Algérie

Vivre dans la périphérie de la mort



Vivre dans la périphérie de la mort
Bassil Al Khatib, cinéaste syrien d'origine palestinienne, installé à Damas, termine avec Souriyoun (Syriens) une trilogie sur la femme et la guerre entamée avec Meriem puis avec Al Oum. Souriyoun, projeté dimanche soir au théâtre régional Azzeddine Medjoubi, au 2e Festival de Annaba du film méditerranéen, rompt, quelque peu, avec la confusion entretenue par le cinéaste dans ses deux précédents films.Là, les événements se déroulent en dehors de la ville, à côté d'une forêt et d'un village dévasté. Le nom du pays n'est pas cité, puisque le titre du film désigne déjà le lieu. Ryma (Kariss Bachar) est la cible d'un sniper au sortir d'un reportage sur un village ciblé par une attaque de Daech, clairement montrée avec les fameuses tenues noires. Son chauffeur est mort, elle est sauvée par Youssef, un homme étrange qui vit dans une maison en ruine avec un chien noir. Youssef a perdu sa famille après une attaque de Daech.Il se venge en tuant les membres de ce groupe l'un après l'autre. Il est attaché à Zeina (Maysoun Abou Assad), qui lutte seule contre la maladie, dans une maison isolée. Elle refuse les offres de son oncle (Rafiq Subaie) qui lui propose d'aller à l'hôpital. «J'ai perdu mes filles l'une après l'autre. J'ai enterré tous mes neveux, alors que je voulais assister à leur mariage.Je n'ai pas envie de te perdre», lui dit-il. Youssef découvre que Azam (Mohamed Hadaqi), ami de l'enfance, a rejoint Daech. «Tu es un traître !»,lui lance-t-il, mais ne veut pas le tuer. Azzam va alerter le chef, qui s'exprime en langue turkmène, et qui lui ordonne de ramener Youssef. L'histoire se complique ensuite pour la forme d'un film d'action. «Chaque jour, on entend aux nouvelles ce que Daech a fait ici ou là.Cette force du mal s'est imposée à la conscience arabe. Aussi, n'est-il pas possible d'éviter le sujet dans chaque film traitant de la situation actuelle en Syrie. Beaucoup de personnes entendent parler de Daech, mais ne savent pas ce que ce groupe fait sur le terrain. 90% des membres de Daech sont des mercenaires payés pour commettre des crimes en Syrie, et sont souvent drogués», a soutenu Bassil Al Khatib, lors d'une rencontre avec la presse après la projection du film. Il a relevé que Daech n'est pas le sujet qui l'intéresse.«Ce qui m'importe, c'est le Syrien et sa capacité à résister, à relever le défi et à être patient», a-t-il ajouté. A l'origine, le film devait s'appelait Gens du soleil, la signification araméenne du mot «syrien». Mais le cinéaste, qui a lui même écrit le scénario du film, a préféré garder le titre comme «un acte militant».Et son film, comme les deux précédents, porte toutes les traces de ce militantisme. D'où la présence de l'armée syrienne dans plusieurs scènes. Bassil Al Khatib a beaucoup travaillé sur l' esthétique de l'image et sur la bande son. Mais il a oublié de parfaire son scénario et sa mise en scène. Les techniques du drama télévisé sont trop visibles pour ne pas être évoquées, surtout que les comédiens font souvent dans le surjeu et l'émotion artificielle.Le cinéaste a «coloré» son film de noir et de gris comme dans un tableau mettant en avant les douleurs et les drames. Les images de foules traversant la rivière en plein forêt suffisent pour dire que le drame syrien n'est pas encore fini. «J'étais dans la périphérie de la mort avec des gens qui m'ont donné des leçons sur la vie, de l'amour et du sacrifice», confie Ryma. La femme syrienne est au coeur de la trilogie de Bassil Al Khatib.«La femme syrienne a beaucoup souffert ces cinq dernières années. J'ai voulu montrer des exemples du sacrifice de la femme, qu'elle soit mère, s'ur, épouse, fille, travailleuse... J'ai mis ces femmes dans un contexte historique et politique difficile et montré leurs capacités à affronter la situation et à s'imposer. Vous ne pouvez pas imaginer le drame que vivent les Syriens, mais nous gardons espoir. La Syrie retrouvera la tranquillité et la paix», a déclaré Bassil Al Khatib. «Cette trilogie est terminée, mais il y a encore plein d'autres sujets à aborder dans le cinéma sur ce qui se passe en Syrie et sur le prix fort payé par le peuple syrien à cause d'une guerre sans précédent», a-t-il relevé.


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