La visite «amicale et de courtoisie» du président Moubarek, hier à Alger,
fait les choux gras de tous les titres de la presse du Caire. On y souligne que
Hosni Moubarek est venu présenter ses condoléances au président Bouteflika et
que c'est le premier déplacement depuis «la crise footballistique» de novembre
dernier.
La presse cairote se demande si cela va dégeler les relations bilatérales
et elle revient longuement sur la «crise footballistique», souvent en soufflant
sur la braise. El Masri El Youm choisit de prendre l'angle des «frères
Bouteflika» pour traiter la visite de Moubarek à Alger. Pour ce quotidien,
«Saïd a mené la campagne d'escalade contre l'Egypte… et le décès de Mustapha
contribue à apaiser l'atmosphère». «C'est le décès du docteur Mustapha
Bouteflika, vendredi dernier, qui est venu imposer une nouvelle réalité moins
crispée dans les relations égypto-algériennes après le déplacement du président
Hosni Moubarek pour présenter ses condoléances à son homologue, à l'occasion de
la première visite en Algérie depuis la crise politique de novembre dernier»,
écrit El Masri El Youm.
«El Masri El Youm» poursuit sa guerre
Il attribue cette crise «à des accusations mutuelles d'agressions des
deux équipes par les publics des deux pays» lors des éliminatoires de la Coupe
d'Afrique et du monde 2010. Ce journal, représentatif d'une presse égyptienne
présumée «people» affirme que l'une des causes de cette situation est «l'autre
frère du président, Saïd». El Masri El Youm ravive la tension en affirmant
qu'il aurait contribué à «l'escalade des agressions contre les intérêts et les
ressortissants égyptiens en Algérie, ainsi que contre les supporters qui ont
accompagné l'équipe égyptienne à Oum Doumrane». C'est trop pour un seul homme,
serait-on tenté de dire.
El Masri El Youm en rajoute une
louche en affirmant que le bras médiatique de Saïd Bouteflika «est le journal
Echorouk El Yaoumi… dont il est un des financiers» (sic). Ce support papier du
bord du Nil revient sur les péripéties de la fin de l'année dernière en
concluant que le 25 novembre dernier un certain Djamel Abou Daïf, spécialiste
en droit pénal, a saisi un procureur général nommé Abdelhamid Mahmoud contre
Saïd Bouteflka, l'accusant d'être «responsable de tous les évènements de
destruction et de violence dont a été victime le public égyptien après la
rencontre de Khartoum».
«L'Egypte ne se rabaisse pas»
Ce n'est pas du côté de El Masri El Youm qu'il faut chercher un discours
d'apaisement. D'ailleurs, d'autres articles soulignent que «les partis et les
forces politiques divergent sur le sens à accorder à la visite de Moubarek en
Algérie». Il se fait l'écho des «têtes dures» égyptiennes, tel que le
conseiller du parti gouvernemental Wafd Mustafa Taouil, qui estiment en
substance que l'Egypte n'est pas responsable de ce qui est arrivé en novembre
dernier et que «l'Egypte est un grand pays qui ne se rabaisse pas».
Le quotidien Al Shaab, par
contre, positive la visite à Alger du Raïs égyptien. Il met en valeur le fait
que les presses égyptienne et algérienne se soient retrouvées côte à côte. En
même temps, il cite l'ex-ambassadeur d'Egypte à Alger, Abdellah El Achghal, qui
affirme que «cette visite montre que l'Egypte est soucieuse de la restauration
des relations entre les deux pays», tout en estimant «que la partie algérienne
doit accomplir un pas similaire».
L'institutionnel Al Ahram, de son
côté, n'a pas versé dans le «peoplisme» d'El Masri El Youm. Le doyen de la
presse égyptienne, qui se fait l'écho de la position étatique, a centré sa Une
sur l'accueil favorable réservé par la presse algérienne à la visite du
président Moubarak. A l'évidence, on retrouve - comme le Quotidien d'Oran le
signalait hier - une perception étatique soft des relations entre les deux
pays, somme toute naturelle. Les Etats peuvent s'arranger mais pas forcément
les opinions qui n'oublient pas ce qui s'est passé. Il est vrai, comme en est
encore l'expression concrète aujourd'hui El Masri El Youm, qu'une presse de
caniveau a contribué à creuser un fossé entre les peuples algérien et égyptien
et qu'il faudra beaucoup de temps pour le combler. Une visite «d'amitié et de
courtoisie», seule, ne suffira pas.
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Posté Le : 06/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oualid Ammar
Source : www.lequotidien-oran.com