Algérie

Violences à venir



Violences à venir
L'absence de référence religieuse officielle, ou du moins consensuelle et légitime, apte à formuler les fatwas ou même les orientations générales face aux questionnements de la société, permet toutes les dérives. Même l'aventure sanguinaire, pleine de haine et d'intolérance, qui marque l'Algérie depuis la fin des années 1980, n'a pas donné de leçon à un régime incapable de produire des références culturelles ou identitaires. Le pays, avec la complicité de médias écrits et audiovisuels, sombre dans une course effrénée à la fatwa la plus polémique, la plus rétrograde, allant même à définir le cadre de ses décrets illégaux comme substitut à la raison et aux lois de la République déjà bien malmenées. Il y a quelque années, le débat autour de la création d'une autorité de fatwa (dar el ifata') a été laissé en suspension, le pouvoir ayant choisi de ne pas décider et de laisser la société se débrouiller comme elle pouvait pour trouver réponse à la difficile équation entre la vie de tous les jours et l'attachement à la religion.Le retour à une autorité de fatwa ne veut pas dire seulement un désir de se ligoter à une centralité de la pensée religieuse, mais il s'agit plutôt de créer un cadre légal, identifié, comptable de ses faits, où le débat autour des décrets religieux, des idées et des polémiques. Or, c'est exactement le contraire que nous vivons, avec ces autorités informelles qui parasitent la pensée et attisent la confusion entre religion et intolérance, show et responsabilité, et qui offrent une sorte de religiosité au rabais à des générations privées de l'ancrage dans notre propre identité.Créer un débat, donc, et surtout ouvrir les portes de l'ijtihad, de la remise en cause des tabous et de l'actualisation des textes, comme le réclament des sommités religieuses modernistes musulmanes à travers le monde et aussi chez nous. Car livrer ainsi la société à la surenchère des chouyoukh autoproclamés ou d'autres obscurs imams d'obédience wahhabite risque de nous faire retomber dans les mêmes crises violentes que l'Algérie a connues (et continue à connaître). On a vu les appels haineux à Ghardaïa, la poursuite du recrutement des jeunes dans les rangs terroristes et les campagnes surréalistes contre les femmes ou les religions du livre (et même contre d'autres courants de l'islam) : autant d'alarmants prémices de violences à venir.




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