Il faut «relativiser le phénomène des harraga», a déclaré Abdelkader
Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, lors
du point de presse organisé hier à Djenane El-Mitaq, à l'issue des discussions
qu'il a eues avec William Lacy Swing, directeur général de l'Organisation
internationale pour les migrations (OIM).
Cette première rencontre avec le nouveau directeur de l'OIM a permis aux
deux parties de débattre de la problématique de la migration «dans toutes ses
dimensions», comme le précise Messahel, une manière pour l'Algérie de signifier
qu'elle n'entend pas débattre de ce sujet du seul point de vue européen.
Le point de vue algérien concerne « d'abord la préservation des droits et
des intérêts des travailleurs migrants, légalement installés», la «nécessité
pour les pays développés de ratifier la Convention internationale sur les
droits des travailleurs migrants et de leurs familles» (ratifiée par une
quarantaine de pays dont l'Algérie), mais également une «approche globale de
cette problématique dans le cadre du développement». Il a été également question,
lors des discussions, des perspectives d'approfondissement de leurs relations,
les deux parties ont évoqué l'ouverture d'un bureau de l'OIM en Algérie, ainsi
que «le renforcement de la présence algérienne au sein de l'Organisation» dont
elle est membre depuis 2000.
Ainsi, Abdelkader Messahel appelle à «relativiser le phénomène des
harraga». «Il ne faut pas, dit-il, que nous focalisions sur la seule
préoccupation (les harraga) de l'Europe». Car, ajoute Messahel, «la migration
interne en Afrique est 15 à 20 fois plus importante que dans le cadre de la
migration du Sud vers le Nord». Le ministre délégué chargé des Affaires
maghrébines et africaines avance le chiffre de «20 millions d'Africains qui
émigrent d'un pays à un autre, à l'intérieur du continent», précisant qu'il y a
des pays plus que d'autres vers lesquels ces flux émigrants tentent de se
diriger, citant l'Algérie, l'Afrique du Sud et le Nigeria. Enfin, Abdelkader
Messahel regrette «l'absence totale de l'Afrique dans les processus de
préparation des trois précédents forums mondiaux (New York, Bruxelles et
Manille) sur la Migration et le Développement» (FMMD), et souhaite que cela
soit corrigé pour le prochain forum qui se tiendra à Athènes les 4 et 5
novembre 2009. De son côté, le directeur général de l'OIM affirme la nécessité
d'un dialogue constant entre les 125 membres de l'agence des migrations car,
dit-il, «nous sommes devant le plus grand phénomène de migration dans
l'histoire». «Si les 200 millions de migrants internationaux dans le monde établissaient
une nation, elle serait parmi les cinq ou six plus grandes au monde. Et les 300
milliards de dollars (337 milliards selon le site web de l'OIM) de transferts
par an constitueraient un produit intérieur brut (PIB) plus grand que plusieurs
pays », affirme William Swing pour illustrer l'importance de la problématique.
Interrogé sur les effets de la crise économique sur les migrants,
l'ancien représentant spécial du Secrétaire général pour la République
démocratique du Congo (RDC-2003-2008), confirme qu'il y a matière à inquiétude.
Car, explique-t-il, la perte d'emplois parmi les migrants légaux dans les pays
développés est doublement pénalisante. Elle présente non seulement le risque
pour certains de «devoir retourner dans leurs pays respectifs», mais elle aura
également pour conséquence de «réduire le montant des transferts de fonds vers
le sud». Autres conséquences de la crise économique mondiale, cités par le DG
de l'OIM, c'est la réduction des aides au développement et les risques de
politiques de discrimination envers les migrants. Même si, reconnaît-il,
«chaque pays est libre d'avoir sa politique de migration», rappelant toutefois
que le rôle de l'Organisation internationale pour les migrations est de «faire
des suggestions». «Nous donnons une série de propositions, et nous demandons à
chaque pays de bien regarder toutes les alternatives possibles y compris
l'intégration, parce que tôt ou tard, nous aurons besoin de migrants notamment
pour satisfaire les besoins du marché».
D'un autre côté, M. Swing invite lui aussi à une approche différente dans
le traitement de cette question. «Nous focalisons un peu trop sur les problèmes
liés à l'émigration, par contre, nous ne parlons pas assez de la contribution
de ces derniers».
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Posté Le : 02/06/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Mehdi
Source : www.lequotidien-oran.com