Algérie

Vraie chance



La décision du gouvernement d'aider certaines entreprises publiques à se refaire une santé financière est bien entendu à féliciter. Personne n'osera, dans l'absolu, critiquer une initiative allant dans le sens de la sauvegarde de l'outil national de production et la préservation de milliers d'emplois. En toute logique donc, une société comme la SNVI, qui emploie près de 6000 travailleurs et qui a été maintenue en état de vie artificielle durant toutes ces années, devrait se réjouir que le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales ' plutôt que d'aller faire son marché en Asie, en Europe ou aux Etats-Unis ' se soit résolu à équiper les communes du pays en camions « made in Algeria ». Après tout, on ne voit pas pourquoi le gouvernement ne chercherait pas à faire tourner nos innombrables usines d'autant que les produits qui y sont fabriqués ne sont pas des plus mauvais. Pour ceux qui ne s'en rappellent pas, la SNVI (jadis appelée la Sonacome) a non seulement réussi en quelques années d'existence à gagner de grands rallyes et à rivaliser avec les plus grandes marques de véhicules industriels qui avaient déjà à l'époque plus d'un siècle d'existence, mais accompagné efficacement le développement du pays. Cela d'ailleurs tout autant que les contributions précieuses d'entreprises telles l'Eniem, l'Enie ou El Hadjar. La liste est encore longue. La SNVI, à l'instar de toutes ces entreprises nationales aujourd'hui en attente d'un repreneur étranger, a perdu la guerre de la concurrence non parce qu'elle n'avait pas les moyens de défendre ses parts de marchés, d'innover ou d'améliorer ses produits. Ce n'est pas du tout ça ! Si aujourd'hui cette société a été réduite à demander l'aumône et à attendre un hypothétique avis d'appel d'offres d'un ministère pour faire tourner ses machines, c'est parce qu'à un moment donné, on l'a complètement ligotée avec des politiques gouvernementales tout simplement destructrices. Et encore, la SNVI a pu y échapper de justesse. Ce qui n'a pas été le cas de beaucoup d'autres fleurons de l'industrie algérienne qui, pour ainsi dire, ont subi des « liquidations » en règle. Revenons maintenant au sujet qui est le nôtre. Oui, à la direction de la SNVI, on doit certainement être content que l'on ait pensé à l'entreprise au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Mais sans plus. Car aussi paradoxal que cela puisse paraître, la commande faite par le département de Yazid Zerhouni n'ira pas sans provoquer des nuits blanches au staff dirigeant de la compagnie. Pourquoi ' La réponse est pourtant évidente. L'entreprise ne pourra pas donner ce que l'on attend d'elle pour la simple raison qu'elle n'en a plus les capacités. Et à ce propos, de nombreux cadres de la SNVI auraient aimé voir le gouvernement faire bénéficier leur entreprise d'un plan de restructuration avant de lui demander quoi que ce soit d'autre. En d'autres termes, la SNVI aurait voulu se voir donner une vraie chance pour se replacer durablement dans le monde impitoyable de l'industrie.


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