«L' argent est la carte de crédit du pauvre.» Marshall Mc LuhanLes rentrées politique, économique et judiciaire s'effectuent généralement avec des annonces tonitruantes qui sont censées secouer un peu le consommateur moyen. Les mauvaises nouvelles, même glissées subrepticement entre deux promesses démagogiques focalisent le plus l'attention du contribuable. Mais comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, on n'est pas étonné que le principal inculpé dans les affaires Sonatrach ait su échapper par les miracles de judicieuses procédures judiciaires à Interpol, on peut applaudir à s'en rompre les phalanges au procès des trafiquants de carburant.
Mais la nouvelle qui fait sans doute le plus mal, bien qu'elle n'étonne plus personne, c'est la rapide érosion de notre dinar national qui perd des plumes à la veille d'un hiver qu'on prédit rigoureux.
Dans tous les pays, avec la mondialisation, les revenus de la classe moyenne, tout comme celle des salariés ne cessent de connaître une dégradation certaine et reconnue par toutes les institutions économiques: le fossé ne cesse de s'élargir entre riches et pauvres, et toutes les tentatives pour réduire cette fracture se révèlent vaines puisque les décideurs, ceux qui manipulent les instruments de la finance font partie de la ploutocratie. Il n'y qu'à examiner les manoeuvres démagogiques auxquelles se livrent les gouvernements pour faire «patienter» la masse importante des gens qui reçoivent la portion congrue: les années d'études pour confectionner une grille salariale des soi-disant négociations entre un syndicat maison et un gouvernement de façade pour augmenter un salaire minimum qui ne sera applicable que quand l'inflation le réduira à la taille ridicule du revenu du temps joyeux des colonies... Les 10% de perte de pouvoir d'achat pour le salarié qui a connu tous les tours de vis possibles et imaginables vont peser lourd dans son futur comportement. Les gouvernements éclairés allègent l'austérité imposée par la mauvaise gestion économique en facilitant les prêts à la consommation. Ce n'est pas le cas chez nous, puisque ce sont les gros emprunteurs qui sont favorisés pour les crédits bancaires qu'ils ne remboursent pas dans leur grande majorité. Les ménages cherchent encore le sésame qui leur rendrait le crédit accessible. Or, il est admis qu'un citoyen endetté est plus obéissant qu'un autre... Les banques qui recueillent les fruits de tous les efforts d'une nation proposent à tous les naïfs des prêts à long terme pour acheter une maison, les équipements y afférents, une voiture..., enfin, tout ce qu'il faut pour que la vie paraisse plus rose. Cependant, les institutions financières qui ne semblent pas avoir trouvé la formule pour redonner une bonne santé à une monnaie qui s'aplatit de plus en plus devant les devises étrangères, ne devraient pas tomber dans l'erreur du surendettement, surendettement qui était, il y a quelques années, une réalité amère pour notre pays: dans le but d'enrichir des importateurs qui n'ajoutent rien à la valeur ajoutée d'un produit fabriqué ailleurs, les banques rivalisent d'imagination en proposant des prêts à des ménages qui rêvent d'une vie meilleure: le résultat fut qu'un couple qui vivait dans une maison à crédit, roulait dans une voiture achetée à crédit, s'encombrait d'accessoires acquis à crédit, se voyait obligé de faire rentrer chaque mois un revenu fixe pour faire face aux dettes accumulées. La peur de l'huissier va donner naissance à de nouveaux comportements inconnus jusque-là: le travailleur sera plus attaché à un emploi de plus en plus précaire (les contrats à durée indéterminée se font de plus en plus rares) et il trouvera une raison supplémentaire pour éviter un syndicat-maison qui n'a fait qu'encadrer toutes ses revendications passées.
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Posté Le : 31/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Selim M'SILI
Source : www.lexpressiondz.com