Algérie - Souahlia


MASSIF DES SOUAHLIA

LOCALISATION .
Le massif volcanique des Souahlia occupe la partie centrale du massif des traras. Il s’étale de part et d’autre de la grande voie d’accès naturelle qui relie entre les villes de Ghazaouet et de Nedroma
Les vestiges de l’activité volcanique de ce massif s’étendent sur 25 km de côte, entre le Ras Kela à l’ouest et la mersa Sydna Youcha à l’est de Ghazaouet, et sur une vingtaine de km au sud de cette ville. Ce massif, auquel on serait tenté de rattacher géographiquement les formations basaltiques du douar Beni Mengouch, crée dans la topographie une zone de plateau d’altitude moyenne ouverte sur la mer, et entouré par ailleurs de régions montagneuses aux reliefs très accentués.
La séparation entre le massif des Souahlia et celui des M’sirda Fouaga à l’ouest, est marqué par l’apparition des reliefs anciens du djebel Zendal et de l’oued Kouarda. Ce cours d’eau représente pratiquement la limite occidentale de ce massif. Seul, le gisement très particulier du Ras Kela est situé sur la rive gauche. Au sud, les manifestations volcaniques sont entièrement séparées de celle de la moyenne Tafna par la crête du fillaoussène, et à l’est , l’énorme masse primaire et secondaire de la région montagneuse des traras l’isole très nettement des épanchements de la basse Tafna. Le massif des Souahlia est remarquable, non seulement par sa parfaite individualité géographique, mais encore par la grande homogénéité des laves émises. Quel que soit le type de dynamisme dont il sera possible de retracer l’histoire, les épanchements sont toujours caractérisés par leur faciès basaltique. Ce caractère tranche assez fortement avec la nature du massif des M’Sirda Fouaga situé à quelques km plus à l’ouest, et justifie une séparation qui pourrait paraître factice du point de vue géographique.
Tout ceci contribue à donner au massif des Souahlia une physionomie qui le rattache plus nettement aux gisements analogues de la basse Tafna ou d’Aïn Temouchent qu’aux deux autres massifs qui font, avec lui, partie intégrante des « traras » pris dans le sens large.

CARACTERES GEOLOGIQUES ET GEOMORPHOLOGIQUES DU MASSIF
Les formations basaltiques des Souahlia déterminent dans la topographie de vastes plateaux établis à l’altitude 200 à 250 m et entaillés par plusieurs oueds côtiers (fig. N° 27). Ceux-ci peuvent donner quelques belles coupes des terrains volcaniques assez dépourvus d’affleurements en surface. L’oued el Hammam et son prolongement l’oued Taïma déterminent dans le centre du massif une entaille WSW, ENE, d’une centaine de mètres de profondeur, q’emprunte la route de Martimprey à Nedroma .Un brusque changement de direction de l’oued Taïma donne, dans une partie terminale de son cours, une coupe nord-sud du même gisement.
La monotonie générale du plateau est rompue localement, par quelques faibles reliefs de scories, vestiges d’anciens cônes plus au moins démantelés par l’érosion. Les points culminants sont les suivants :
El Koudia 444 m
Le pointement du dar feddan Sellah, 330 m ;
Le Zakoura, 502 ;
El azzoussa, 475 m, etc.
Comme dans tous les massifs basaltiques de la Zone côtière oranaise, les appareils volcaniques, bien que relativement récents, sont parvenus à un état avancé de vieillesse. Les reconstitutions sont généralement difficiles et ne peuvent se faire que sur des lambeaux plus au moins espacés et sur des affleurements partiellement dissimulés par la terre arable.
Le massif basaltique des Souahlia peut se diviser en plusieurs centres d’activité importants, comprenant chacun, un ou plusieurs volcans. On peut distinguer en particulier :
- l’ensemble volcanique de Sidi Mohammed bou Ziane, situé au sud-est de Ghazaouet et essentiellement constitué de deux volcans jumelés ;
- l’ensemble du douar souahlia qui comprend le volcan principal d’El Koudia et plusieurs volcans secondaires au sud de la route Martimprey-Nedroma (volcan du dar Feddam Sellah, volcan de sidi Ayad, Volcan du Zakoura) ;
- l’ensemble volcanique de l’oued Kouarda, principalement développé sur le flanc sud du djebel Ali Ben Sala. Les épanchements contournent cette arête et longe la rive droite de l’oued pour se terminer en falaise.
Indépendamment de ces grands ensembles, il existe quelques unités isolées qui peuvent correspondre à des modes de mise en place sensiblement différents :
le pointement de Ras Kela, quelques filons excentriques mis à jour à travers les formations sédimentaires, et la daya de Tigraou sont, à ce titre, les plus caractéristiques.
Les émissions basaltiques du massif des Souahlia correspondent généralement à des manifestations de type Strombolien. Elles sont caractérisées par l’édification de cônes de scories, qui renferment en abondance des fragments de bombe à stries hélicoïdales, et par des venues de lave très fluides qui se sont répandues en grandes coulées de plusieurs kilomètres de long.
La nature des produits pyroclastiques confirme encore le caractère strombolien de ces éruptions. Ils ne renferment le plus souvent que des scories et des bombes ; les projections fines, tufs et cinérites sont au contraire relativement rares.

a) Les cratères

Au stade actuel d’érosion, seulement deux cratères sont reconnaissables par leurs formes extérieures ; ce sont les deux volcans jumelés de sidi Mohamed Bou Ziane. Leur dépression centrale est drainée vers l’extérieur par deux ravins parallèles, affluents de rive droite de l’oued Tlata. L’ouverture ainsi créée donne à ces appareils une morphologie de volcans égueulés, mais comme dans les cas précédents, il ne s’agit pas là d’un égueulement originel mais d’une destruction secondaire, témoin du stade de vieillesse des reliefs volcaniques.
Le plus souvent, l’existence de l’ancien cratère n’est plus marquée que par un piton de scories. Mais par l’exemple fournit par le sommet El Koudia, la stratification des niveaux scoriacés qui constituaient le cône est encore apparente.
Le volcan du djebel Ali Ben Sala paraît représenter un stade extrême de l’érosion d’un cratère.
Les vestiges de ce que pouvait former le cône sont localisés sur les flancs septentrionaux et méridionaux de la chaîne calcaire du djebel Ali Ben Sala. Les affleurements du flanc sud sont stratifiés avec un pendage sud, mais il n’existe aucun pointement qui puisse, par sa nature et sa position, correspondre de façon certaine à la cheminée du volcan.
Parmi les différents types de cratère, il convient de signaler enfin l’existence d’un cône secondaire établi sur les émissions du volcan d El Koudia ; sans affecter sensiblement la disposition tabulaire des coulées, le cratère adventif du Dar Feddan Sellah, qui correspond à cette définition, se traduit dans la topographie par un petit pointement de scories, riches en bombes basaltiques de type strombolien.

b) les filons
Contrairement à ce que l’on peut remarquer dans le volcanisme andésitique, la mise
en place de laves sous forme de filons n’est qu’exceptionnelle. Les seuls exemples de ce type sont constitués par deux affleurements basaltiques traversant les calcaires secondaires, au sud du djebel el Arkal, par un pointement dans l’oued el Arkoub à l’ouest de Nemours, et par un dyke d’importance plus grande qui apparaît à 8 km à l’ouest de Nedroma, au confluent du chabet dar el Beida et du chabet bou Serdoune.
Les premiers sont en relation avec un petit gisement de scories qui peut être rattaché à l’ensemble volcanique de sidi Mohamed bou Ziane. Ils doivent donc,au même titre, être attribués à l’activité volcanique de ces appareils.
Le pointement de l’oued el Arkoub, connu depuis les travaux de J. Curie et G. Flamand (1890) se présente sous forme d’un dyke de quelques mètres d’épaisseur qui recoupe les formations miocènes fortement bouleversées à son contact. De même, le gisement de chabet bou Serdoune est un filon qui paraît complètement indépendant des autres appareils. Il dessine une bande continue dirigée Est- Ouest sur environ 1 km, sa largeur moyenne est de l’ordrede 100 m. Il recoupe les formations miocènes conglomératiques en provoquant une rubéfaction sur les épontes.

c) les coulées

Suivant les volcans considérés, les coulées peuvent présenter des caractères très différents. Les deux cas extrêmes sont fournit par le volcan d’ El Koudia d’une part, et le cratère adventif du dar Feddan sellah d’autre part.
Les coulées du volcan d’El Koudia sont importantes par leur nombre et par le volume des laves émises. Elles sont répandues aussi bien au nord qu’au sud, et ont recouvert de larges superficies. L’entaille faite par l’oued Taïma qui donne une coupe complète du plateau volcanique jusqu’au substratum sédimentaire, montre la superposition de cinq coulées séparées par des niveaux réguliers de scories. Les laves ont été émises sur une topographie analogue au modelé actuel,et se sont épanchées en grandes coulées de plateau (ph.1, pl XIX ).
A l’opposé le volcan du dar Feddan Sellah paraît ne s’être manifesté que par une activité explosive, probablement de très courte durée, et il ne semble pas que l’on puisse lui associer de véritables coulées.
Ce mode d’activité paraît se présenter, dans le cadre d’un volcanisme actif tel que celui de l’île de la Réunion ( A. Lacroix, 1936) comme un phénomène analogue à la formation de conelets de laves ou de scories visibles sur les grandes coulées.
Les divers appareils volcaniques du massif des Souahlia se placent entre ces deux exemples extrêmes. Ils n’ont généralement donné que des coulées en nombre réduit et parfois unique.
L’orientation des coulées révèle l’existence de directions privilégiées. Les trois volcans de la portion et du massif, le volcan de Sidi Daoud et les appareils jumeaux de sidi Mohamed Bou Ziane ont émis des coulées parallèles, en direction nord-est.
Ces épanchements se situent donc à l’opposé de l’échancrure actuelle du cône, ce qui confirme l’interprétation précédente sur l’origine de cette topographie. Cette direction se retrouve aussi dans les coulées de volcans plus éloignés comme celui du Zakoura.

APPAREILS VOLCANIQUES PARTICULIERS
Parmi tous les appareils volcaniques de ce massif, deux d’entre eux paraissent se distinguer entièrement des autres ; ce sont le pointement de Ras Kela et la daya de Tigraou.

a) pointement du Ras Kela

Il possède une forme grossièrement triangulaire, et apparaît en falaise sur la rive gauche de l’oued Kouarda. Deux des côtés de ce gisement sont dégagés par la mer, le troisieme est recouvert par les formations quaternaires des M’Sirda Thata.
La partie centrale est formée d’une brèche basaltique riche en fragment anguleux de nodules à olivine. Elle est sillonnée par plusieurs par plusieurs filons de lave massive.
La partie périphérique, parfaitement visible grâce à la destruction partielle du pointement, est formée par une couronne de lave massive de 1 à 2 m d’épaisseur qui, verticale à l’origine, passe latéralement à une coulée régulièrement étalée sur les formations sédimentaires et les tufs avoisinants.
Les ravinements de la couverture quaternaire permettent d’observer la continuité de cette coulée jusqu’à plus de 1 km à l’intérieur des terres.
Le Ras Kela correspond donc à un type d’appareil volcanique particuler à plusieurs titres :
- il montre, pour une lave basaltique, le passage d’un neck caractéristique à une coulée de type laccolitique ;
- il prouve que dans cette région, des coulées basaltiques de certaines ampleur ont pu se mettre en place sans entraîner la formation d’une superstructure volcanique.
- La structure du neck souligne l’importance relative des brèches et des laves massives dans les appareils de ce genre ;
- La périphérie du pointement est formée de lave massive en contact avec la roche encaissante sans interposition d’une brèche de friction.
- La continuité entre les laves massives du piton et les coulées voisines montre, enfin, qu’il est possible d’alimenter des épanchements importants à partir de fissures actives qui ne dépassent pas quelques mètres d’épaisseur.
La disposition du gisement de Ras Kela peut fournir une illustration parfaite d’un mode de mise en place, que nous avons qualifié de fissural et donné comme hypothétique pour certains gisements basaltiques de la moyenne Tafna. Il se retrouvera pratiquement identique à lui-même dans une cheminée ouverte en falaise à l’est de Beni Saf. Cet exemple peut enfin servir à expliquer le dôme basaltique du koudiat Hachiet Bou Rekia, et les grandes émissions de cap Kelah, pour lesquelles aucun cratère n’a jamais pu etre mis en évidence.

b) la Daya de Tigraou


-La daya de Tigraou est une dépression circulaire d’environ 1km de diamètre, située à environ 7 Km au SW de Nemours. Elle crée par rapport aux parements rocheux qui l’entourent, une dénivellation de 75m, et possède morphologiquement tous les caractères des dayas, tels que l’on peut les observer dans le massif d’AÑ—n Témouchent.
L’originalité de cet appareil qui, en raison de ces analogies d’aspect, fut décrit par R. Tinthoin (1948), comme petit cratère égueulé du Tigraou, tient au fait que, sur les quatre cinquièmes de sa périphérie, la cuvette est entaillée dans les calcaires secondaires qui peuvent localement avoir une structure bréchique.
La bordure nord-ouest de la cuvette légèrement déprimée laisse apparaître une coulée basaltique qui s’étend sur environ 2 km d’est en ouest (région d’El Kodia), et se raccorde par le sud aux scories basaltiques du dar el Ksar (fig. n°28). D’après son orientation et sa morphologie, cette coulée doit appartenir à un volcan aujourd’hui disparu, situé approximativement sur l’emplacement actuel des scories du dar el Ksar. L’épanchement de ce volcan vers le nord, canalisé entre les reliefs calcaires du Tigraou et de ben Zahni, s’est répandu ensuite plus largement, débordant par le NW la cuvette de Tgraou.
Dans cette interprétation, il ne subsisterait aucune déjection volcanique qui puisse logiquement être attribuée au Tigraou malgré sa morphologie volcanique typique. Il est alors permis de voir en cette cuvette un exemple unique dans le littoral oranais, mais connu aussi bien dans le Massif central français que dans l’Eifel, d’un volcan avorté dont l’activité, amorcée par une explosion intense, n’aurait été suivie d’aucune émission de lave. La phase explosive aurait aménagé dans les calcaires, taillés à l’emporte-pièce, un véritable cratère d’explosion aujourd’hui partiellement comblé et transformé en daya.
A l’encontre de cette interprétation, on pourrait attribuer cette structure soit à un phénomène indépendant de toute manifestation éruptive (phénomène karstiques par exemple), soit, d’après R. Tinthoin, à un volcan complet entièrement érodé.
L’existence des brèches calcaires, la régularité de la cuvette et l’importance de la dénivellation sont autant d’arguments qui éliminent ces hypothèses.
A la lumière des nombreux types de volcans observés sur le littoral oranais, on peut en effet assurer qu’il n’existe pas d’appareil, aussi érodé soit-il, dans lequel puisse être conservé la dépression centrale, sans qu’il ne subsiste alentour le moindre vestige de coulée ou de formation pyroclastique. De plus, si l’on tient compte du débordement par la coulée du dar el Ksar, on doit admettre que le volcan du Tigraou était entièrement érodé avant l’épanchement.
En conséquence, la cuvette du Tigraou ne peut s’expliquer que par un phénomène volcanique, phénomène limité à une simple phase explosive. Elle représente un exemple de volcan avorté unique dans le littoral oranais, et ajoute un type supplémentaire à la variété des formes volcaniques observables dans cette zone.

AGE DU VOLCANISME

Dans le massif des Souhalia, l’âge du volcanisme vient à l’appui de la distinction faite entre les déjections de la région de Nemours et celles parfois analogues du massif des M’Sirdar Fouage. Alors que dans le massif précédent les émissions basaltes des Sou alia ne sont jamais surmontés que par des formations quaternaires.
Les relations avec les terrains sont souvent difficiles à saisir. J. curie et G. flamand (1890) ont signalé le bouleversement des sédiments helvétiens au contact du filon de l’oued el Arkoub. Le dyke du chabet bou Serdoune recoupe et métamorphise les formations conglomératiques miocènes, sensiblement de la même époque. Enfin, le substratum de l’oued TaÑ—ma sur lequel repose foute la série volcanique du cratère d’El Koudia, est constitué par des grès massifs et des passées sableuses assimilables au « deuxième étage méditerranéen ».
Les imprécisions restent nombreuses. L’absence d’étude stratigraphique fine, dans cette région, nous oblige à de nombreuses réserves quant à l’âge de ces manifestations. Il n’en reste pas moins que, comparées aux émissions de la région voisine elles se situent dans une époque sensiblement plus récente et jusqu’à plus informé. Peuvent être considérées comme appartenant à la fin du Miocène supérieur, ou aux temps les plus reculés du Quaternaire.


ETUDE DES MATERIAUX
Comme le laissaient entrevoir les observations de terrain, les matériaux du massif volcanique des Souhalia s’vèrent d’une grande homogénéité. Ils appartiennent tous à un type basaltique unique dans lequel les distinctions possibles ne dépassent pas, en importance, la simple particularité minéralogique.
L’étude des échantillons en nombre limité permettrait de distinguer des faciès distincts, caractéristiques de telle partie du massif, et pourrait laisser entrevoir une éventuelle classification. Mais avec la multiplication du nombre des plaques minces, ces distinctions perdent, en partie, leur intérêt. L’existence de tous les stades intermédiaires et la répartition désordonnée des différents types au sein d’un même appareil suppriment, en effet, toute possibilité de corrélation entre les caractères intimes des roches et leur position régionale. Elles constituent cependant, du point de vue pétrographique, les seules divisions possibles et justifient, à ce titre, leur utilisation dans une étude descriptive.

COMPOSITION MINERALOGIQUE
a) CARACTERES GENERAUX

Massives ou scoriacées, les laves du massif des souhalia sont des roches noires à brun rougeâtre généralement dépourvues de phénocristaux visibles macroscopiquement. Lorsqu’ils existent, ils ne sont représentés que par des pyroxènes ou par de l’olivine .l’absence d’éléments feldspathiques de grande taille est un caractère constant commun à tout les massifs basaltiques de cette région, mais particulièrement marqué dans ce cas.
Au microscope, la roche la plus courante courante contient un résidu vitreux non négligeable. Les phénocristaux de petit sont représentés par de l’augite incolore et de l’olivine (ph. I, pl., XX). Dans centaine cas, sans que cela constitue un type lithologique différent, on rencontre en outre des hénocristaux de hornblende totalement transformés en agrégats d’augite st d’oxydes opaques. Dans se cas, les phénocristaux d’augite plus abondants paraissent légèrement titanifères, et possèdent une coloration volette. L’olivine est toujours partiellement transformée en iddingsite. La néoformation donne lieu à un monocristal orienté sur l’édifice cristallographique du minéral initial, au Ng de l’olivine correspond le Np de l’iddingite. Le passage d’une espèce minérale à l’autre se fait de façon progressive par l’intermédiaire d’un liseré monoréfringent.
Dans le type basaltique le plus représentatif du massif, les feldspaths ne donnent jamais de phénocristaux. Par contre, la pâte renferme en abondance des microlites de plagioclases de 65 à 75% d’An, accompagnés de microcristaux de magnétite, d’augite et d’olivine, ces derniers sont toujours totalement transformés en iddingsite.
La texture traduit toujours assez nettement la fluidalité. Ce caractère s’accentue lorsque la taille des microlites feldspathiques augmente. Dans certains exemples, l’arrangement de la pâte tend vers une texture doléritique typique sans que la composition minéralogique en soit modifiée.
Les coulées et les formations pyroclastiques de ce type contiennent de nombreuses enclaves de un à plusieurs centimètres de diamètre. Les plus abondantes sont constituées, soit par des nodules à olivine et pyroxène, soit par un gabbro à hypersthène fortement transformé.

b) FACIES PARTICULIERS

Les types pétrographiques particuliers correspondent, par rapport au faciès le plus fréquent, soit à des modifications sensibles de la texture, soit à des changements dans la composition minéralogique.

a) Basalte aphyrique

Suivant la définition donnée par A. Lacroix (1936) (p. 188), ces roches possèdent les constituants minéralogiques du type normal, mais sont dépourvus de phénocristaux. Seuls les cristaux d’olivine peuvent avoir des dimensions légèrement supérieures à celles des microlites, mais l’existence de cristaux aux dimensions intermédiaires rend impossible la distinction des deux temps de cristallisation.
Ceci constitue une particularité fréquente dans les laves du djebel Ali Ben Sala.

b) Basalte limburgitique et limburgitique.

Les faciès limburgitique tels que nous les désignons ici correspondent toujours à des roches partiellement vitreuses dans lesquelles peuvent exister à l’état virtuel une proportion non négligeable d’éléments feldspathiques. Elles sont caractérisées par l’extraordinaire abondance de l’augite et de l’olivine qui existent aussi bien en phénocristaux de grande taille qu’en microlites. Les plagioclases sont rares ou font entièrement défaut.
Si la distinction minéralogique est nette, l’existent des types intermédiaires et la présence constante de verre dans les échantillons dépourvus de feldspaths ne permettent pas de considérer ces roches comme provenant d’une venue particulière mais comme de faciès hétéromorphes et crypto morphes de la roche feldspathique normale.
Ces roches se rencontrent dans le volcan d’el koudia, sous forme de coulée dont les lambeaux recouvrent les vestiges du cône et dans le volcan du dar feddam sellah. Il est alors intéressant de notre la concordance minéralogique entre les laves émises par deux appareils qui, pour des raisons géomorphologique, nous ont paru étroitement liés l’un l’autre.
c)basanitoide analcimique (ph.i.pl.xx).
Les échantillons de basanitoide à analcime se distinguent macroscopiquement du type basaltique normal par la présence dans le fond de la roche, de nombreux cristaux globulaires d’analcime.
Ce minéral, parfaitement monoréfringent, se distingue du fond vitreux de la roche grâce à la présence constante de très fines inclusions de plagioclase et de pyroxène orientées parallèlement aux formes extérieures du minéral cubique.
Les caractères optiques seuls ne peuvent fournir dans ce cas, de critères de détermination suffisants, et une ambiguïté peut subsister entre leucite et anaelcim, mais la richesse de ces roches en Na2O et les réactions microchimiques qui mettent en évidence la présence de sodium confirment la nature de ce minéral et permettent de lever définitivement le doute.
Bien que les exemples ne soient pas assez nombreux pour généraliser. Cette observation, il semble qu’au faciès anaclitique sont associés de nombreux phénocristaux d’hornblende basaltique plus ou moins corrodés et transformés en minéraux de néoformation variés.
Les faciès analcimiques ne s’observent que dans quelques gisements du volcan d’El Kodiak. Devant l’uniformité des faciès macroscopiques, il est impossible d’affirmer s’il s’agit ou non d’un épisode bien déterminé des manifestations de ce volcan ; mais il est important de signaler ici l’existence d’un type lithologique particulier qui s’avérera fréquent sinon constant dans tous les autres massifs basaltiques.
d) Basalte porphyrique à plagioclases
les roches de ce type ont comme particularité de renfermer en abondance des phénocristaux de plagioclases associés aux phénocristaux habituels, augite et olivine partiellement transformée en iddingsite.
L’importance des plagioclases donne macroscopiquement à la roche un faciès d’andésite accentué par l’existence de petites enclaves homoeogènes feldspathiques telles qu’on en rencontre fréquemment dans les roches intermédiaires.
Elles appartiennent cependant, sans contestations possibles, aux roches gabbroÑ—ques en raison du pourcentage en anorthite élevé des plagioclases. Les résultats des mesures faites par les diverses méthodes concordent et donnent 70 à 72% d’An dans les feldspaths exprimés, microlites et phénocristaux non zonés.
Il existe de plus des phénocristaux zonés qui appartiennent à deux types principaux définis par F. Homma (1936). Les premiers sont des cristaux zonés normaux. La masse principale est constituée par un cœur calcique (An 65%) qui se modifie régulièrement sur la périphérie en un plagioclase acide (An 25%). Les autres sont de type « zonés oscillants ». Ils peuvent compter jusqu’à plusieurs dizaines de zones séparées par des limites nettes et possédant alternativement 55 et 65% d’anorthite.
Outre cette particularité cristallographique qui les distingue fortement des feldspaths les plus courants de ces laves, les cristaux zonés s’avèrent souvent altérés et corrodés de sorte qu’il est possible de voir en eux des constituants en allogènes de la roche au même titre que les fragments de quartz entourés de porricite.
Abstraction faite des phénocristaux feldspathiques, les basaltes porphyriques à plagioclases contiennent les mêmes constituants minéralogiques que les basaltes normaux. La pâte est composée de microlites de plagioclases, d’augite, d’olivine et de granules d’oxyde de fer. Il est à remarquer que malgré leur faciès andésitique, ces roches se sont montrées totalement dépourvues d’apatite qui est un constituant permanent des andésites vraies et des dacitoÑ—des de cette région.
Les basaltes porphyriques à plagioclases se rencontrent parmi les laves du volcan d’El Koudia et dans les coulées qui bordent au NW la daya Tigraou.



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