Vote historique à New York: la Palestine, Etat non membre permanent à l'Onu

Deux tiers des pays représentés aux Nations unies ont voté hier la reconnaissance de la Palestine comme un « Etat non membre » de l'Onu. C'est un franc succès diplomatique obtenu par le président Mahmoud Abbas qui a résisté à d'intenses pressions américaines pour lui faire renoncer à sa demande.
Les pressions américaines n'ont pas dissuadé le président de l'Autorité Palestinienne de persister dans sa demande, ni les marchandages britanniques qui demandaient aux palestiniens de s'engager à ne pas saisir la Cour Pénale Internationale. Le vote de l'Assemblée Générale qualifié « d'acte de naissance » par Mahmoud Abbas et de «victoire » par le Hamas va été acquis par 138 voix pour dont 9 contre (Canada, République tchèque, Iles Marshall, Micronésie, Nauru, Palau, Panama) et 41 abstentions. Les Européens ont voté en ordre dispersé: France, Italie, Espagne, Suède notamment se sont prononcés en faveur, de même que la Turquie et la Suisse. Le Royaume uni et l'Allemagne se sont abstenus. La Russie et la Chine ont voté pour. Il y a 193 pays membres de l'Onu. Ce nouveau statut ne change pas la réalité sur le terrain mais il donne aux palestiniens accès aux agences de l'Onu et permet, c'est un des principaux soucis d'Israël et de ses soutiens, de saisir éventuellement la Cour Pénale Internationale. C'est la « dernière chance de sauver la solution à deux Etats" (Israël et un Etat palestinien) » a déclaré Mahmoud Abbas en promettant de tenter de «tenter de ranimer les négociations". "Le temps presse, la patience s'épuise et l'espoir s'amenuise", a indiqué Mahmoud Abbas qui aura résisté aux menaces de sanctions financières émises par les Etats-Unis et Israël. Pour les observateurs, le chef de l'Autorité Palestinienne, déjà fragilisé au sein de l'opinion pour avoir été le défenseur d'un processus de négociation vain, aurait signé son « arrêt de mort » politique s'il avait cédé aux pressions américaines.
L'option politique sans résistance est sans issue
La dernière agression israélienne contre Ghaza a conforté de nombreux palestiniens sur le fait qu'une option politique qui se prive du « droit à la résistance » est sans issue. Mahmoud Abbas a réitéré l'exigence minimale des Palestiniens qui n'accepteront « rien de moins qu'un Etat de Palestine indépendant avec Jérusalem-est comme capitale, sur tout le territoire palestinien occupé en 1967, vivant en paix et en sécurité aux cotés de l'Etat d'Israël". Le Hamas s'est félicité pour sa part d'une « nouvelle victoire sur le chemin de la libération de la Palestine" et la considère « comme succès unitaire qui suscite la joie au sein de notre peuple". Le bureau de Benjamin Netanyahu a publié un communiqué dénonçant une « décision insensée qui ne changera rien sur le terrain". Les Etats-Unis par la voix d'Hillary Clinton ont qualifié la résolution de contreproductive qui « met davantage d'obstacles sur le chemin de la paix". La solution passe par « Jérusalem et Ramallah et non par New York » a affirmé Hillary Clinton dont le pays a systématiquement usé du droit de véto pour s'opposer aux résolutions du Conseil de sécurité. Le Congrès américain, sous influence de puissants lobbies israéliens, pourrait sanctionner les palestiniens en refusant une aide de 200 millions. La Ligue arabe a promis de compenser par un « filet de sécurité » de 100 millions de dollars par mois.

L'Algérie se félicite et appelle les palestiniens à l'unification des rangs
L'Algérie se félicite de l'octroi, par l'ONU, de la qualité d'Etat observateur non-membre à la Palestine, a indiqué jeudi soir le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Amar Belani, dans une déclaration à l'APS. "L'Algérie se félicite de l'adoption par l'Assemblée générale des Nations unies, a une large majorité, de la résolution octroyant à la Palestine le statut rehaussé d'Etat observateur non-membre", a indiqué M. Belani. "Nous nous réjouissons de cette brillante victoire diplomatique qui, intervenant 65 ans après le plan de partition de la Palestine et 24 ans après la proclamation solennelle de l'Etat de Palestine par le conseil national palestinien à Alger, augure de nouveaux succès dans le combat héroïque que mène le peuple palestinien pour recouvrer ses droits inaliénables", a ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. En cette heureuse occasion qui coïncide avec la journée mondiale de solidarité avec le peuple palestinien, a-t-il affirmé, "nous réitérons le soutien indéfectible et inconditionnel de l'Algérie à la cause juste du peuple palestinien frère et nous lui adressons nos félicitations les plus vives et les plus sincères pour cette percée historique sur le chemin de l'édification d'un Etat palestinien indépendant et souverain sur la base des frontières d'avant 1967 avec El-Qods pour capitale". Le gouvernement algérien a, en outre, exhorté par la même occasion, l'ensemble de la classe politique palestinienne à "'uvrer sincèrement et avec détermination en faveur de la réconciliation et de l'unification des rangs pour faire triompher les aspirations historiques et le droit légitime du vaillant peuple palestinien à l'autodétermination et à l'indépendance". (aps)
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