Algérie

Violents affrontements dans la vieille ville Ghardaïa : la Fête du tapis 'chahutée"



L'on dénombre une dizaine d'arrestations parmi les militants des droits de l'Homme et une autre dizaine parmi les émeutiers alors que les forces de l'ordre enregistrent quelques blessés.
Les heurts entre chômeurs et policiers qui ont eu lieu lors des festivités d'ouverture de la 46e Fête du tapis traditionnel de Ghardaïa se sont vite transformés en violents affrontements entre policiers et quelques jeunes de la vieille médina de Ghardaïa. Il semble que l'arrestation des militants des droits de l'Homme a été à l'origine de ces heurts. L'avenue Emir-Abdelkader où sont installées les plus grandes banques de la place a été complètement vandalisée, Société Générale et le DAB de l'ancienne agence du CPA ont fait les frais de la fureur des émeutiers. Il ne reste pratiquement plus rien ni de la porte d'entrée ni du distributeur automatique de billets et même les faux plafonds ont été arrachés.
L'ancienne auberge de jeunesse, actuellement centre d'animation de la jeunesse, a aussi été 'visitée", les grilles d'entrée, la belle porte en bois massif et les vitraux ont été saccagés. Le bitume est entièrement jonché de pierres, de troncs d'arbre et de toutes sortes d'objets hétéroclites. Même les cabines téléphoniques ont été arrachées et jetées sur le sol. À notre arrivée, une odeur âcre de gaz moutarde nous a étreint, rendant l'air irrespirable alors que des détonations de grenades lacrymogènes retentissaient.
Deux policiers blessés sont évacués devant nous alors que d'autres policiers en tenue arrivaient en renfort et investissaient les ruelles de la vieille ville. Tout autour, c'est devenu des quartiers fantômes, les gens se sont barricadés chez eux ou sont carrément partis chez des proches dans des quartiers plus tranquilles.
Du jamais vu depuis que cette fête existe il y a près d'un demi-siècle. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés par les forces de l'ordre pour disperser des centaines de jeunes qui ont investi le parcours que devait prendre la procession de chars (camions habillés de tapis et de produits artisanaux de la région) pour la parade d'ouverture, parcours le long duquel un impressionnant cordon de sécurité était mis en place, ce qui n'augurait déjà rien de bon.
Il faut dire qu'en quelque sorte, ils ont réussi à gâcher cette fête puisque les festivités, qui n'ont pas dépassé les 30 minutes, ont été réduits au strict minimum par rapport aux années passées quand celles-ci duraient toute la matinée avec les traditionnels groupes folkloriques qui égayaient le parcours avec leurs zornas et leurs karabilas qui détonaient le baroud à profusion, témoin obligatoire et incontournable de toute espèce de fête du Sud.
Pour l'instant et au milieu de l'après-midi d'hier, on nous dit qu'il y a eu une dizaine d'arrestations parmi les militants des droits de l'Homme et une autre dizaine parmi les émeutiers alors que les forces de l'ordre enregistrent quelques blessés sans gravité. Au vu de la tournure que prennent les évènements, la nuit risque d'être longue.
L. K


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