Algérie

Violences contre les femmes en Algérie



Les psychologues tirent la sonnette d’alarme Les violences dont sont victimes les femmes dans la société algérienne, ont fait l’objet d’un colloque organisé jeudi dernier à Alger par la Fondation Mahfoud Boucebci «Recherche et culture», en présence de psychiatres et psychologues. L’occasion pour les différents intervenants de mettre en relief, dans leurs exposés respectifs, la nécessité pour l’Etat de mettre en place des mécanises qui serviraient de digue à ce phénomène qui prend de l’ampleur, du fait des changements et traumatisme qu’a vécu notre société. Ainsi, le psychologue criminologue Farid Bencheikh a cité des chiffres qualifiés d’»alarmants» quant au nombre de cas de mauvais traitement infligés aux femmes, enregistrés dans le pays en 2005, et indiqué que plus de 5.000 femmes ont été victimes de violences physiques, 277 autres ont subi des violences sexuelles, alors qu’il a relevé 64 cas de harcèlement sexuel. Au cours de ce colloque, organisé sous le thème : «Violences faites aux femmes, du mythe à la réalité», en hommage au professeur Mahfoud Boucebci, lâchement assassiné par la horde terroriste un certain 15 juin 1993, M. Bencheikh a indiqué que «la symbolique de la femme» dans la société algérienne, qui se limite en premier lieu, selon lui, au «sexe faible, fécondité et fertilité», a impliqué près de 1.600 femmes dans des affaires de criminalité. Parmi cet effectif, a-t-il ajouté, 119 sont des mineures, dont une cinquantaine ont moins de 13 ans. Pour sa part, le Dr Ammar Aouchiche, psychiatre, a évoqué les différentes violences commises contre les femmes, estimant que les violences subies sont identiques, quel que soit le statut socioprofessionnel et culturel de la victime, ainsi que de l’agresseur. Il a rappelé, à ce propos, les résultats rendus publics d’une enquête menée durant cette année par l’Institut national de santé publique (INSP), réalisée sur un échantillon de 9.033 femmes, qui ont démontré que 50% des femmes sont victimes de violences conjugales, soit un couple sur deux. Le Dr Aouchiche a expliqué que «la soumission de la femme est admise par la société algérienne», vu le silence remarqué des victimes et l’exercice de l’autorité parentale. Il a encore estimé que les traditions sociales incitent la femme victime de viol, à «étouffer» l’agression par pudeur et culpabilité, car, cet acte constitue, «un tabou et une honte», aux yeux de la société. Par ailleurs, la psychiatre Chahinez Mellah, a évoqué le sujet de l’inceste dans la société algérienne, citant quelques cas d’adolescentes victimes de ces perversités familiales, pratiquées dans un silence «complice» des membres de la famille, afin d’éviter, a-t-elle dit «le déshonneur». Or, ce comportement ne fait que «prolonger cette souffrance», a-t-elle soutenu.


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