Cinq membres du gouvernement Fillon, plus d'une centaine de patrons, une brochette de convives « people » et du monde du showbiz, le tout sous le regard curieux médiatique d'une armée d'envoyés spéciaux. Pour les besoins de la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en Algérie, l'Elysée n'a pas lésiné sur le protocole. Le chef de l'Etat français devrait s'envoler lundi, en fin d'après-midi, en direction d'Alger à bord d'un vol parmi les plus « surbooké » dans l'histoire des déplacements présidentiels de la Ve République. Mise sur pied avec précaution par les services de l'Elysée en concertation avec le Quai d'Orsay et l'Ambassade de France à Alger, la délégation officielle aura une allure similaire, sinon plus grande que celle qui avait accompagné Jacques Chirac au printemps 2003 à Alger. Des ministres aux portefeuilles lourds prendront place une loge derrière la classe présidentielle. A une petite modification près, Nicolas Sarkozy a choisi de se faire accompagner à Alger avec autant de membres du gouvernement que lors de ses précédents séjours au Maroc, aux Etats-Unis et en Chine. « Numéro deux » du cabinet Fillon, le ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durable sera au premier rang de l'équipe ministérielle, aux côtés de ses homologues de l'Economie, des Finances et de l'Emploi, Christine Lagarde, de la garde des Sceaux, Rachida Dati, de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, et du secrétaire d'Etat à la Défense, chargé des anciens Combattants, Alain Marleix. Loin d'être un banal choix protocolaire, la liste des accompagnateurs ministériels de Sarkozy lève un coin du voile sur l'agenda de la visite d'Etat et les dossiers qui seront au coeur des discussions entre membres des deux délégations. Dans l'entourage du successeur de Jacques Chirac, on fait valoir, à grands traits, une visite d'Etat à facettes multiples. « Elle aura lieu sous un triple triptyque: échanger, former, investir », une formule au moyen de laquelle les communicants de l'Elysée réfutent l'idée d'un déplacement mû par les seules motivations de négoce. «C'est une visite dédiée à la promotion de la coopération et à l'ancrage de l'investissement français en Algérie», dit-on dans l'entourage du chef de l'Etat. A défaut de traité d'amitié, Nicolas Sarkozy vient à la rencontre du chef de l'Etat avec, dans ses bagages, le projet d'une « Convention de coopération globale » ou « traité d'amitié simplifié », selon la dernière-née des formules diplomatiques qui se murmurent dans les bureaux capitonnés de part et d'autre de la Méditerranée. A Paris, on rappelle à des journalistes visiblement surpris par une telle annonce que la « Convention de coopération globale » est loin d'être une nouveauté dans la chronologie de la relation franco-algérienne. « Signée en 1990 », elle est arrivée à échéance. La visite d'Etat de Nicolas Sarkozy vient à point nommé pour la rafraîchir et la prolonger dans le temps afin qu'elle serve de « cadre » de référence à une coopération tous azimuts entre les deux pays. Comme l'indiquait Le Quotidien d'Oran dans son édition du 20 novembre, Nicolas Sarkozy embarquera à bord de l'Airbus tricolore avec 150 patrons et capitaines d'industrie. La moitié des entreprises représentées sont étiquetées au rang des grands groupes de l'Hexagone et « émargent » - à coup d'indices haussiers - à la bourse de Paris. Candidat d'abord, élu ensuite, le locataire de l'Elysée n'a jamais fait mystère de sa prédilection pour la diplomatie économique. Ministre des Finances, il s'était singularisé à la faveur d'une visite de travail à l'été 2004 à Alger par une formule qui avait fait le tour des rédactions parisiennes: « J'embarque avec moi la moitié du CAC 40 », l'indice de référence de la place financière parisienne. Alors que la déclaration du ministre algérien des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, n'en finit pas de s'inviter dans le débat médiatico-politique et que les dommages de la loi du 23 février 2005 continuent de résonner, Paris s'emploie - de son mieux - à en atténuer les effets. Dans l'entourage présidentiel, on souligne l'attachement résolu de la France à une «relation bilatérale d'avenir sans tourner le dos au passé». S'il ne va pas en Algérie avec, dans son attaché-case, un discours présidentiel jalonné du mot repentance, Nicolas Sarkozy - qui répète à satiété qu'il n'est pas issu de la génération de la guerre d'Algérie - compte bien dédier quelques paroles au passé sanglant entre les deux pays. A en croire quelques éléments de langage chuchotés du bout des lèvres par les personnes chargées de mettre en musique sa parole officielle, le cadet des chefs d'Etat de la Ve République se livrerait à l'occasion à quelques égratignures contre le « système colonial ». Cela pourrait se dire lors de son discours à l'Université de Constantine, au troisième et dernier jour de sa visite. Une source française n'exclut pas, par ailleurs, que le chef de l'Elysée fasse part, lors de ce déplacement, de son opposition à toute forme de racisme, d'antisémitisme et d'islamophobie. Autant dire que les récents propos du ministre des Moudjahidine s'inviteront, d'une certaine manière, à l'agenda du voyage algérien de Sarkozy.
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Posté Le : 02/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : L'un De Nos Correspondants A Paris: S Raouf
Source : www.lequotidien-oran.com