Algérie

Voyage continental




Plus qu’un type éditorial, l’anthologie peut être considérée comme un genre littéraire. Sa vocation première est de réunir sous un même titre un florilège de textes appartenant à la littérature d’un pays, d’une époque ou d’un courant littéraire donné, parfois selon ces trois critères en même temps. Sa finalité est de fournir aux chercheurs des références précises et facilement utilisables. C’est pourquoi les spécialistes classent souvent les anthologies parmi les ouvrages de référence, aux côtés des dictionnaires, encyclopédies, glossaires, etc.
Pourtant, ce type d’ouvrages a réussi à se tailler une carrière parallèle en touchant de plus larges lectorats, des passionnés «ordinaires» de lecture en quête de plaisir et de découverte. On a vu ainsi des anthologies être régulièrement éditées, dans des collections destinées au grand public. Cette mutation s’est accompagnée d’un relookage des formes : ouvrages plus maniables, moins chers, aux couvertures plaisantes, bien loin de l’austérité des anthologies d’antan. Les lecteurs les achètent et les lisent pour voyager dans une littérature donnée, et, à partir des extraits publiés, choisir éventuellement leurs futures lectures.
Aussi, si vous voulez découvrir la diversité foisonnante de la littérature africaine et aller en expédition sur les lignes du continent, l’ouvrage d’Amina Azza Bekkat, Lire l’Afrique*, préfacé par le grand écrivain guinéen Tierno Monémembo, sera un guide précieux pour vous. L’auteure met en avant l’objectif de ce travail mené avec une équipe : «Ce recueil constitué essaie donc de combler une lacune en Algérie, et d’introduire ces ouvrages produits sur le continent ou à partir du continent qui est le nôtre, mais qui véhiculent un autre imaginaire, car nés dans un contexte différent». Les textes sont puisés dans la littérature francophone subsaharienne, mais Amina Azza Bekkat, qui enseigne à l’université de Blida, y a adjoint quelques auteurs anglophones, une ouverture linguistique qui permet de mieux envisager la diversité des expressions africaines.
Plutôt qu’un ordre chronologique ou alphabétique, méthodes d’entrée les plus usitées pour les anthologies, l’auteure a préféré un ordonnancement thématique. Six parties composent l’ouvrage : Le temps des épopées, qui regroupe les auteurs comme Camara Laye, dont l’inspiration a puisé dans le patrimoine oral ou historique ; Les précurseurs, soit les fondateurs d’une nouvelle expression connectée à la réalité ; Une saison d’anonie, qui reprend l’expression du prix Nobel, Wole Soyinka, à propos des littératures post-indépendances ; Une inspiration toujours renouvelée, avec les nouvelles écritures ; Une écriture nomade», liée aux errances des populations africaines, à la naissance de diasporas, etc. Enfin, la sixième partie est celle des essais. A l’intérieur de ce classement, chaque écrivain est introduit par une photographie, une biographie express et des extraits de ses romans et parfois poèmes.
A la lecture, on croirait lire un des romans d’Afrique, un  peu surréaliste sans doute, mais captivant de découvertes. De quoi prendre du plaisir et aller jouer au spécialiste en littérature africaine auprès de ses amis !
*Lire l’Afrique, anthologie. Préface de Tierno Monénembo. Ed. du Tell, Blida, 2010.
 
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