Algérie

Visite guidée au c'ur d'un joyau



La première historique de jeudi a laissé beaucoup de monde sur leur faim. De loin, tout semblait nouveau. Tout nouveau, tout (aussi) beau. De près, rien de nouveau. Juste une impression de déjà-vu sous des airs de nouvelle construction, où l'odeur de la peinture fraîche taquinait les narines des plus susceptibles.Magnifique de loin, mais loin d'être magnifique. Le nouvel écrin olympique, inauguré jeudi soir par un amical Algérie A'-Liberia aussi prolifique qu'anecdotique, aura réussi à mettre tout le monde d'accord sur l'importance d'un tel acquis infrastructurel, à condition toutefois que la gestion et l'organisation soient à la mesure de l'astronomique coût de l'investissement.
Or, la première historique de jeudi a laissé beaucoup de monde sur leur faim. De loin, tout semblait nouveau. Tout nouveau, tout (aussi) beau. De près, rien de nouveau. Juste une impression de déjà-vu sous des airs de nouvelle construction, où l'odeur de la peinture fraîche taquinait les narines des plus susceptibles. Rien que pour y accéder, il fallait d'abord faire preuve de patience. À voir le condensé de véhicules qui se frottaient le parechoc pour se frayer un passage jusqu'à la petite bretelle d'autoroute qui permet d'y arriver, l'on avait du mal à croire que cette inauguration se déroulerait sans public, puisqu'à huis clos.
Imaginer alors l'énormité des embouteillages et tous les désagréments y afférents au cas où une "véritable" affiche internationale y serait programmée un jour équivaudrait, du coup, à endosser le costume de rabat-joie dans un (supposé) jour de fête. Passons. Passée l'euphorie de découvrir une nouvelle enceinte, au modèle architectural détonant, quoique... dépassé, vous attrapent rapidement au col tous ces détails et autres gros monticules de terre qui confirment qu'en dehors du terrain, tout (ou presque) reste un grand chantier.
Vient alors cette incompréhensible consigne sécuritaire de ne laisser entrer aucun véhicule au parking souterrain, sommant tous les chanceux détenant le fameux sésame (accréditation pour la presse ou invitation VIP) de stationner au loin ou de laisser leur monture sur le perron en béton d'en face. De là, on pouvait facilement "admirer" la trouvaille des gestionnaires locaux à travers l'inévitable pancarte géante "La mairie de Bir El-Djir vous souhaite la bienvenue", qui remplace ce qui aurait dû être le nom du stade s'il avait été baptisé avant d'être inauguré, comme cela se fait aux quatre coins de la planète football. À l'intérieur, le contraste est saisissant entre une nouvelle pelouse dont on a dit beaucoup de bien, à tort, et des tribunes où il fallait d'abord se muer en agent d'entretien et faire son propre nettoyage de chaise pour, enfin, pouvoir prendre place, bricolage oblige.
Avec à leur bord près de 150 journalistes et photographes accrédités par la FAF et beaucoup plus du quintuple (au bas mot) d'invités VIP, la tribune (très mal placée) allouée aux médias et celle dite d'honneur fourmillaient d'impatience, entre les crépitements des flashs pour les photos souvenir et les lives retransmettant l'événement d'un stade vide (aux trois quarts) sur les réseaux sociaux. Sur la pelouse hybride qui donnait des signes inquiétants de dégradation dès que les crampons des joueurs commençaient à la fouler, tout se mettait naturellement en place pour que ce premier match de l'histoire de ce nouveau stade débute. Manque de génie créatif ou de temps, mal-appréciation ou inculture en matière d'organisation de grands événements, aucun spectacle inaugural n'y a, malheureusement, été prévu ! Que d'actes manqués ! On passera, donc, directement du néant aux hymnes nationaux du Liberia et de l'Algérie, avec ce mal-ajustement sonore accompagné d'un anglais approximatif. Le manque d'anticipation et de préparation a, par la suite, paru tellement évident qu'il a pris des airs de mascarade de mauvais goût. Notamment lorsque le speaker anglophone du stade a jugé utile de ne pas annoncer l'ouverture du score du Liberia, s'époumonant dans la foulée uniquement pour les réalisations des Verts.
Ou encore lorsqu'il nommera le joueur libérien remplacé, sans pour autant en faire de même avec le rentrant. L'absence de tout contrôle, à l'entrée, du test PCR pourtant exigé, la piste d'athlétisme à dix couloirs sur 100 m puis 8 sur les 300 restants, l'absence d'affichage du chronomètre sur le tableau électronique, l'impressionnant nombre d'ouvriers en tenue de bâtiment et de policiers en tenue de ville dans la tribune surplombant les loges VIP, ainsi que l'absence de toute possibilité de se rafraîchir ou de pouvoir grignoter quelque chose pour gérer un creux mal venu sont, en parallèle, venus, comme d'innombrables autres bémols, gâcher cette première pour l'Histoire.
Le couloir, au premier sous-sol, choisi par les organisateurs pour faire office de salle de conférences pour le point de presse d'après-match de Madjid Bougherra et l'énorme tohu-bohu qui l'a caractérisé sonnaient, enfin, comme un édifiant exemple de ce qu'aura été cette soirée en off : un énorme ratage ! Dire alors que le sélectionneur du Liberia, James Butler, n'a même pas eu droit à un tel honneur dans le désordre équivaudrait, dès lors, à user d'un énorme euphémisme forcément malcalculé. Tout comme tout ce qui aura accompagné cette belle victoire des A' dans son côté logistique et organisationnel, alors qu'avec un peu plus d'ingéniosité, de sérieux et de compétence cette inauguration aurait pu être magnifiquement historique. À défaut d'être simplement magnifique.

Rachid BELARBI


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