La violence contre les enfants, autant à l'intérieur des structures scolaires que dans la rue, au sein de la famille, est devenue intolérable.Nombre de spécialistes et d'experts, autant que les services de sécurité, estiment que le phénomène a pris une ampleur inquiétante ces derniers mois avec la hausse des kidnappings d'enfants, ou l'assassinat d'écoliers dans l'environnement immédiat des écoles. Intervenant à l'occasion (19 novembre) de la célébration de la Journée internationale des droits de l'enfant, le Pr Mustapha Khiati, président de la fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), estime que la nouvelle loi sur la protection de l'enfant a apporté des aspects positifs, dont la définition des paramètres de cette protection, ainsi qu'une précision pour la justice sur la nature de la violence juvénile ou contre les enfants. ‘'Ce qui n'existait pas'', et il y a, a-t-il ajouté jeudi à la radio nationale, ‘'la création d'un délégué de l'enfance rattaché au Premier ministre''. Il y a également ‘'une institution de l'enfance à travers toutes les wilayas pour prendre en charge ce problème'', a précisé le président de la Forem, qui a indiqué que dorénavant, ‘'il y a 17 ministères qui sont concernés directement ou indirectement par la protection de l'enfance''.DES CHIFFRES QUI FONT PEURSelon un bilan de la police nationale, en 2014, plus de 6.000 enfants ont été victimes de violences, dont la violence sexuelle. Pour les quatre premiers mois de 2015, les mêmes services ont enregistré, à l'échelle nationale, plus de 1.700 cas de violence contre des enfants. Le bilan des enlèvements d'enfants est lourd : 195 kidnappings en 2014 et 25 cas d'enlèvements d'enfants récupérés et remis à leurs familles durant les quatre premiers mois de 2015. En 2013, il y a eu 150 enlèvements d'enfants dont les 2 enfants de Constantine, Brahim et Haroune retrouvés morts. Dans le détail, il y a eu durant les quatre premiers mois de 2015, pour toutes les formes de violences à l'échelle nationale, 1.726 cas, dont la violence contre les enfants, 996 cas de violences physiques et 517 agressions sexuelles dont 305 contre des filles, 179 cas de mauvais traitements, 25 enlèvements, trois cas d'homicides involontaires, et 6 cas de violences ayant entraîné la mort, selon un bilan des services de police. Le Pr Khiati relève, par ailleurs, que ‘'certains textes protégeant l'enfance ne sont pas appliqués'', comme la protection de l'enfance de la mendicité, expliquant que dans ce cas précis, ‘'les président de cour sont autorisés à s'autosaisir''. ‘'Le problème, souligne-t-il, est de savoir qui sera chargé de la plainte''. Selon le Pr Khiati, ‘'il y a une augmentation croissante de la délinquance'', dont les crimes de sang, ce qui interpelle non seulement ‘'les services de sécurité, mais également la société civile'', qu'il faut par ailleurs ‘'impliquer dans la stratégie de lutte contre la violence en milieu scolaire''. L'urbanisation effrénée et la construction de nouvelles cités en milieu périurbain accélère, selon le Pr Khiati, la violence urbaine, car ‘'nous sommes en train de recréer de véritables ghettos, sans infrastructures sociales. Il ne suffit pas de créer des cités, mais il faut récréer une qualité de vie pour les citoyens qu'on veut reloger dans ces cités''. Il rapporte ainsi qu'en moyenne, 17.000 jeunes, âgés entre 13 et 18 ans, sont chaque année présentés devant les tribunaux, parfois pour des crimes. Le constat est clair, selon le président de la Forem, qui avertit qu'''il y a une situation de violence qui couve, et qu'on doit désamorcer avec des lois et trouver d'autres dispositifs de prévention de cette violence''.LA VIOLENCE OMNIPRESENTE DANS LA SOCIETE ALGERIENNEParmi cette nouvelle forme de violence, il cite en particulier les kidnappings d'enfants, le viol, la drogue, d'où la nécessité, estime-t-il ‘'de développer une stratégie multidirectionnelle pour lutter contre ces types de violence''. Pour la ministre de l'Education nationale Nouria Benghebrit, il faut introduire au niveau des établissements scolaires les activités artistiques et sportives, qui contribuent, selon elle, à la lutte contre la violence et les fléaux sociaux.» Les activités artistiques et sportives renforcent le nationalisme, favorisent la cohésion au sein de la société et contribuent à la lutte contre la violence sous toutes ses formes et les fléaux sociaux», a-t-elle précisé jeudi lors d'une séance de questions orales à l'Assemblée populaire nationale (APN). Pour elle, les activités sportives et culturelles ont un impact positif sur l'élève «en ce qu'elles contribuent à son développement et favorisent son autonomie». Elle a rappelé que son département, sur instruction du Premier ministre, avait signé des conventions avec d'autres départements ministériels tels que la Culture, qui ont donné lieu à l'installation, en mars 2015, d'une commission intersectorielle pour la prise en charge de l'actualisation et de l'adaptation des programmes culturels et éducatifs et l'encadrement des différentes activités artistiques en milieu scolaire. Une enquête du ministère de la Santé en juin dernier sur ‘'la santé de la femme et de l'enfant à indicateurs multiples (MICS4)'', indique que près de 86% des enfants âgés entre 2 et 14 ans ont reçu des punitions physiques ou psychologiques entre 2012 et 2013. En outre, 71% des enfants punis l'ont été physiquement et 23 % d'entre eux d'une manière très sévère.
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Posté Le : 21/11/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com