Algérie

Violences



Violences
«La violence est le dernier refuge de l'incompétence.» Isaac Asimov
Le mois sacré est vécu et ressenti par la majorité des citoyens comme un moment où s'exacerbent toutes passions longtemps gardées sous le boisseau. La baisse de glycémie aidant, les gens donnent libre cours à une violence irraisonnée et les gnons s'échangent aussi facilement que les billets dans ces marchés de dupes.
Les rixes sont nombreuses: on signale même ici et là, des affrontements de bandes rivales qui remettent au goût du jour les combats à l'épée. Il faut dire que nous vivons un monde impitoyable. Il devient même dangereux d'exister. Les relations entre les individus se détériorent de plus en plus et chaque jour qui passe voit les antagonismes s'aiguiser. Le dur métier de vivre devient chaque jour plus difficile à exercer.
Personne ne peut nier l'accumulation des problèmes qui risquent de faire sauter à tout moment les soupapes de sécurité.
D'abord, il y a le chômage qui frappe une écrasante majorité de la jeunesse, qui est contrainte, après avoir frappé à toutes les portes vainement, après s'être heurtée à tous les murs, tenté tous les moyens d'évasion à sa portée de se réfugier dans les solutions extrêmes où la confinent les colères trop longtemps contenues. Il y a aussi le problème de la surpopulation des logements: les familles s'agrandissent et les murs refusent de suivre le mouvement. Alors, l'ambiance est électrique (encore faut-il ajouter aussi les contrariétés des délestages qu'il faut ajouter à la somme des frustrations), le cercle de famille n'est plus ce qu'il était, une simple étincelle suffit pour provoquer la catastrophe. D'ailleurs, même dans les immeubles où résonnent jusqu'à une heure du matin les cris de bambins abandonnés à eux-mêmes, les relations entre les locataires se tendent chaque jour un peu plus.
On se croise, on échange un rictus et on se tourne le dos en priant d'avoir un jour la chance d'aller installer ses pénates dans un endroit plus calme. Cela a pourtant bien commencé quand il s'est agi d'installer une parabole collective: tout le monde a mis la main à la poche.
Pour gérer les espaces verts aussi, presque tout le monde y a mis du sien. Mais quand certains ont commencé à squatter les caves, alors rien n'allait plus. Les marteaux ont commencé à voler après les injures: même la justice est sollicitée pour délimiter le tien du mien. Les nuisances sonores ont alors commencé à prendre le dessus. Certains commencent à bricoler après onze heures du soir. La perceuse et le marteau sont les principaux instruments de musique utilisés dans la cacophonie générale qui s'est installée dans l'immeuble.
On entend même tard dans la nuit, les gémissements d'une roue de brouette poussée par un insomniaque entêté. Alors ont commencé les réparations à répétition: on remplace les carreaux de plâtre vermoulus par l'humidité, par des briques et le gerflex ou le carrelage de troisième choix par la dalle de sol. Alors c'est une pluie de gravats, de ciment et de plâtre qui envahit l'immeuble. Les gravats sont jetés par la fenêtre: c'est plus rapide ou par les vides sanitaires: pas vu, pas pris.
Le sommeil devient une chose rare. Le caractère s'aigrit et le dialogue n'existe plus entre les colocataires qui ne paient la femme de ménage qu'individuellement. La pauvre femme doit frapper à chaque porte et quelquefois à plusieurs reprises pour avoir son dû.
Alors, pour l'ascenseur, c'est un autre problème insoluble...
Enfin, tous les ingrédients pour une explosion de la violence sont là. On s'étonne alors lorsqu'un individu assomme, égorge, étripe quelqu'un qui est venu juste ajouter la goutte superflue «celle qui fait déborder le récipient de la patience».


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