Le veto par
définition est une perversion diplomatique. Il s'assimile sans ambages à une
effraction dans l'équilibre censé contenir la justice internationale. Il ne
s'offre dans un partage bigarré que dans l'inélégance des Etats qui se le sont
offert sans égards aux autres.
Ce conseil dit de
sécurité où les membres comme des quindécemvirs veillent à garder «les livres
sibyllins» n'est plus une aubaine pour la paix ni pour son maintien. Il n'est
en fait qu'un accord vétilleux par lequel toutes les guerres passent. Le monde
depuis la conférence de Yalta vit dans une torsion de totale différence,
perclus et en eternel quête d'un aplomb juste et
durable.
La Russie syrienne n'est pas uniquement une
contrariété face au désir hégémonique américain. Elle est aussi l'autre mesure
que depuis 1945 les Etats unis refusent d'admettre au profit d'une justice
internationale. Le veto longtemps usité par l'oncle Sam
est vite perçu comme un bris de glace dans l'harmonie façadière
qui sévit au sein du conseil de Manhattan. A ce même moment, c'est à dire à
celui où la puissance sino-américaine marque son entêtement à ratifier une
condamnation inégale châtiant unilatéralement le régime pourri de Damas,
l'entité sioniste met dans l'embarras du choix Abbas Mahmoud. Ou moi ou Hamas.
Drôle de diplomatie, qu'encourage Obama. Au conseil
de sécurité, la Syrie
devait être à l'instar des palestiniens, propriétaires de droits seulement à
bafouer. Ici la parole est certes une équation de force économique mais
s'enracine également dans les méandres d'une idéologie que l'on dit disparue.
L'on y voit que le pilonnage, les images facebook,
les ruines de Homs, les bouches vitupérant le régime Susan Rice,
la copie clownée du président américain devient
prophétique en sermonnant les deux puissances sur leur prochain regret. Elle
les blâme d'avoir utilisé un droit inique qu'elle-même n'a cessé de brandir à
chaque fois que Tel-Aviv est sommée de comparaitre au
banc des coupables. Ce veto est jugé par ceux qui en sont dérangés dans leurs
desseins, comme étant un alignement frontal sur la démarche d'un dictateur qui
veut chaque jour tuer son peuple. Ainsi les arguments à court de raisonnement
vont dans tous les sens. On leur dit qu'il ne fallait pas s'inscrire dans une
telle dynamique qui n'ira qu'en stimulant les exactions contre la population
civile et enhardit la persévérance de la force locale. L'on n'insinue jamais
l'autre partie, antagoniste au régime. Croyez-vous que l'entièreté du peuple syrien
est dans la rue pour gommer ses dirigeants ? L'autre partie, ce sont eux. Les
services, l'intelligence et la subversion. Les régimes post révolutionnaires
tunisien, libyen ou égyptien nous donnent l'exemple, une année après de quoi ca retourne. L'autre partie est selon les promoteurs de
l'obligation à faire mourir le régime syrien, personnalisée exclusivement dans
la diversité du peuple. Ainsi dans les rues de villes l'armée tire sur le
peuple. Débile jugement. Un peuple qui se soulève peut en moins de 18 jours
mettre en fuite ou en prison son dictateur. Un « peuple » qui depuis une année
est cité dans tous les JT comme victime n'a pas le droit de vivre, si cela en
est le cas.
L'autre partie
est celle que dirigent le département américain et ses appendices installés
dans les coulisses d'une ligue arabe liguées corps et âme à l'injonction à la
mode d'une politique prônant la libération de l'élément humain arabe. Un
consortium de renégats mous à l'action mais prompts à la rescousse. Ils
viennent des métropoles étrangères moissonner ce que spontanément l'enfant, le
caricaturiste, le poète syrien a voulu entamer pour se faire laisser voir un
avenir libre et radieux. Applaudis, quand ils ne sont pas procréés par Doha et
autres intérêts occultes ; ces nouveaux opposants, touts prêts à bien parler sont volontiers reçus sur les perrons de l'Elysée ou ceux de
la maison blanche. Antoine Basbous dans son dernier
livre « le tsunami arabe » nous donne aléatoirement le contre exemple de la
facilité qu'ont les éventuels futurs et probables maitres
de la scène arabe à être reçus avec toute l'aisance par les dirigeants du monde
au moment où un président en exercice est contraint de faire une longue chaine d'attente en vue de franchir les mêmes perrons. Ils
sont une pure création des officines de la haute déstabilisation. Certains ne
cachent plus leur embarras. Ainsi le ministre français des affaires étrangères
Alain Juppé s'est vite dévoilé en disant « nous allons aider l'opposition
syrienne à se structurer. Le régime doit constater qu'il est totalement isolé,
il va y avoir des sanctions économiques ». sans
commentaires.
Au début du
soulèvement l'innocence était de la partie. Les chasseurs de révolutions se
sont vite réveillés et prenant leurs cors, commençaient à vociférer les pires
atrocités du parti unique, du régime familial, du système fermé, de la rente
particulière. Ainsi nous disons, que le président de la Syrie doit légèrement
partir. Son ère est à jamais révolue nonobstant la nostalgie qu'il put recréer
dans le cœur des nationalistes.
Ce veto vient à
la faveur d'une possibilité de pouvoir enfin contredire les Etas
unis. L'on montre ainsi que ce moyen exorbitant dans l'usage du droit universel
n'est toujours pas saint d'esprit. Il suscite de la réprobation selon l'arrangement
des uns et des autres. L'histoire parfois devient risible. Cette histoire nous
a enseigné que c'est par essence, philosophie ou idéologie que l'on fait des
révolutions et l'on mène des politiques. Elles ne peuvent été faites que contre
des puissances coloniales et des forces étrangères. On ne le fait pas avec ces
forces et en leur compagnie contre son propre peuple. Ceci ne sera donc qu'une
contre-révolution. En Syrie la situation demeure fort complexe. Comme chez
nous. L'affaire palestinienne, la guerre contre l'Irak, l'Afghanistan, les
révolutions arabes surtout de la
Libye ; ont bien démontré le fossé qui sépare la rue et le
peuple des palais royaux, des cabinets présidentiels mais aussi du conseil de securité où aucun Etat arabe n'est entendu avec un semblant
de droit de veto. Celui-ci est une chasse gardée pour les seigneurs. Les uns
s'essayent à manÅ“uvrer de la manière la plus mesquine tentant de ne pas lorgner
sur le mal que font les nouveaux libérateurs des peuples, les autres s'échinent
à la démonstration du contraire par l'indéfectible soutien nonobstant la
matraque ou l'interdiction de marcher. Le veto sino-russe n'est que la bonne
réponse pour un peu débarbouiller la domination exercée sur les peuples via
leurs dirigeants que l'on peut qualifier au gré des intimités comme saumâtres
et indésirables. Il est aussi venu réconforter l'avis des mécréants quant à la
religiosité de ce droit qui n'a plus raison d'être. L'on voit l'indignation de
l'autre coté prendre de l'ampleur. Les procédures esseulées comme bon usage de
la diplomatie réciproque d'antan prennent le relais. Les Etats unis ferment
leur ambassade, le Royaume unis également. La machine à convaincre les autres
commence à fonctionner. Ils gueulent à faire peur à tout le monde. Oui pour le
veto, s'il est brandi contre Israël pour les séculaires bestialités commises
contre un peuple encore non-membre reconnu par
l'ensemble e la communauté internationale. Oui pour le veto s'il s'instaure
comme mondanité dans la résurgence de l'équité universelle. Oui pour ce veto
s'il arrive à réduire l'effet de serre et à abolir la fabrication des armes de
guerre. C'est ainsi que l'on voit dans l'acte sino-russe une certaine
distanciation stratégique dans l'unicité sécuritaire qui a émaillé ces derniers
temps la sphère politique mondiale. Que le peuple syrien soir rassuré la paix
ne peut provenir de Paris ou de Londres. Elle ne sera pas pour eux une offrande
à octroyer par les mains atrophiées d'un Obama prévendu ou d'un Sarkozy en ultime sautillement électoral.
Cette paix, cette liberté, ce recouvrement de droits humains, seront
manufacturés par eux-mêmes, chez eux. Sans conseil de quiconque, ni conseil
d'aucune securit. Non justement à ces vétos qui
fragmentent l'unité des peuples, qui attisent les douleurs et qui aggravent les
situations. Que dire de ces multiples vetos qui ont
eu à bloquer non seulement l'indépendance, premier droit des peuples ; mais
obstruent encore la voie de la liberté et du droit de vivre en
autodétermination. Les Palestiniens, les sahraouis, les personnes affamées, les
sans abris, les chômeurs, les femmes maltraitées, les harraga,
les sidaïques, ceux sont eux qui méritent de se lever en veto aux titulaires eternels du veto.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 09/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Yazid Dib
Source : www.lequotidien-oran.com