Algérie

Visite de m.François hollande en algérie: La nature répressive du système colonial sera-t-elle évoquée'



A la veille de la visite de travail du président de la République française, M. François Hollande, en Algérie, plusieurs historiens ont estimé qu'une nouvelle étape est attendue dans les relations algéro-françaises, à l'image du spécialiste de la guerre d'Algérie (1954-1962), Benjamin Stora, qui a affirmé qu'il prévoyait dans les prochains gestes du président Hollande, un discours qui aborde la nature répressive du système colonial, ou de rencontres avec des acteurs de la guerre d'indépendance algérienne, ou des Français ayant participé à la bataille pour l'indépendance. "Il y a encore beaucoup de choses à dire, à faire sur la période de la colonisation. Mais ce travail a déjà commencé depuis de nombreuses années par les historiens des deux rives, et surtout par les nouvelles générations de chercheurs qui dévoilent les vérités sur cette histoire", a-t-il souligné, estimant que les présidents français et algérien devront tenir compte de tous ces travaux. Le 17 octobre dernier, le président François Hollande avait affirmé que la République reconnaissait avec lucidité la répression sanglante qui s'était abattue sur les Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, un geste, du reste, officiellement salué par Alger. Tout en estimant que le chef de l'Etat français, en faisant cette reconnaissance, se démarque de ses prédécesseurs en mettant fin à un mensonge d'Etat qui a perduré 51 ans, l'historienne Linda Amiri relève, quant à elle, que cette reconnaissance demeure insuffisante sur le fond comme sur la forme. "Il s'agissait d'un communiqué de presse "un peu lapidaire" où le crime n'est pas qualifié, et où les responsables ne sont pas nommés. De fait, même si elle émane d'un président français en exercice, cette reconnaissance ne peut clore le chapitre mémoriel de la guerre d'indépendance", a-t-elle opiné, concédant que c'est un signe d'apaisement et, espérons-le, l'amorce d'une nouvelle page des relations entre la France et l'Algérie. De son côté l'historien Jean-Luc Einaudi a plaidé pour que l'Etat français reconnaisse aujourd'hui le caractère légitime de l'insurrection algérienne contre la domination coloniale et pour l'indépendance nationale, et le caractère fondamentalement injuste de la guerre menée par l'Etat colonial français. "Cinquante ans après la proclamation de l'indépendance algérienne, cela marquerait qu'enfin l'Etat français reconnaît l'histoire", a-t-il estimé. Tout en qualifiant "d'étape importante" la reconnaissance par le président français de la répression sanglante du 17 octobre 1961, l'auteur de "La bataille de Paris - 17 octobre 1961" a estimé que cette répression n'a constitué qu'un "crime parmi beaucoup d'autres commis par l'Etat colonial français, sous les IVème et Vème République française, pour tenter d'écraser le combat pour l'indépendance algérienne". "Je pense notamment à ces crimes d'Etat qui ont constitué les condamnations à mort de combattants algériens du FLN et de l'ALN par des tribunaux militaires, suivies dans 214 cas d'assassinats par la guillotine, dans les prisons d'Algérie mais aussi en France", a-t-il précisé, relavant que "l'Etat français a violé les conventions internationales concernant le traitement des prisonniers de guerre". Pour l'historien, cela doit être "reconnu et un hommage doit être rendu aux combattants victimes de ces crimes". A ses yeux, le président Hollande se trouve face à une "difficulté politique particulière". Il situe, selon lui, son action dans le sillage de son prédécesseur, de 1981 à 1995, François Mitterrand, qui demeure la référence d'une partie essentielle des forces actuellement au pouvoir en France.
La France doit reconnaitre son fait colonial en Algérie
D'anciens responsables de la Fédération de France du Front de libération nationale ont affirmé, quant à eux, qu'ils s'attendaient à "des pas plus importants" du Président français que celui franchi le 17 octobre dernier. Mohand Akli Benyounès, dit "Daniel", ancien cadre de la Fédération de France du FLN dans la région de Paris, a déclaré "retenir le grand pas en avant" de Hollande (reconnaissance de la répression des manifestations du 17 octobre 1961), exprimant, à cette occasion, son espoir que "ce geste soit suivi de pas plus importants". "Je n'ai aucun ressentiment à l'égard de l'Etat français en tant que tel, mais la reconnaissance de son fait colonial en Algérie s'impose", a-t-il dit, estimant que la "France qui s'érige parfois en donneur de leçons, vis-à-vis de la Shoah, du génocide arménien risquant même de rompre les relations diplomatiques avec la Turquie, doit d'abord balayer devant sa porte". De son côté, l'ancien moudjahid Mohamed Ghafir, dit Moh Clichy, également membre de la Fédération de France du FLN, s'est dit satisfait du premier pas de Hollande en reconnaissant les massacres d'Algériens il y a 51 ans dans la capitale française. "Cela pourrait augurer de la signature du traité d'amitié que les présidents Français, Jacques Chirac, et algérien, Abdelaziz Bouteflika, ont appelé de leur v'ux", a-t-il souhaité, rendant un hommage appuyé aux 4 000 membres des réseaux Jeanson et Curiel, et des autres anonymes qui avaient prêté main forte à la Révolution de Novembre 1954.


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