Algérie

Voix au chapitre ou voix de son maître



Voix au chapitre ou voix de son maître
Depuis, maintenant plus d'une trentaine d'années plus rien ne peut être caché aux Algériens. Avec les réseaux sociaux, la moindre incartade de tout homme, ou femme, public, d'un compromis ou compromission d'un chef de parti politique, l'anonymat, voire l'intimité des gens du show-biz, du cinéma, tout se sait désormais et encore mieux en temps réel. Pourtant cette réalité est à la limite du ridicule tabouisée dans le pays. Les responsables, et peu importe le niveau décisionnel, s'évertuent ou plutôt s'acharnent à tenir bien à l'écart tout journaliste auquel il viendrait l'idée, voire «l'irresponsabilité», d'investiguer dans une affaire. La difficulté est d'autant plus grande si l'enquête va vers une dimension politique. Or, en Algérie, tout relève du sacro-saint sceau politique. Qu'il s'agisse de la rentrée des classes, de la préparation d'une rencontre de la sélection nationale de football, d'une visite de travail d'un ministre, d'une velléité de demande d'augmentation de salaire dans une laiterie du pays profond, de l'approche du mois de Ramadhan et même de sa fin...À toute cette architecture étrange du processus d'information, le point de convergence, est-il besoin de le souligner, est ce qui dans le jargon de tout investigateur est appelée la source à laquelle tout journaliste qui se respecte est soumis au motif de respect d'éthique, morale s'entend, et de déontologie dès lors qu'il est question de démarche professionnelle. C'est au nom de ces deux piliers du métier que la corporation s'est forgée une réputation très forte en s'imposant et imposant son existence, d'abord, et son indépendance face à l'unicité de pensée prévalant du milieu des années soixante à la fin des années quatre- vingt. La désormais existence d'une presse qui voit autrement la réalité, le quotidien continuera néanmoins dans la douleur et la terreur avec une décimation systématique de courageux hommes et courageuses femmes par les hordes terroristes.Pour avoir été de toutes les luttes, intellectuelles, face à un parti unique qui ne se résolvait pas à concéder un pouce de terrain à ceux qui revendiquaient leurs libertés, mais aussi et surtout physiques en payant au prix du sang pendant plus d'une dizaine d'années cette indépendance, la presse algérienne s'est définitivement imposée sur le plan local et a accumulé une importante estime, crédit, soutien et solidarité à l'étranger, à telle enseigne qu'elle deviendra à son tour une fiable source battant en brèche toutes les rumeurs malveillantes colportées ici et là, à travers le continent européen notamment.Bien évidemment, cette presse vertueuse, audacieuse au cours des périodes les plus difficiles de l'histoire de l'Algérie n'a pu éviter de payer la rançon d'une gloire authentique et, presque naturellement, d'avoir un côté sombre imposé par la multiplicité des titres, et ce, faisant de l'irruption incontrôlable d'acteurs nouveaux pour lesquels éthique, déontologie et professionnalisme n'ont toujours été qu'une vue de l'esprit. Sans distinction, l'opprobre sera jetée sur l'ensemble de ses représentants et donnera encore plus l'occasion aux gouvernements successifs de faire procéder à un formidable verrouillage de l'information et laisser libre cours à la rumeur, spéculation et plus gravement encore à la désinformation venant des circuits d'information de l'étranger, eux-mêmes disposant de sources aléatoires, mais assez souvent d'autres (sources) fiables parce qu'effectives gorges profondes tirant incontestablement de gros et stratégiques avantages d'une fuite organisée de l'information.De toutes les rencontres que les journalistes ont pu avoir avec les successifs et éphémères ministres de la Communication, leur seule et répétitive revendication a été «le libre accès aux sources d'information», et ce, bien avant toute autre revendication sociale. Pour qui sait la hauteur du salaire d'un journaliste de la presse indépendante et en comparaison avec tout ce qu'il subit comme pressions morales, intellectuelles, physiques, harcèlements administratifs autant préciser que c'est celle (comparaison) qui existe entre le jour et la nuit.A. L.




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