Algérie

Voyage au pays de la terre qui bouge et des « alcooliques » du travail



Observées du ciel, Tokyo et ses proches banlieues ne laissent presque rien paraître de leur immensité ou de leurs charmes. Le désappointement est accentué à la vue de paysages de terres inondées par les eaux qui défilent sans discontinuer derrière le hublot de l'avion. Assez surprenant, le spectacle ne va pas sans rappeler les décors de désolation offerts par les contrées du Bangladesh au lendemain d'une tempête. Tokyo et Yokohama (Japon) : De notre envoyé spécial Plutôt quelconque, l'aéroport international Narita de Tokyo n'attise particulièrement pas aussi l'envie d'aller plus loin dans la découverte du Japon. Invité à remplir un formulaire kilométrique dans lequel il doit donner une foultitude de renseignements, le visiteur retient de son premier contact avec les Tokyoïtes (les habitants de Tokyo) l'image de gens, a priori distants, voire méfiants vis-à-vis des étrangers. Ils paraissent également obsédés par la sécurité et peu portés sur les langues étrangères'un peu comme tous les peuples insulaires fiers et jaloux de leurs parlers. Au pays du Soleil-Levant, il est bien difficile d'ailleurs d'évoluer sans la présence permanente d'un interprète professionnel. Jouer au solitaire au Japon, c'est assurément prendre le risque de s'égarer même en ayant une bonne carte entre les mains. Aussi, est-il rare de rencontrer un étranger en train de vadrouiller seul dans Tokyo. Le service irréprochable de la compagnie aérienne japonaise et la gentillesse de son personnel navigant contraignent néanmoins à atténuer les critiques à l'égard de ce pays et de ne pas tomber trop vite dans le piège des vieux clichés traînant encore aux basques de l'Asie. Dans le cas du Japon, il est vivement recommandé de ne pas trop se fier à la première impression ou au premier contact pour se forger une opinion sur les Japonais.La preuve ' L'impression de vide et de désolation laissée par la vue aérienne de Tokyo et le sentiment d'inhospitalité ressenti à l'arrivée s'évaporent progressivement au fur et à mesure que les navettes de transport avalent la soixantaine de kilomètres séparant l'aéroport Narita de la capitale japonaise. L'entrée dans Tokyo (la ville la plus grande au Japon) par la voie rapide surplombant une partie de sa magnifique baie offre un paysage urbain si impressionnant et si déroutant que celui-ci finit par avoir en grande partie raison des appréhensions du début et faire oublier les contraintes bureaucratiques et sécuritaires imposées aux voyageurs depuis le 11 septembre 2001 dans les aéroports de la majorité des grandes capitales du monde. Constituée de forêts, de buildings et de gratte-ciel d'une incroyable densité et s'étalant à perte de vue, Tokyo avec ses 13 millions d'habitants - auxquels il faut rajouter les 10 millions de personnes qui y viennent chaque jour pour y travailler - est une ville qui n'a pas de centre-ville' Comme pour marquer sa différence avec les autres grandes mégapoles de la planète, elle s'est offert le luxe d'en avoir plusieurs. Une dizaine d'arrondissements composent la partie la plus vivante de la capitale japonaise. Chaque centre a ses spécificités propres. Ce sont donc autant de « Tokyos » à visiter. L'autre caractéristique de Tokyo est ce mélange étonnant entre l'architecture ultramoderne des immeubles, sur les grandes avenues, et celle traditionnelle des maisons japonaises cachées derrière les grandes artères. Cette coexistence entre les symboles de l'Occident et de l'Extrême-Orient donne à Tokyo ce charme spécial et déroutant à la fois que le visiteur étranger ne manquera pas d'apprécier.Le savant mariage du beau, de l'utile et du fonctionnelParler des caractéristiques architecturales de la ville de Tokyo amène inévitablement à constater que l'une des principales préoccupations des Japonais est de construire beau, certes, mais surtout utile. Dans les immeubles, aucune superficie n'est perdue. Chaque espace est utilisé pour des fonctions souvent inattendues pour un Méditerranéen. Ainsi, les espaces vides sous les autoroutes suspendues du centre-ville sont souvent transformées en grands magasins et les toits des hangars géants des entreprises se voient supporter les terrains de tennis des écoles. Il n'est pas rare, par ailleurs, de trouver une autre école de conduite automobile posséder un circuit d'entraînement sur les toits d'un grand supermarché. Le spectacle est tout simplement renversant. Mais cette frénésie pour la « gestion millimétrée » de l'espace s'accepte et se comprend lorsque l'on sait que le foncier et le logement coûtent excessivement cher au Japon.Selon un dicton local, « il faut 3 générations pour devenir Tokyoïte ». Cet adage résume à lui seul les difficultés que peut rencontrer un étranger pour s'intégrer à Tokyo. Néanmoins, il existe un endroit où les visiteurs, africains notamment, peuvent lutter contre la nostalgie. Il s'agit du quartier de Shibuya, célèbre pour sa gare (la troisième du pays) et qui se trouve être le lieu le plus vivant de Tokyo. La grande place, située juste devant la gare, est dominée par la tour Shibuya 109, célèbre par son design original en forme de tube. On y trouve à l'intérieur des restaurants et de nombreux magasins de mode dont le très populaire Seibu Department Store. Mais, pour vraiment apprécier Shibuya, il faut oublier les emplettes et plonger à la nuit tombée dans la foule japonaise. Le dépaysement est garanti !La foule est certainement l'autre aspect le plus frappant de la capitale japonaise, particulièrement dans les stations de métro aux heures de pointe où il faut jouer des coudes pour parvenir à monter dans un wagon. Mais, en dehors des moments libres ou des fins de travail, la ville paraît comme déserte. La raison ' Elle est évidente. Etant, pour ainsi dire, des alcooliques du travail comme ils aiment à se définir eux-mêmes, les Japonais ne sont pas du genre à se contenter de faire uniquement leurs huit heures au bureau ou à l'usine. L'honneur ou l'esprit japonais veulent que l'on aille bien au-delà.A ce propos, il n'est pas du tout rare de rencontrer des personnes qui, non seulement, restent actives à un âge avancé, mais qui n'hésitent pas non plus à passer la moitié de leurs nuits à travailler pour arrondir leurs fins de mois. Rester inactif au Japon est considéré presque comme une honte nationale. Cela peut d'ailleurs expliquer pourquoi les SDF japonais se font les plus discrets possibles. Aussi, pour se donner le maximum de chances de décrocher un job, les chômeurs au Japon se transforment en espèces d'annonces ambulantes. Pour être visibles aux « chasseurs de têtes » ou recruteurs, ils arborent des costumes noirs portés avec des chemises blanches signifiant qu'ils sont en attente d'un emploi et qu'ils peuvent être sollicités à tout moment. En plus de leur goût prononcé pour le travail, les Japonais sont également des amoureux de l'écologie et de la nature. De nombreux parcs et jardins aèrent la capitale nipponne. Le plus important espace vert de Tokyo est le jardin du Palais impérial, le parc Higashi. C'est un jardin botanique superbement aménagé, où sont réunies les 250 000 espèces d'arbres venues de toutes les régions du Japon. Son équivalent à Yokohama, ville située dans la banlieue de Tokyo et qui a accueilli le 28 mai dernier les travaux de la 4e Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l'Afrique (TICAD IV), est le magnifique jardin traditionnel de style japonais Sankeien. Il a été dessiné par Sankei Hara (son vrai nom était Tomitaro Hara), un riche homme d'affaires dans le commerce de la soie. Le jardin a ouvert ses portes en 1906 et il couvre une surface de 180 000 m2 et renferme 7 bâtiments principaux provenant de Kyoto ou de Kamakura. Contrairement à Tokyo, la ville de Yokohama est très cosmopolite où l'on peut s'y intégrer non pas en trois générations, mais en trois jours au maximum. La gentillesse et l'hospitalité de la population de Yokohama sont tout simplement extraordinaires. Tout comme d'ailleurs dans les autres villes du Japon où le respect de l'étranger apparaît comme une valeur profondément ancrée.


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