Le commissaire européen chargé de l'Elargissement et à la Politique de Voisinage (PEV),
Stefan Füle, n'a pas chômé durant sa visite lundi et
mardi à Alger.
Outre l'agenda diplomatique centré sur la PEV et le commerce, à travers les négociations
sur le report du démantèlement tarifaire entre Alger et Bruxelles, Füle a également rencontré les représentants de la société
civile autour du thème générique des réformes et de la démocratie
dans les pays arabes en général, et au Maghreb en particulier. En fait, il a
beaucoup axé sa visite en Algérie sur les changements politiques intervenus en 2011
dans les pays arabes, ou ce que l'on appelle maintenant communément le
«Printemps arabe».
Hier mardi devant les représentants des associations algériennes et le
Président du Conseil économique et social (CNES) M. Seghir
Babès, il a mis la balle sur le terrain politique et
des réformes en cours dans nombre de pays arabes, notamment au Maghreb. Et
confirmé en fait l'intérêt de l'UE à ces mouvements politiques qui ont déjà
bouleversé la dynamique géopolitique dans le bassin méditerranéen, avec les
changements intervenus en Tunisie, Egypte et Libye. Selon lui, la réaction des
pays du Maghreb aux exigences de changement et de réformes ‘'ne sont pas
identiques'', avec cette spécificité que chaque pays maghrébin a sa propre
réalité politique.
Le principal enjeu pour ces pays aujourd'hui est de «savoir comment pouvoir
bénéficier des changements politiques intervenus dans la région en intégrant
davantage la dignité et l'égalité». Ces réformes, que l'UE soutient
politiquement, financièrement et parfois militairement, doivent prendre en
compte, a-t-il précisé, «la dignité des peuples'' et que chaque pays de la
région devra ‘'tracer sa voie pour le changement et la réforme». Devant les
représentants des associations algériennes, il a notamment affirmé dans son
intervention «être venu pour écouter les préoccupations et aspirations des
représentants de la société civile algérienne». Il est clair que le
représentant européen est venu à Alger avec cette autre mission de tâter le
pouls de la rue algérienne à travers les réactions de la société civile
algérienne aux bouleversements politiques régionaux.
Sa rencontre avec la société civile algérienne a porté notamment sur les
modalités d'accompagnement par l'Union européenne (UE) du mouvement associatif
algérien, la formation et le transfert de technologie, ainsi que la liberté de
déplacement des personnes dans l'espace européen. Et, très vite, le débat a
dérapé sur les comportements xénophobes, les difficultés d'obtention du visa Shengen, le parcours du combattant pour l'obtenir, et, surtout,
les nombreuses vexations et humiliations subies par les Algériens dans les
consulats des pays de l'UE pour les formalités administratives d'obtention de
ce visa. Mais, apparemment, le patron de l'UE, en matière de politique de
voisinage, est resté concentré sur sa mission à Alger: soutenir les réformes
politiques en Algérie, s'inquiéter des conditions de transparence de la tenue
des prochaines législatives de mai, et, surtout, ‘'humer'' l'air du changement
qui s'annonce dans un pays qui a été le seul à ne pas avoir été secoué par les
spasmes du Printemps arabe.
«La commission européenne soutient pour sa part fermement ce besoin de
renforcer l'aide financière aux pays de la région», a indiqué M. Füle lors d'une conférence de presse animée, lundi, conjointement
avec le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci.
Sans pour autant préciser la destination de ces fonds, s'ils seront versés aux
Etats ou aux sociétés civiles directement.
En octobre 2011, M.
Stefan Füle avait indiqué à Bruxelles que l'appui
européen, qu'il soit matériel ou technique destiné aux pays du voisinage, sera
désormais fourni directement aux sociétés civiles au lieu des Etats. D'où sa
rencontre de mardi avec les associations algériennes. M. Füle
a indiqué à ce propos que l'UE a décidé d'allouer des fonds supplémentaires à
l'Algérie pour la soutenir dans les réformes qu'elle est en train de mener. «Pour
motiver les réformes supplémentaires, je viens d'informer Monsieur le ministre
que nous avons décidé moi et ma collègue Catherine Ashton (Chef de la
diplomatie de l'UE) de mettre à la disposition de l'Algérie des fonds
supplémentaires dans le cadre du programme Spring» (support
partnership, reform and inclusive growth)».
Par ailleurs, la politique européenne de voisinage rénovée, à laquelle
l'Algérie n'a pas encore adhéré contrairement au Maroc et à la Tunisie, a été au centre
des entretiens de M. Füle avec les responsables
algériens, dont le chef de la diplomatie M. Medelci. «Nous
avons retenu l'idée d'un plan d'action taillé sur mesure pour permettre à
l'Algérie de participer à ce programme», a précisé le commissaire européen. La PEV concerne 16 pays
Méditerranéens.
La PEV rénovée porte sur la démocratie, les droits de l'Homme, la bonne
gouvernance, l'économie de marché et le développement durable. Enfin, sur le plan
économique, le commissaire européen a déblayé le terrain à Alger à un autre
round pour le report du démantèlement tarifaire prévu par l'accord
d'association à partir de 2015, ainsi qu'un accord global sur l'énergie entre
Alger et Bruxelles. L'UE négocie, depuis 2008, avec l'Algérie un mémorandum sur
l'énergie. L'Algérie est le 2e fournisseur de gaz de l'Europe après la Russie et son 13e
fournisseur en pétrole.
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Posté Le : 21/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com