Algérie

Violence et terrorisme d'Etat (1962 ' 2001)



Je reprends une chronologie que j'avais publié en 2001, concernant la violence et le terrorisme du régime de 62 à 2001, date de la rédaction de cette chronologie, pour attirer l'attention de notre jeunesse qui n'a pas vécu cette période, sur la nature criminelle de ce régime illégitime qui continue à ce jour à user de la violence comme moyen de gestion politique.Violence et terrorisme d'Etat (1962-2001) ? Chronologie
Chronologie non exhaustive
Salah-Eddine Sidhoum, publié par algeria-watch en septembre 2001
3 juillet 1962 : Indépendance de l'Algérie.
25 juillet 1962 : l'armée des frontières aidée d'éléments de la wilaya I s'empare des villes de Constantine, Annaba et Skikda : 50 morts. Plus de 100 citoyens sont arrêtés.
30 juillet 1962 : Mohamed Boudiaf, membre fondateur du FLN et ministre du GPRA est arrêté à M'sila par des militaires de la wilaya I, agissant pour le compte de l'armée des frontières.
20 août 1962 : Des hommes armés à la solde de l'armée des frontières tirent sur des maquisards de la wilaya 4 à Alger : nombreux morts et blessés.
29 août 1962 : Violents accrochages entre éléments infiltrés de l'armée des frontières et maquisards de la wilaya 4 à Alger : plus d'une dizaine de morts.
30 août 1962 : L'armée des frontières attaque les maquisards de l'ALN sur plusieurs fronts : Boghari, Masséna, Sour El Ghozlane et Sidi Aïssa. A L'aide de leur armement lourd, ils provoquent un véritable carnage dans les rangs des maquisards et de la population. Des témoins locaux parlent d'un millier de morts.
1er septembre 1962 : Violents affrontements entre l'armée des frontières et les maquisards de la wilaya 4 à Boghari : plusieurs dizaines de morts et de blessés.
4 septembre 1962 : violents combats entre l'armée des frontières et des maquisards à El Asnam : 75 morts
7 septembre 1962 : Violents accrochages entre l'armée des frontières et des maquisards de l'ALN dans la vallée du Chélif (Chlef) : Plus de 120 morts.
9 septembre 1962 : l'armée des frontières fait son entrée à Alger après plus de deux mois de combats et plus de 1500 morts.
11 avril 1963 : Mohamed Khemisti, ministre des Affaires Etrangères de Ben Bella est tué par balles près du siège de l'assemblée nationale par un homme traité de « malade mental ». Ce « fou » sera « suicidé » quelque temps après dans sa cellule. Bouteflika, l'un des hommes-clés de Boukharouba prend alors le portefeuille des Affaires étrangères.
13 juin 1963 : Mansour Youcef, secrétaire général de l'Organisme saharien est kidnappé par des hommes armés de la police politique au café Le Strasbourg d'Alger.
21 juin 1963 : Mohamed Boudiaf, membre fondateur du FLN et ministre d'Etat du GPRA est kidnappé au pont d'Hydra par des hommes armés de la police politique. Il sera déporté à Tsabit, dans l'extrême-sud durant près de cinq mois.
14 août 1963 : Le pouvoir d'Alger annonce l'arrestation d'un groupe armé de tendance marxiste constitué d'une trentaine de citoyens dans les maquis de Dra El Mizan (Tizi-Ouzou). Ces malheureux opposants seront horriblement torturés. Le « ministre » de l'information de Ben Bella accuse Israël d'être à l'origine de ce complot !
3 septembre 1963 : Création par Ben Bella de milices « populaires » qui arrêtent, emprisonnent et torturent en toute impunité les opposants au pouvoir.
29 septembre 1963 : Hocine Aït Ahmed et d'anciens maquisards de la guerre de libération nationale de l'Algérois, de la Kabylie et du Constantinois créent le Front des Forces Socialistes (FFS) et décident d'une lutte armée contre la dictature de Ben Bella et de Boukharouba. L'armée des frontières occupe plus particulièrement la Kabylie où une impitoyable répression s'abat sur la population. Elle fera en moins de deux années plus de 400 morts et plusieurs centaines de prisonniers. Saïd Gherib, député à l'assemblée constituante, suspecté de sympathie au FFS est kidnappé par la police politique et meurt sur la table de torture.
6 ? 7 janvier 1964 : Manifestations de citoyens chômeurs à Oran. Violente répression avec de nombreux blessés et des dizaines d'arrestations. Le pouvoir décide de créer les « cours révolutionnaires » (tribunaux d'exception) pour juger les « contre-révolutionnaires « .
Avril 1964 : Campagne de terreur contre les populations de Kabylie. Des centaines de citoyens soupçonnés de sympathie au FFS sont arrêtés et torturés.
16 mai 1964 : Cheikh Mohamed El Bachir El Ibrahimi, président de l'association des Oulémas adresse une lettre ouverte au pouvoir militaro-policier d'Alger pour attirer son attention sur ses dérives du régime et les germes de guerre civile. Malgré son âge (76 ans) et son état de santé, il sera assigné à résidence où il mourra une année plus tard (20 mai 1965).
7 juillet 1964 : Arrestation de Abderrahmane Farès, ancien président de l'exécutif provisoire et député à l'assemblée Constituante. Il sera séquestré dans un centre de torture d'El Biar avant d'être déporté vers Béchar.
19 août 1964 : Ferhat Abbas, 65 ans, ancien président du 1er GPRA et ancien président de l'assemblée Constituante de l'Algérie indépendante est arrêté à son domicile par la police et déporté à Adrar dans le Sud algérien durant dix mois.
1er septembre 1964 : Cinq militants du FFS dont Chemmame Moh Chérif, ancien officier de la guerre de libération nationale, sont fusillés.
3 septembre 1964 : Le colonel Chabani, plus jeune officier supérieur de l'armée de libération nationale et ancien chef de la wilaya VI, est fusillé, après une parodie de procès par l'armée des frontières.
Octobre 1964 : Des dizaines de citoyens sympathisants du FFS sont torturés par la S.M. au centre de torture du chemin Poirson (El Biar). D'autres opposants subissent les mêmes supplices à la clinique psychiatrique de Notre-Dame d'Afrique, sur les hauteurs d'Alger.
12 avril 1965 : Aït Ahmed, membre fondateur du FLN et ex-député de l'Assemblée Constituante est condamné à mort par un tribunal d'exception. Sa peine sera commuée in extremis en perpétuité par Ben Bella alors que certains officiers de l'Etat-major des frontières voulaient son exécution.
19 juin 1965 : Coup d'Etat du colonel Boukharouba contre Ben Bella. Certains citoyens se hasardent à manifester dans l'Est Algérien : 40 morts. Ben Bella sera séquestré durant 14 années sans jugement. On ne lui permettra même pas d'assister à l'enterrement de sa vieille mère.
15 mars 1966 : Vaste campagne de répression contre les militants et sympathisants du FFS. Des dizaines de citoyens seront arrêtés et torturés par la sécurité militaire.
Octobre 1966 : Nombreuses arrestations au sein de l'organisation des étudiants (UNEA) dominée par le PAGS.
4 janvier 1967 : Mohamed Khider, membre fondateur du FLN est assassiné par la sinistre police politique à Madrid. Hocine Aït Ahmed désigne un certain Youcef Dakhmouche, comme étant le tueur.
14 décembre 1967 : Tentative de coup d'Etat du colonel Zbiri contre le colonel Boukharouba. De violents accrochages ont lieu à El Affroun. Des Migs pilotés par des soviétiques bombardent les colonnes blindées des putschistes. Près d'un millier de morts dont de très nombreux civils. Ceux qui dirigeaient les troupes du colonel Boukharouba ne seraient autres que d'anciens sous-officiers déserteurs de l'armée française, selon Tahar Z'biri.
16 décembre 1967 : Le colonel Saïd Abid est « suicidé » dans son quartier général de Blida. Des rumeurs font état de son élimination par deux ex-sous-officiers de l'armée française.
Janvier 1968 : Le colonel Abbés meurt mystérieusement sur la route Cherchell-Alger. Des rumeurs font état de sa liquidation suite au coup d'Etat manqué de Zbiri.
27 avril 1968 : Tentative d'assassinat du colonel Boukharouba au palais du gouvernement. L'attentat est perpétré par d'anciens compagnons du colonel Zbiri.
7 avril 1969 : La Cour « révolutionnaire » d'Oran (tribunal d'exception) condamne à mort par contumace, Krim Belkacem, membre fondateur du FL N.
18 octobre 1970 : Krim Belkacem, membre fondateur du FLN est étranglé dans un hôtel de Francfort (Allemagne) par des tueurs à gage de la sinistre police politique d'Alger. Aït Ahmed cite parmi les tueurs un certain commandant H'mida Aït Mesbah, chef du service opérationnel de la SM.
1971 : Youcef Dakhmouche, ancien membre du MALG, impliqué par certains opposants politiques dans l'assassinat de Mohamed Khider à Madrid est arrêté et emprisonné à El Harrach par la SM. Il sera porté « disparu » depuis cette date.
Juin 1974 : Affrontements entre gendarmes et population à Larbaâ Nath Irathen, suite à l'interdiction de chanteurs kabyles de se produire sur scène : 3 morts.
25 décembre 1975 : une machination orchestrée par la police politique (affaire des bombes d'El Moudjahid) aboutira à l'arrestation d'opposants au pouvoir. Parmi eux se trouvaient Medjeber Mohamed Ousmaïl et Mohamed Haroun, fils de martyr de la guerre de libération. Ils seront accusés d'activités « berbéristes » et subiront les affres de la torture. Medjeber et Haroun seront condamnés le 4 mars 1976 par la Cours de sûreté de l'Etat (tribunal d'exception) respectivement à la peine capitale et à la réclusion perpétuelle. Ils seront incarcérés à la prison de Lambèse. Mohamed Haroun sera soumis à un « traitement psychiatrique » . Ils seront graciés en 1987 et 1988.
Janvier 1976 : Ouarab Madjid, militant pour la culture Amazigh est kidnappé par des éléments de la sécurité militaire. Il sera porté disparu jusqu'en 1977, où son cadavre, en état de décomposition avancée sera découvert.
10 mars 1976 : Ferhat Abbas, Benyoucef Benkhedda, Hocine Lahouel et Mohamed Kheireddine sont mis en résidence surveillée et leurs biens confisqués par le colonel Boukharouba pour avoir publié un manifeste dénonçant le pouvoir personnel et les risques de guerre fratricide avec les marocains. Ils y resteront jusqu'au 13 juin 1977.
Juillet 1976 : Plus d'une centaine de jeunes citoyens de la région de Larbaâ Nath Irathen sont arrêtés suite à la découverte de textes sur la culture berbère.
Décembre 1978 : la sécurité militaire infiltre et pilote un parachutage d'armes organisé par des opposants (Benyahia) en Kabylie (affaire du Cap Sigli). De nombreux opposants seront arrêtés et torturés.
7 avril 1980 : Une manifestation pacifique d'étudiants sympathisants de la culture berbère est violemment réprimée à la place du 1er mai d'Alger. De nombreuses arrestations sont opérées et de nombreux blessés sont signalés.
20 avril 1980 : Les brigades anti-émeutes donnent l'assaut en pleine nuit à l'université et à la cité universitaire de Tizi Ouzou : Plus de 500 blessés. Vingt-quatre responsables du collectif culturel berbère sont arrêtés. Certains seront sauvagement torturés.
2 février 1982 : Des citoyens du misérable quartier Amrous de Saïda manifestent devant la dégradation de leurs conditions de vie. Une répression sauvage s'abat sur eux. Plus de cinquante citoyens sont arrêtés et torturés. Quarante seront traduits en « justice » et condamnés.
25 novembre 1982 : Une centaine d'intellectuels algériens et des imams sont arrêtés pour avoir participé au sit-in de la faculté d'Alger du vendredi 12 novembre 1982. Parmi eux figure le Cheikh Soltani, 81 ans et Cheikh Ahmed Sahnoun. Ces intellectuels seront sauvagement torturés. L'un d'eux, médecin tombera dans le coma suite à une fracture du crâne. Cheikh Soltani mourra quelques mois plus tard en résidence surveillée.
Décembre 1982 : Des opposants islamiques sont arrêtés dans plusieurs régions de l'ouest (Sidi Bel Abbés, Mostaganem, Tlemcen). Ils seront atrocement torturés.
Octobre 1983 : Lamali Salem, détenu sans jugement au bagne de Berrouaghia, meurt mystérieusement lors de son incarcération arbitraire.
De nombreux sympathisants d'Ahmed Ben Bella seront arrêtés dans l'Algérois et l'Oranie. Certains d'entre eux seront sauvagement torturés.
22 avril 1985 : manifestations de citoyens de la Casbah d'Alger contre les mauvaises conditions de vie. La police réprime violemment la manifestation. Nombreux blessés et une trentaine de citoyens sont arrêtés.
5 juin 1985 : Manifestation de citoyens contre une distribution arbitraire de terres à Laghouat : la gendarmerie tire sur les manifestants : 2 morts et plus de 50 blessés.
30 juin 1985 : Des universitaires et avocats créent la ligue algérienne de défense des droits de l'homme. Ils seront arrêtés et traduits devant la Cour de sûreté de l'Etat (tribunal d'exception) de Médéa pour « atteinte à la sûreté de l'Etat » .
5 juillet 1985 : Des enfants de martyrs de la guerre de libération nationale décident de déposer des gerbes de fleurs au cimetière à la mémoire de leurs parents morts au champ d'honneur, à l'occasion du 23e anniversaire de l'indépendance. De nombreuses arrestations sont opérées par la police politique : 200 personnes arrêtées dont quatre veuves de martyrs. Nombreux seront ceux qui seront torturés à la tristement célèbre caserne de la SM de Bouzaréah.
29 octobre 1985 : Aït Menguellet, chanteur engagé est arrêté et condamné à 3 ans de prison pour « détention d'armes » (vieilles armes de collection). La justice aux ordres est actionnée pour punir ce chanteur et le faire taire.
15 décembre 1985 : La Cour dite de sûreté de l'Etat (tribunal d'exception) de Médéa condamne 24 citoyens à des peines allant de 6 mois à 3 ans pour?'avoir déposé des gerbes de fleurs à la mémoire de leurs parents martyrs le 5 juillet 1985 et d'autres pour avoir créé une ligue des droits de l'homme.
Février 1986 : Des prisonniers politiques sont soumis à des traitements inhumains et dégradants à la prison de Lambèse. Le citoyen Aïssaoui Brahim est amputé des deux pieds suite à une artérite provoquée par son incarcération dans un cachot glacial, tout dévêtu en plein hiver durant plus d'un mois. Le citoyen Haroun Mohamed, victime de tabassages et soumis à l'isolement, sombre dans une dépression nerveuse sévère. Le citoyen Boudine Ahmed est victime d'un grave traumatisme crânien (fracture du crâne) provoqué par un gardien de prison.
Juillet 1986 : Abdelwahab Abderrahmane meurt mystérieusement au commissariat d'Oran où il était séquestré. Sa mort sera maquillée en accident de voiture.
Septembre 1986 : Arris Mustapha, opposant politique sera arrêté et sauvagement torturé par la police politique. Il mourra suite aux supplices.
9 novembre 1986 : une manifestation de lycéens à Constantine est sauvagement réprimée par les brigades anti-émeutes : 4 morts, de nombreux blessés. Près de cinquante citoyens sont arrêtés, torturés et jugés.
7 avril 1987 : Maître Ali Mecili, avocat et opposant au pouvoir militaire d'Alger est assassiné devant son domicile à Paris. La police arrête son meurtrier, un proxénète et tueur à gage de la SM et « l'expulse » sur Alger sur ordre de Pasqua et Pandreau.
Juillet 1987 : Près de 200 citoyens comparaissent devant le tribunal d'exception de Médéa pour « activités subversives ». Ils appartenaient au mouvement islamique algérien.
5 ? 10 octobre 1988 : Une machination criminelle orchestrée par un clan du pouvoir débouche sur des émeutes d'une jeunesse désemparée sur tout le territoire national. L'armée tire sur la foule : plus de 600 morts. Des centaines de jeunes citoyens seront arrêtés et affreusement torturés dans certaines casernes et commissariats.
3 juin 1991 : Des gendarmes tirent à l'aube sur des militants du FIS regroupés sur les places publiques de la place du 1er mai, des Martyrs et d'Hussein-Dey : plus de 80 morts.
4 juin 1991 : Des hommes armés circulant à bord de voitures banalisées tirent sur des manifestants à la place du 1er mai, à Alger : 4 morts.
11 janvier 1992 ? ?. : Coup d'Etat suite à la victoire des 3 fronts (FIS, FLN et FFS) au 1er tour des premières élections législatives libres. Une véritable guerre est menée contre une partie de la population : 200 000 morts, 35 000 prisonniers politiques, plus de 6000 disparus et 500 000 exilés.
Avril-juillet 2001 : Révolte de la jeunesse dans plusieurs régions du pays : Bejaïa, Bouira, Tizi-Ouzou, Annaba, Oum El Bouaghi, Tébessa, Boumerdés, El Tarf, Skikda, Biskra : Plus de 120 morts et plus d'un millier de blessés, plus particulièrement en Kabylie.


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