Algérie

vivre avec l'amiante



L'exposition à l'amiante a déjà fait quatre morts, selon des habitants de ce bidonville.La vie est désormais insupportable au bidonville Ali Amrane 3 dans la commune de Bordj El Kiffan. Les habitants affirment ne plus pouvoir supporter leurs conditions de vie, en dégradation permanente et qui s'accentue par des projets qui risquent de compliquer la vie déjà difficile des résidants. Selon les habitants, un chantier de construction de bâtiment a été programmé à proximité de la cité. «Des Chinois sont venus clôturer la sortie du site pour installer leur base de vie. Nous nous sommes opposés aux travaux», raconte un père de famille rencontré sur place.
Ces travaux, a-t-il expliqué, «auront pour conséquence de priver les habitants du seul accès à la voie publique. Les enfants seront les premiers pénalisés, ils devront faire un détour de plusieurs centaines de mètres pour rejoindre leurs bancs d'école», a-t-il dénoncé. Les déboires des résidants ne se limitent pas aux travaux projetés à deux pas de chez eux. Selon le président du comité de quartier, la cité a été complètement cloîtrée et fermée par des projets et autres infrastructures qui l'entourent de toute part.
«Les responsables locaux nous ont promis de nous reloger dans le cadre de la même opération que les habitants des chalets limitrophes. Hélas, ces derniers ont été recasés, alors que nous nous continuons à moisir dans ces baraques de misère», s'indigne notre interlocuteur. L'orateur affirme s'être entretenu à plusieurs reprises avec les responsables locaux, dont les services de la daïra.
«Des promesses ont été faites, mais au lieu d'améliorer nos conditions de vie, nous assistons impuissants à la détérioration de notre cadre de vie sans que personne daigne lever le petit doigt».
Lors des dernières intempéries, la plupart des baraques ont été inondées, apprend-on. «Personne n'est venu s'enquérir de notre état, nous nous sommes pris en charge nous-mêmes», déclare un jeune résidant. Selon lui, cette cité est dépourvue de tout, ni eau potable ni électricité ou réseau d'assainissement. «Nous avons fait des piratages, les responsables concernés refusent de nous raccorder légalement», explique un père de famille. Quant au gaz, ils affirment qu'ils continuent à payer jusqu'à 300 DA la bouteille de butane. Nos interlocuteurs estiment qu'il est temps d'être relogés, après plus de dix ans dans ces «gourbis» infamants. «Au moins quatre décès ont été provoqués directement par l'amiante. Notre vie est en danger. Nos enfants n'ont pas échappé à cette situation, la plupart sont asthmatiques», déplore-t-on.
D'ailleurs, au risque de contamination par l'amiante et de l'humidité, s'ajoute l'insalubrité. Les habitants accusent ouvertement les services de la commune auxquels qui ils reprochent leur négligence. «Ils nous ont promis de passer chaque semaine ramasser les ordures ménagères. Mais souvent, le camion municipal ne vient qu'une fois les trois ou quatre semaines», dénonce le président du comité. «A plusieurs reprises, nous avons déposé nos détritus sur la voie publique pour pousser les services de ramassage à procéder à leur collecte.» Sur place, nous avons remarqué un important amoncellement de déchets abandonnés depuis plusieurs jours. Un décor banal dans cette cité habitée par près de 200 familles.


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