Un pauvre père de famille quitte le port. Au niveau de l'entrée de Hussein Dey, le mektoub frappe...
Poignant aura été le procès de Hamlaoui, une malheureuse victime d'un dramatique concours de circonstances né d'un stupide accident de la circulation au niveau de la station-service de Hussein Dey (Alger) sur le côté droit de la voie rapide Est-Ouest (Tafourah - Dar El Beïda).
Et si Hamlaoui est victime en étant détenu pour homicide involontaire, le chauffeur de la «Maruti» lui, a été littéralement écrasé dans des conditions horribles. A la barre, lundi dernier, Maître Djamel Fodil, l'avocat de Hamlaoui, l'inculpé, a failli se déconstituer au tout début des débats lorsque le président de la section correctionnelle du tribunal de Hussein Dey (cour d'Alger) avait marché sur la plate-bande de la présomption d'innocence en interpellant «sèchement» le détenu qui venait d'être assommé par une très mauvaise nouvelle. Le juge sort une copie du casier judiciaire et pose une question dont la réponse ne satisfait pas le juge du siège:
- «Vous avez des antécédents, inculpé'
-Non, monsieur le président. Je n'ai rien à me reprocher et je...
-Et si je vous rafraîchissais la mémoire en vous signalant qu'en 2002, vous aviez déjà causé des blessures involontaires'»
Le détenu a peur. Il a envie de crier au mensonge du magistrat, mais il a l'air d'avoir une idée sur l'outrage et ses catastrophiques conséquences. Il se tait. Il a même envie de chialer, de crier, de s'arracher le peu de cheveux qu'il a sur sa petite tête qui repose sur de larges épaules d'un corps trapu, trapu, trapu...
Et contre toute attente, c'est Maître Fodil qui du haut de ses cent quatre-vingt-quatre centimètres, lance, comme pour défier l'homme de loi qui s'est adressé à l'inculpé, comme s'il était un représentant du ministère public: «Monsieur le président, je suis désolé mais je me dois d'émettre des réserves autour de la véracité de cette copie du casier judiciaire...
-Maître, ai-je dans les mains un faux' Si c'est le cas, allez-y, entamez une procédure pour faux et usage de faux puisque nous y sommes.
-Non, monsieur le président, il ne s'agit pas pour moi d'éclabousser le moins du monde l'honorable institution, mais je dois attirer votre attention sur...
-Maître, je vous en prie, laissez les réserves pour votre plaidoirie et le...
Non, monsieur le président, c'est maintenant. Si vous refusez, je me déconstitue sans regrets, car je dois vous signifier mes réserves autour de la délivrance de documents par la justice dont le fonctionnement, n'est pas au-dessus de tout soupçon! Oui, il y a d'immenses et agaçantes erreurs qui vous mènent en bateau souvent. Voilà ce que je voulais vous expliquer. Ce n'est pas sorcier. C'est le droit de la défense que j'exerce. Un dernier point, monsieur le président: je n'arrive pas encore à saisir l'indifférence de certains juges du siège devant les dossiers de mortels accidents de la circulation qui peuvent arriver même à des magistrats. Car il ne peut s'agir ici que du «Qadha Oulqadar» - Oui, c'est la volonté d'Allah et aucune force ne peut arrêter la volonté du Créateur de rappeler à lui l'âme de toute créature.»
Le président a suivi sans broncher. Il a même dû regretter de s'en être pris violemment en exhibant le fameux casier judiciaire, car au moment de plaider, l'avocat des Bananiers a rappelé que la victime était au volant en sortant de la station-service et que probablement, il a vite voulu quitter la bande d'arrêt d'urgence pour la bande droite en n'ayant pas vu le poids lourd arriver à 40 km/h, selon le procès-verbal des services de sécurité qui n'ont d'ailleurs rien trouvé comme faute ayant provoqué la catastrophe. «Mais pourquoi avoir ordonné la détention préventive' Le parquetier a-t-il eu peur de la réaction de la famille du défunt' Impossible car le jour de la présentation, les parents ont pardonné au chauffeur, s'en remettant à la volonté d'Allah à qui ils ont rendu grâce pour sa volonté», a encore ajouté Maître Fodil qui en a voulu un peu au discret procureur qui a réclamé trois mois ferme pour homicide involontaire. «Involontaire!» avait craché l'avocat qui a décortiqué le mot en arabe classique juste pour rire au nez de magistrats répressifs qui n'arrivent jamais à faire la part des choses.
Et c'est dans ce contexte que le juge de Hussein Dey a dû prendre une semaine pour infliger une peine de six mois d'emprisonnement assortie du sursis pour homicide involontaire. Maîre Fodil était tout de même malheureux car son client a fait huit nuits de plus de taule alors que le verdict aurait pu être annoncé sur le siège d'autant plus que la famille a pardonné en tant que victime et n'a même pas assisté aux débats d'un long et douloureux procès.
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Posté Le : 14/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdellatif TOUALBIA
Source : www.lexpressiondz.com