Algérie

Violences contre les Sahraouis à Gdeim Izik: Le Parlement européen demande une enquête



Le Parlement européen a condamné jeudi les violentes interventions des forces de sécurité marocaines le 8 novembre dernier contre le camp de Gdeim Izik, installé par les Sahraouis près de Laâyoune occupée pour protester contre leurs conditions de vie et l'absence de solution pour la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental.

 Jeudi, les eurodéputés ont été très clairs sur cette question en adoptant une résolution qui condamne «fermement les violents incidents» qui se sont produits dans le camp de Gdeim Izik. Exprimant sa «profonde préoccupation face à la nette détérioration de la situation au Sahara Occidental», le Parlement considère que les Nations unies constitueraient l'organisation «la plus à même de mener une enquête internationale indépendante en vue de clarifier les événements, les décès et les disparitions» après l'intervention des forces de sécurité marocaines pour démanteler le camp de Gdeim Izik. Tout en «regrettant les atteintes à la liberté de la presse et de l'information auxquelles ont été exposés de nombreux journalistes européens», les eurodéputés demandent au Maroc d'autoriser la presse, les observateurs indépendants et les organisations humanitaires à «accéder librement au Sahara Occidental et à y circuler en toute liberté». En outre, ils insistent, également, sur la «nécessité d'inviter les organes des Nations unies à proposer l'instauration d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme au Sahara Occidental».

 Par ailleurs, la résolution des eurodéputés rappelle le soutien de l'Europe à la reprise des pourparlers entre les parties au conflit (Maroc et Front Polisario) en vue de parvenir à une «solution juste, durable et mutuellement acceptable, qui soit conforme aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies» et demande à l'UE d'»exiger du royaume du Maroc qu'il se conforme au droit international en ce qui concerne l'exploitation des ressources naturelles au Sahara Occidental».

 Pour de nombreux eurodéputés, la résolution place en fait les Nations unies dans une nouvelle position par rapport aux événements du 8 novembre à Laâyoune occupée : une position qui ne doit plus être celle du déni de justice pour un peuple spolié de sa liberté, et que l'envoi d'une mission d'enquête onusienne ne soit plus empêché par un droit de véto qui, souvent, protège les agresseurs. Le député (espagnol) du groupe de gauche, Willy Meyer, estime que l'adoption d'une telle résolution est en soi une «performance» et intervient «au grand dam de l'administration marocaine qui a dû user de pressions pour que cette question ne soit pas portée à l'hémicycle européen». Pour la députée des Verts Nicole Kinelson, l'adoption d'une telle résolution est une «avancée» du fait, surtout, que l'UE «réclame, désormais, une commission d'enquête internationale, sous les auspices de l'Onu, pour faire la lumière sur ce qui s'est passé à El-Ayoun occupée».

 Le représentant du Front Polisario en Europe, M. Ahmed Beissat, avait affirmé dans un communiqué rendu public que la résolution adoptée par le Parlement européen sur le Sahara Occidental est une «vive condamnation des crimes marocains contre les civils sahraouis». Il a estimé que la résolution contenait les «principaux» éléments devant permettre au PE de «contribuer grandement à la poursuite de la paix et de la justice au Sahara Occidental».

 Par ailleurs, plusieurs élus européens de gauche se sont indignés du fait que le chef de la diplomatie marocaine, Taeib Fassi Fihri, s'est rendu la semaine dernière à Bruxelles pour donner aux chefs des groupes politiques du Parlement européen des «éclaircissements» sur les événements du 8 novembre. «Pour une fois, les pressions du Maroc n'ont pas triomphé», s'est félicité à ce propos M. Romeva i Rueda. «Il faudrait dire au royaume du Maroc qu'ici, ce n'est pas son parlement», a ajouté Willy Meyer (extrême gauche). «Cette intrusion permanente de l'administration marocaine dans notre institution, c'est inacceptable», a-t-il ajouté. Le Parlement a ajouté, dans sa résolution, que les «Nations unies constitueraient l'organisation la plus à même de mener une enquête internationale indépendante en vue de clarifier les événements, les décès et les disparitions» survenus au camp de Gdeim Izik.

 Plus d'une dizaine de Sahraouis ont été tués, certains sous la torture ou par balles, et des centaines de blessés durant ces incidents.

 La semaine dernière, le Conseil de sécurité de l'Onu avait refusé d'envoyer une mission d'enquête sur ces événements, la France ayant fait prévaloir son droit de veto.




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