Algérie

Visas : l'Algérie se fait désirer



Comme si des quatre continents, le monde se bousculait pour venir visiter notre grand et beau pays, le ministère des Affaires étrangères a décidé d'augmenter le prix des visas de séjour en Algérie. Difficile de savoir les motivations de cette mesure. Si c'est pour « impressionner » le citoyen par l'illusion que l'Etat est en train de restaurer son aura internationale par le principe de ferme réciprocité, c'est déjà mal barré, parce qu'au sein de l'opinion nationale, l'information doit passer inaperçue. D'abord en raison de cette évidence : elle manque d'intérêt parce qu'elle ne concerne pas vraiment les Algériens, plutôt attentifs en la matière à tout ce qui se fait dans? le sens inverse. Et encore ! S'ils sont attentifs à tout ce qui a trait à l'octroi du sésame pour un autre pan du ciel, ils ne le sont pas particulièrement pour ce « détail ». Déjà qu'ils acceptent de payer des demandes dont les proportions d'aboutissement rétrécissent chaque jour un peu plus, ils ne vont pas chipoter pour quelques centaines de dinars de plus. C'est généralement au bout de dizaines de tentatives infructueuses d'obtention d'un visa pour tous les pays possibles et imaginables que de jeunes Algériens se résignent à la? harga. Une aventure qu'ils paient aussi au prix fort aux « passeurs », sans rechigner. Après de durs labeurs, de patientes attentes et de douloureuses privations, ils vont prendre le large, même pas dissuadés par le risque de mourir en haute mer ou de finir dans un centre de rétention avec la plus redoutée des perspectives, celle du? retour au pays. Quand on débourse sans compter pour de si aléatoires ou, pire, de si périlleux débouchés, le tarif d'un permis d'aller ailleurs, même exorbitant et incertain devient dérisoire. L'un dans l'autre, le mode de gouvernance qui a conduit à ces désespérances est le même qui a fait que le monde ne se bouscule pas pour venir en Algérie et le relèvement des prix du visa nous le fait rappeler. Plutôt que de nous convaincre que notre prospérité est telle que le pays est envahi par les étrangers ou, plus prétentieux, que nous pouvons nous en passer, cette mesure nous renvoie à la posture de l'hôpital qui se moque de la charité. Trois longues et douloureuses décennies depuis que nous sommes dramatiquement coupés du monde n'ont manifestement pas suffi à nos gouvernants. Ni à investir enfin dans de nouvelles idées qui peuvent nous sortir de la panne permanente, ni même à entreprendre quelques? évidences. Augmenter le prix des visas n'est peut-être pas déterminant dans la persuasion-dissuasion de venir en touriste, encore moins en investisseur. C'est pourtant un indicateur. Si on est incapable d'un encouragement aussi dérisoire pour attirer l'étranger, on se demande ce qu'il en est des intéressements, plus sérieux, susceptibles de le faire venir.S. L.


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