préhistorique discours sur la future disparition de
l'empire et ses alliés. Et 2012 sera une année charnière.
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Posté Le : 22/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdou B
Source : www.lequotidien-oran.com