Algérie

Violences faites aux femmes: pour un système d'informations unifié



Des militantes pour les droits des femmes ont plaidé, mercredi à Alger, pour la mise sur pied d'un système d'informations national "unifiant" les données relatives aux violences à l'égard des femmes, relevant les avancées juridiques enregistrées dans ce domaine et ce qui reste à concrétiser."Il nous faut un système d'informations unifié qui nous doterait d'indicateurs fiables sur le phénomène des violences à l'égard des femmes, à l'échelle nationale, et qui serait piloté par une institution", a déclaré la présidente du Centre d'Information et de Documentation sur les Droits de l'enfant et de la femme (Ciddef), Nadia Ait-Zaï.
Intervenant lors d'une rencontre organisée à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, annuellement célébrée le 25 novembre, la juriste a défendu l'idée d'une "plate-forme" réunissant l'ensemble des statistiques dont dispose, de manière séparée, les différentes institutions activant pour la lutte contre ce phénomène et pour la prise en charge des victimes.
Auparavant, elle avait passé en revue les avancées réalisées en Algérie en matière de protection des droits des femmes et plus particulièrement s'agissant de la protection juridique et de l'assistance des victimes des agressions, "se félicitant" notamment de l'existence, depuis 2015, de la loi incriminant ces actes.
Un acquis renforcé par la Constitution de 2020, se traduisant par l'introduction des notions de "femme", en place et lieu de "citoyenne", ainsi que de "conjoint et de victime", dés lors que la question des violences relève de l'approche dite du "genre", a-t-elle ajouté.
Mme Ait-Zaï, par ailleurs présidente de "la Fondation pour l'Egalité", a également souligné l'importance de considérer le viol comme étant un "crime", passible en vertu de la même loi de 15 ans de réclusion, tout en appelant, toutefois, à la promulgation d'ordonnances préconisant "l'éloignement" des auteurs des agressions de leurs victimes. Et de faire savoir, à ce propos, que, depuis le début de l'année en cours, 49 féminicides aient été enregistrés, selon les données du site spécialisé "Féminicides Algérie".
Elle a également réitéré son plaidoyer concernant la mise en place d'un "guichet unique" au niveau des commissariats de police, chargés d'accueillir les plaintes des femmes violentées, de même que des "sections spécialisées" au niveau des tribunaux, l'enjeu étant d'assurer aux plaignantes "un meilleur suivi" sur les plans juridique et psychologique.
Tout en saluant également les dispositions du Code pénal amendé en faveur des femmes victimes de violences, l'ancienne présidente de la Commission des Femmes travailleuses de l'Union générale des Travailleurs algériens (UGTA), Soumia Salhi, a déploré que "l'on soit toujours face à des chiffres épars qui ne rendent pas compte de la réalité de la question".
Soumia Salhi a souligné que les données existantes à ce sujet, par ailleurs différentes d'une source à une autre, "ne reflètent que celles qui ont déposé plainte", en s'interrogeant "combien sont-elles" celles qui n'ont pu le faire, avant de réitérer son appel pour que l'Algérie ratifie la Convention 190 de l'Organisation internationale du Travail (OIT), sur le travail et le harcèlement, en vigueur depuis 2020.
A son tour, Dr Zahia Cherfi, consultante sur les questions du genre, a insisté sur "l'extrême importance d'avoir une banque de données pour mieux situer la problématique", notant que "si les données à ce sujet émanent de diverses institutions, il y a lieu de les corréler afin de pouvoir évaluer l'évolution de ce phénomène et mieux le lutter"
A ce propos, elle a fait observer que même les associations de défense des droits des femmes ne disposent pas de statistiques précises sur leur travail en faveur de ces dernières, de sorte à se faire une idée sur le nombre des victimes ayant bénéficié de l'appui juridique et de l'assistance psychologique et autres.
Elle a expliqué que la violence est définie comme étant "tout acte dirigé contre la femme causant des souffrances physiques, morales et nuisant à sa santé, sa sécurité et sa dignité", d'où son inscription dans le registre des "violations des droits de l'Homme".


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