Algérie

Vocations, talents et... Béton



Vocations, talents et... Béton
Il se confirme, en Algérie, que le football peut vous faire roi, à condition de réaliser des résultats. Mais quand la prouesse s'apparente à une grosse surprise, l'éclat est retentissant. Pas besoin de sondage à tenter chez les habitants de Chéraga après le bon coup réussi par le club de football (JSMC) qui vient de se propulser en demi-finale de la coupe d'Algérie en terrassant le doyen des clubs de l'est du pays, le CS Constantine. Mais l'euphorie de la soirée de mardi dernier a, finalement, baissé pour laisser le rêve reprendre pour les échéances à venir. « L'heure de descendre de notre nuage a sonné pour nous reconcentrer sur le championnat et notre parcours en coupe d'Algérie », avoue Samir Lacet, le président de la JSMC. L'explosion de joie, après le coup de sifflet final de l'arbitre au stade Bologhine consacrant la JSMC devant le CSC (2-1), a eu l'effet d'une onde au c?ur du gros village de Chéraga qui n'arrête pas d'étaler ses tentacules. Le mercredi, l'actualité tournait autour de l'exploit. Mais dès jeudi, tout le monde s'est remis à vaquer à ses occupations. Le vendredi, la pluie fine de la matinée « s'accélère » en « hallebardes ». « On se rebranche sur le championnat et s'efforcer de réaliser une victoire à Koléa pour garder la place de leader », souhaite un dirigeant. Il fait presque froid ce vendredi à Chéraga. Le temps est gris dans ce gros village, campagne d'antan. Aujourd'hui, c'est carrément une ville où l'on étouffe. Tous les quartiers se sont « multipliés ». Le centre-ville colle à tous ses « axes » cardinaux. Il n'y a plus de « frontières » face à l'appétit vorace du béton. La « bétonvillisation » a avalé toutes les caractéristiques de ce village réputé pour ses terres fertiles, son lait frais, ses légumes et ses fruits qui se vendaient au nostalgique « tlata baâchrin » (trois kilos pour un dinar). Au marché, depuis une quinzaine d'années, tout se vend à... trois chiffres. « L'inflation est à plus de 300 pour cent pour beaucoup de produits. A Chéraga, on achète le raisin et l'orange d'autres wilayas alors qu'avant on en exportait depuis nos terres », se désole un ex-agriculteur. Autres temps, autres bourses. Autres vocations. Même les terrains vagues, des dizaines, proches les uns les autres, Amara, Houmet Talian « Quartier italien », l'ancien marché devenu cité CNEP, stade Marabout, terrain du « batoir » (l'abattoir), les deux placettes (poste et mairie), les terrains de la clinique psychiatrique, de Zouaoua ou Kaouch, le champ de tir (la base), les vastes espaces du bois des cars... ont tous été plantés de... villas. « Il nous arrivait de jouer des matches entre quartiers en aller-retour au vu de la disponibilité des terrains dans chaque fief », se remémore Salah Assad. Même la cité « Bonne fontaine » avait son terrain. Des assiettes « détournées ou déclassées pour faire dans le langage administratif et « bouffées » sans modération au détriment de l'expression des talents sportifs toutes disciplines confondues, particulièrement le football, le cyclisme et l'athlétisme. A Chéraga, il existait des parcours et pistes naturels pour le demi-fond et le cross-country. Un village aux couleurs du sport de la JSM Chéraga qui aura enfanté les cyclistes Hamza Madjid et ses frères, les Boutibi, Rezig, Amari... En football, des générations de stars ont forgé leurs techniques dans les placettes avant de fouler le « stade communal » des frères Lamali. Nombreux sont ceux qui ont joué dans l'élite, Assad « RCK, Mulhouse, Paris S-G), Rais (CRB) Benzerga (CRB), Zerguine (NAHD), Aissahin (ES Mostaganem), Miloud et Razem (MCA), Slimani (CRB)... Mais le club amateur a aussi ses pépites qui ont préféré rester at home comme les Medahi, El Kolli, Bouziani, Roukhi, Djediani, Mokrane, Petit Salhi, Bouachrin, Boualem « Tchoutchou », Tafa, Guellimi, Cheradi, Boualem et Belkacem Lacet, les défunts Slimane Mekati, Boudaoud « Loulou », Benouadah et nous en oublions certainement beaucoup en pensant à l'ancien gardien de but, Hamou (professeur de sciences naturelles) de nationalité marocaine ayant rejoint son pays au début des années quatre-vingt. La ville de Cheraga, aujourd'hui, compte parmi les communes et daïras les plus riches du pays et les plus désinteressées du domaine des sports. La qualification en coupe d'Algérie et la chance réelle d'accession vont-elles susciter l'intérêt pour hisser le club au niveau de cette agglomération ' « Beaucoup d'entreprises ou de commerçants sont prêts à investir dans le club de football si ce dernier venait à rejoindre la division « deux » attestent des proches du club et des responsables au niveau de l'APC... Le rêve continue...




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