Algérie

Vol au-dessous d'un nid de ripoux


Du matériel médical (un échographe) a été dérobé d'un hôpital de Sidi-Bel-Abbès. Selon notre correspondant local qui rapportait l'information publiée dans l'édition d'hier du Soir d'Algérie, la police a procédé à l'arrestation de cinq personnes dont la fonction n'a pas encore été révélée. Détail important, cet établissement hospitalier a été entièrement voué à la prise en charge des malades du Covid-19. Dans cette histoire, il faudra d'abord s'arrêter sur la misère morale de ceux qui ont profité d'une conjoncture dramatique pour le pays afin de voler un outil médical qui servait à diagnostiquer le mal, la première opération si indispensable et précieuse avant d'envisager toute thérapie. On a beau dire que ce genre de détournement dépasse le larcin ordinaire et trouve son explication ? et sa justification parfois, en poussant un peu ? dans un mal beaucoup plus profond. Bien sûr, ça n'explique pas toujours tout, même si, en l'occurrence, ça ne manque souvent pas d'arguments. Les grands scandales du genre sont rarement le fait de petits voleurs à la petite semaine. Dans le « meilleur » des cas, ces derniers ont toujours été... inspirés par les grands prédateurs sans scrupules qui, eux, n'y vont pas de main-morte. Si précieux qu'il soit, un échographe est une broutille, comparé à tout ce qui a disparu de nos hôpitaux, avec promesse d'impunité qui plus est. À ce niveau-là de la prédation, on ne prend pas de risque. C'est parce qu'il n'y en a aucun précisément qu'on ne se gêne pas. Le vol est partout, il n'y a aucune raison pour qu'un secteur aussi prospère en « objets de valeur » en soit épargné. Ce sont les « marchés juteux» passés frauduleusement avec des fournisseurs intéressés, ce sont des fournitures libellées à coups de milliards sans jamais être livrées, ce sont d'autres fournitures livrées mais prenant de mystérieuses directions, ce sont les contrats de construction d'infrastructures lourdes... qui ont donné des « idées » au personnel d'appoint pour se faire un petit bifteck , faute d'avoir accès aux... choses sérieuses, faute de pouvoir jouer dans la cour des grands. Comme partout, la « cour des grands » a, pour ainsi dire, suscité des vocations à des niveaux de responsabilité intermédiaires ou au bas de l'échelle. Ça a donné des médicaments partout trouvables sauf dans les pharmacies d'hôpitaux, du fil chirurgical problématique, des clichés radiologiques «ramenés de l'extérieur» par les malades quand on ne leur en propose pas la vente sur place, des produits alimentaires détournés... ça peut aller jusqu'au sparadrap ! Comme rien n'a encore changé mais on pouvait quand même espérer que la situation pandémique avec son lot de drames et ses persistantes inquiétudes pouvait dissuader les voleurs, surtout les petits qui prenaient quand même plus de risques dans leur entreprise. Désillusion : un échographe a été dérobé dans un hôpital de Sidi-Bel-Abbès entièrement réservé aux malades du Covid-19.S. L.
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