Algérie

Vol de cheptel



Vol de cheptel
Il ne se passe pas un jour sans qu'un éleveur se plaigne du vol de tout ou en partie de son cheptel.Selon les statistiques de la Gendarmerie nationale, allant de la période de janvier au 12 mai 2014, «les brigades ont récupéré près de 1300 têtes et procédé à l'arrestation de plusieurs malfaiteurs dans diverses régions du territoire national». Les éleveurs se trouvent otages entre les contrebandiers, les difficultés pour alimenter leur bétail et les maladies périodiques qui frappent leur cheptel. L'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCCA) compte dans ses rangs des éleveurs, même s'ils ne sont pas représentés dans une fédération. «De 150 à200 000 têtes sont volées chaque année. Mais ces derniers mois, avec le renforcement des frontières, la contrebande a reculé», avance Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCCA.Toutefois le vol et la contrebande ne cessent pas. «La qualité de la viande est appréciée chez les pays voisins. Cependant, le plus important à retenir c'est qu'au Maroc et en Tunisie, l'industrie et l'artisanat du cuir et de la laine n'ont jamais été abandonnées. En Algérie, la majorité des tanneries ont été fermées. Les contrebandiers répondent paradoxalement à une forte demande d'une manière criminelle», soutient M. Boulenouar. L'ex-secrétaire général de l'Organisation des fellahs indépendants, Gaïd Salah, explique pour sa part que «la confiscation des armes des éleveurs par les autorités au cours des années 1990 a encouragé le crime organisé à s'attaquer au cheptel dans l'impunité la plus totale».Il estime que «la solution passe en premier lieu par la restitution des armes et l'élaboration des lois pour dissuader les contrebandiers. Ces derniers, qui disposent de moyens logistiques, trouvent leurs forces dans la faiblesse des lois. Ils recourent à la menace et au chantage», observe-t-il. Comme conséquences, le vol de cheptel prive des familles entières de rendement. Des éleveurs décident de quitter leurs villages pour s'établir dans les villes. «Lorsqu'il n'y a plus de sécurité, la famille cherche à se protéger. Et si l'exode rural est la seule solution, elle n'hésite pas, même pour vivre dans un bidonville», lance Gaïd Salah. L'association qu'il présidait avait maintes fois proposé la constitution d'une police rurale.«Les agriculteurs, les éleveurs et tous les acteurs qui travaillent en zone rurale peuvent bénéficier d'un meilleur environnement s'ils sont protégés par l'Etat. C'est à partir de ce moment que nous pouvons espérer une meilleure production agricole et une régénérescence satisfaisante du cheptel. Pour espérer une sécurité alimentaire, il faut d'abord penser à la sécurité des producteurs agricoles», explique-t-il.




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