Algérie

«Vous avez tort de mépriser les inquiétudes de l'Algérie »


«Lettre ouverte à ceux qui nous gouvernent ou prétendent à notre gouvernement», est l'intitulé de la lettre adressée par le Centre international de recherches et d'études sur le terrorisme et l'aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT) aux candidats à l'élection présidentielle, en France, et dont nous disposons d'une copie.
La situation au Mali et en Libye est citée avec interrogations et interpellations. Dans sa lettre, le CIRET-AVT, dirigé par Yves Bonnet, ancien patron de la DST (services secrets français), écrit «qu'avide d'une gloire 'napoléonienne', Nicolas Sarkozy, suivi comme son ombre de son hussard fidèle, Alain Juppé, n'a pas le c'ur de célébrer, à quelques jours du scrutin présidentiel, les hauts faits d'armes qui ont jeté un dictateur sanguinaire et porté la démocratie sur les rivages de Syrtes».
Le CIRET-AVT rappelle le témoignage fait, par ce centre et le Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), dirigé par Eric Denécé, avec le déplacement à Tripoli et Benghazi, l'année dernière, au plus fort de la bataille. Un constat d'échec de l'intervention militaire étrangère dans ce pays, selon le CIRET-AVT et CF2R. Les deux centres évoquent, après cette intervention,
«les divisions d'une opposition multiple, patchwork de monarchistes, de démocrates, d'anciens séides de Kadhafi, de fondamentalistes salafistes et de 'soldats' d'Al-Qaïda sur fond d'une population hétérogène, fragmentée en tribus rivales et jalouses de leur identité et, par voie de conséquence, le retour à l'anarchie au sens propre, c'est-à-dire l'absence d'Etat».
Les deux centres insistent sur «la présence plus qu'inquiétante d'Al-Qaïda» dans ce pays, favorisée par l'intervention militaire de l'Otan. Ils évoquent, également, «les trafics d'armes et les détournements vers l'Afrique subsaharienne de quantités impressionnantes d'armements et de munitions». La lettre du CIRET-AVT et CF2R, datée du 10 avril, rappelle que toutes ces réalités sont contenues dans le livre intitulé Libye, un avenir incertain,
écrit par des membres des deux centres. Les deux centres écrivent, dans la lettre : «Souvenons-nous encore : les sages recommandations de l'Union africaine balayées d'un revers de main par les Occidentaux, les inquiétudes de l'Algérie méprisées, et, six mois plus tard, notre appel, «l'appel d' Alger», vilipendé par les soi-disant spécialistes du terrorisme quand nous déplorions que la France et l'Algérie ne se soient pas concertées sur l'attitude à prendre en Afrique francophone et la réponse aux agissements d'Al-Qaïda au Maghreb islamique». Le CIRET-AVT et le CF2R
ajoutent que c'est «la faute à la France qui ne cesse de cultiver la méfiance envers ce pays émergent, bien géré et solide sur ses bases démocratiques». «Mais nous n'avions pas encore tout vu : alors que le feu est dans cette Afrique, où nous avons tant investi, dans tous les sens du terme, notre boutefeu en chef, Alain Juppé, déclare que la France n'interviendra pas au sud du Sahara,
alors que des accords d'assistance mutuelle nous lient à ces pays ; ce qui revient à dire que, non seulement nous nous sommes mêlés au Maghreb de ce qui ne nous regardait pas, mais que nous ne tiendrons pas nos engagements là où ils existent : admirable attitude, conforme à l'honneur et à la vérité dont, curieusement, personne ne souffle mot en pleine campagne électorale»,
est-il écrit dans la lettre. «Nous en appelons solennellement à vous tous qui briguez la magistrature suprême (élection présidentielle française ) et n'avez pas un mot pour le Mali, menacé dans son existence et son essence, qui détournez le regard des avancées des pires fanatiques «religieux» d'un islam défiguré, nous vous demandons si la France va encore longtemps se détourner
du seul pays du Maghreb qui ne soit pas aux mains des islamistes et se démarquer de ses engagements internationaux vis-à-vis d'un autre pays proche et ami pour le laisser sombrer dans un naufrage «à la libyenne»', s'interrogent le CIRET-AVT et le CF2R, à travers la lettre. «M. Sarkozy et M. Juppé, qui dégainez aussi facilement sur les bords de la Méditerranée, quelle soudaine pusillanimité vous frappe-t-elle en Afrique '», s'interrogent, encore, les deux illustres centres de recherches.


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