Hier, c'était samedi, deuxième jour du «week-end semi-universel», un machin hybride mais surtout aberrant que le pays a inventé quand il ne savait plus quoi faire de sa vie. C'était du temps où on voulait cesser d'être la poule mais sans le courage de faire exactement comme la perdrix. Passons. Hier, c'était samedi et ça tombait plutôt bien. Il paraît qu'on devait renouer avec la vie... normale. Ça a quand même le mérite de la franchise, personne n'a dit qu'on allait retrouver la belle vie. Hier, c'était un jour de repos dans un pays où on a cessé de travailler depuis longtemps. Avant l'ère du coronavirus, nous n'avions pas vraiment la réputation d'être des stakhanovistes. Quand la pandémie est arrivée, on a sauté le pas, en arrêtant de faire semblant. Hier, on n'avait donc pas besoin de faire semblant. C'était l'autre jour du «machin». Le vendredi est toujours sacrément sacré et puis nous étions encore dans... l'autre vie, celle où nous étions censés faire attention pour préserver la vie tout court. En l'occurrence, nous n'avions pas été exemplaires non plus mais comme d'habitude, nous avons fait semblant. Faisons un peu de fiction pour raconter hier. Quelques scènes que nous n'avons pas connues en temps normal et dont nous nous sommes surpris à rêver maintenant que nous y... retournons après une «récréation» fermée pour cause de sécurité sanitaire. Hier, les restaurants, les cafés, les bars, les salles de spectacles et les plages étaient ouverts. Ne nous dites pas que nous n'avons pas tout ça et le peu qui existe n'était pas vraiment ouvert. Ne nous dites surtout pas que les gens craignent encore que les conditions d'une reprise ne soient pas encore réunies pour un max de sécurité. Nous sommes dans la fiction, tant est que nous ayons été un jour dans la vraie vie. Hier, les femmes et les hommes, jeunes et vieux se sont installés sur les chaises en rotin des terrasses fleuries de la rue Didouche et d'ailleurs. Ils avaient un peu de mal à se parler tant la distanciation physique et le port du masque étaient stricts mais ils étaient heureux. On pouvait prendre indifféremment son café et son verre de blanc sec et des cuisines parvenaient d'alléchantes odeurs de viandes et de poissons grillés. Loin de là, sur les côtes est et ouest, les plages grouillaient de monde mais les mesures barrières sont rigoureusement respectées. Les femmes, dans leurs bikinis bariolés, respirent le bonheur d'offrir leur corps au soleil, avant d'aller faire de longues brasses entrecoupées de rires stridents. Sur leurs chaises longues, d'heureux papis et mamies lisent un livre en sirotant une orange pressée parvenue des paillettes. D'autres partagent les châteaux de sable avec les petits enfants aux anges. Le soir, tout le monde dîne face à la mer ou au bord de la piscine, avant de terminer la soirée en dansant à la folie. D'autres, plus portés sur les plaisirs apaisés, ont été au cinéma. Maintenant, vous pouvez vous réveiller. Nous sommes dimanche, un jour de vrai week-end, loin de la vraie vie.S. L.
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Posté Le : 16/08/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com