Algérie

«Vous détenez une véritable arme entre les mains»


«Vous détenez une véritable arme entre les mains»
«La presse sportive et ce que devrait être son rôle dans la lutte contre la violence dans les stades», tel a été le thème du débat qui a eu lieu hier matin à la salle de conférences du stade 5-Juillet et initié par l'Organisation nationale des journalistes sportifs algériens (ONJSA). L'évènement a été rehaussé de la présence du ministre de la Communication, Hamid Grine, qui a tenu à donner son vis sur la question devant un imposant parterre de journalistes.Il faut dire que le ministre se retrouvait au sein de sa propre famille pour avoir été lui-même, pendant longtemps, journaliste sportif. Cette conférence-débat intervient alors que l'actualité portant sur le décès dans un stade algérien du joueur camerounais Albert Ebossé est encore brûlante. Un drame où on a cherché à responsabiliser la presse laquelle, par ses écrits ou ses déclarations à la radio ou à la télévision, contribuerait à attiser la flamme.Du reste, cette affaire Ebossé a soulevé le problème de la violence tout court au sein de la société algérienne, violence qui ne saurait être confinée au seul stade. C'est à ce sujet qu'un Conseil interministériel présidé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a eu lieu dimanche après-midi, conseil auquel a participé Grine, qui a révélé à l'assistance hier matin les décisions qui ont été prises en ce qui concerne son secteur, à savoir lancer à travers les médias une large campagne de sensibilisation de la population afin d'amener les gens à prendre conscience de la gravité du phénomène et à agir à leur niveau pour, sinon le résorber en entier, du moins le réduire.Dans son discours d'hier matin, Grine a relevé que «l'opinion publique a souvent une image négative du journaliste sportif et ce qui est regrettable c'est que c'est ce journaliste lui-même qui la véhicule. J'ai remarqué, par exemple, que de nombreux journalistes sont spécialisés dans des clubs donnés. Ils suivent de près l'actualité de ces clubs et sont au courant de tout ce qui s'y passe. A la fin, ces journalistes deviennent des supporters parfois fanatiques de ces clubs. Leurs articles ne répondent à aucune logique car ils deviennent les journalistes attitrés des clubs en question.Leurs écrits sont souvent outranciers. Il y a deux raisons à ce phénomène. La première est d'ordre passionnel alors que la seconde répond à des considérations commerciales. Or la passion déshumanise parfois l'homme. C'est une maladie de l'âme. On peut aimer un club mais pas à l'excès. Il y va de la crédibilité de l'individu et de sa responsabilité. On écrit quelquefois n'importe quoi sans se soucier de savoir si les écrits font du mal ou non.On s'attaque ainsi à la vie privée des gens sans savoir que l'on peut pousser au drame. Il y a une éthique qui n'est plus respectée et force est de reconnaître que cette entorse est surtout du fait de la presse sportive. La responsabilité du journaliste sportif est plus importante que celle de ses collègues des autres rubriques parce qu'il est plus lu qu'eux. Je ne cherche pas à généraliser et à enfoncer cette presse. Quelques-uns des plus grands journalistes algériens se recrutent dans le milieu du sport. Ce que vous devez savoir, c'est que vous êtes des faiseurs d'opinion et que vous tenez entre les mains des charges explosives. C'est à vous de savoir les manier pour qu'elles ne provoquent pas de drame.Albert Ebossé est mort et on a pointé du doigt la presse. Cela est exagéré mais on ne saurait taire le fait que les journalistes peuvent avoir un rôle dans l'endoctrinement des supporters.»La suite de la conférence a donné lieu à des interventions de journalistes qui, pour la plupart, ont reconnu que la presse sportive est un élément incontournable de la vie sportive dans ce pays mais qu'elle ne saurait, en aucune façon, endosser la responsabilité de ce qui se passe dans et autour des stades. Pour ces confrères, la violence est d'abord un phénomène de société qui demande des prises de position radicales à la base, et ce, sans aucune complaisance. Leurs remontrances ont également touché les instances dirigeantes du football qu'elles estiment trop laxistes vis-à-vis de ce fléau. En somme, pour la majorité des journalistes, il ne faut pas essayer de détourner l'attention de l'opinion en se fixant sur les médias alors que la responsabilité de ce qui se passe dans nos stades incombe à d'autres.


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