Vive la droite... à l'extrême

Ce n'est pas un fantasme mais cela reste une simple hypothèse. Oui, pourquoi ne pas imaginer au pouvoir un Zemmour ou un autre candidat tout aussi osé et capable d'outrecuidance. Dans la cacophonie générale de la campagne présidentielle française, dont le scrutin est prévu pour avril prochain (à moins d'un coup de théâtre), la droite traditionnelle bon teint, la droite radicale, l'extrême droite ou plus encore à l'extrême s'emparent à qui mieux mieux d'une opinion publique déjà échaudée par la pandémie de Covid-19 et les difficultés à joindre les deux bouts.Dans ces joutes grandeur nature où chaque prétendant se croit un destin national, les médias s'en donnent à c?ur joie, balayant les menaces de précarité. Les ventes explosent naturellement malgré l'intrusion de l'internet et des réseaux sociaux qui bouleversent le rapport du citoyen à la politique. Que les candidats potentiels ou déclarés se rassurent, chacun aura sa part de plateau TV à satiété.
Les grilles des programmes se « grilleraient » si elles n'introduisaient pas cet élément des débats de l'heure. À tel point que l'on est servi outre mesure : JT, talk-show, tables rondes, émissions spéciales, and so on. De là à parler de viol des foules, il n'y a qu'un pas. Tenez, prenons cet épouvantail qu'est Eric Zemmour qui s'est forgé polémiste. Voilà un profil, certes atypique, mais qui montre surtout la confusion des genres. Sa campagne électorale est truffée de références au contenu provocateur, basé sur des thèmes éculés telles l'immigration, la « peste verte » ou « l'islamisme rampant » qui ferait à terme de la France une république islamique à l'image de l'Iran ou de l'Afghanistan. Un drapeau vert frappé du croissant au sommet de la tour Eiffel ' C'est digne d'un film d'anticipation, mais bien loin de l'imaginaire de Jules Verne.
Le plus remarquable dans ce débat franco-français est la mutation flagrante du paysage politique et cette nouvelle tendance à racler les fonds de tiroirs des thèmes de nostalgie d'une France à la recherche d'une grandeur perdue. Les droites diverses s'en tiennent mordicus. Il est loin le temps des confrontations de programmes politico-idéologiques droite/gauche. Il est vrai aussi qu'il n'est plus valorisant de se proclamer des partis socialiste ou communiste. D'ailleurs, même ceux qui se revendiquent de l'héritage gaulliste ont toutes les peines du monde à se faire entendre et prendre au sérieux. Aujourd'hui, il est devenu une mode bien française d'aller à la rencontre des autres partis néo-fascismes européens, en Allemagne, Hongrie, Autriche, Italie, notamment, pays alarmés par les phénomènes des migrations clandestines. Alors pourquoi ne pas crever l'abcès une bonne?fois pour toutes avec les Zemmour ou Marine Le Pen au pouvoir ' Car, pour ce qui nous concerne, la gauche comme la droite ont, depuis longtemps, partagé les mêmes positions concernant les relations France-Algérie, qu'il s'agisse de nos émigrés, dont on veut ignorer l'apport à l'économie française, le soutien à tous les autoproclamés opposants algériens sur le sol français (rappelons-nous le tapis rouge déroulé par Mitterrand aux islamistes du Fis).
L'extrême droite et son extrême auront l'avantage de mettre en surface toutes les hypocrisies anti-algériennes dissimulées par le personnel politique français et reprises publiquement par les chantres de la droite et leurs affidés. Au moins l'on saura clairement à qui nous avons affaire. S'il est aisé de prévoir leur échec dans la prochaine présidentielle, il n'en demeure pas moins que les fantômes qu'ils agitent agiront longtemps sur le comportement des décideurs post-avril 2022. Alors merci les Zemmour et Le Pen de démasquer ? malgré vous ? la face cachée de ceux appelés à présider aux destinées de votre pays.
Brahim Taouchichet