Algérie - Revue de Presse

Attentat contre le ministre de la Défense Les élections législatives de juin dernier au Liban n?ont rien réglé, avec cette fois un attentat visant un des piliers du régime, en la personne du ministre de la Défense, Elias Murr, également gendre du chef de l?Etat, Emile Lahoud. En guise de première explication, un des chefs de l?opposition, Walid Joumblatt, estime que le ministre en question était devenu un témoin gênant dans l?enquête sur l?assassinat, le 14 février dernier, de l?ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri. Comme ceux qui avaient visé ce dernier et d?autres avant lui, durant les années sombres de la guerre civile dans ce pays, le procédé est le même, puisque les auteurs de l?attentat se sont servis d?une voiture piégée. M. Murr, qui sortait de son domicile, dans la banlieue chrétienne de Naccache, à une dizaine de kilomètres au nord-est de Beyrouth, s?en est sorti avec des blessures légères, mais cet attentat, qui a eu lieu dans la banlieue est de Beyrouth, a fait deux morts et dix blessés. Selon les premiers éléments de l?enquête, la charge explosive a été estimée à 40 kg de TNT, a indiqué la police, précisant qu?elle a provoqué un cratère de 2 mètres de diamètre sur 1,5 mètre de profondeur. « Dieu merci, je suis en bon état (...). Nous devons tous supporter la situation, car le pays traverse une période difficile », a indiqué M. Murr. Plus tôt, son beau-frère, le député Emile Emile Lahoud (fils du président), avait indiqué à la presse que le ministre subissait en milieu de journée une « légère intervention chirurgicale » à la main. Il a, en outre, été atteint de brûlures au visage et au cuir chevelu, selon lui. Le président Emile Lahoud s?est rapidement rendu à l?hôpital pour s?enquérir de la santé de l?époux de sa fille. Le Premier ministre désigné, Fouad Siniora, l?ambassadeur des Etats-Unis, Jeffrey Feltman, et de nombreuses autres personnalités politiques se sont également rendus à l?hôpital pour s?enquérir de son état. Parmi les blessés figurent un officier libanais, Elias Al Bayssari, grièvement touché par l?explosion, et l?épouse de l?ambassadeur du Mexique au Liban, Patricia Puente, qui réside à Naccache, selon l?agence officielle libanaise ANI. Egalement vice-Premier ministre sortant, M. Murr a assumé à plusieurs reprises des fonctions gouvernementales. Dans le dernier cabinet formé, en avril 2003, par Rafic Hariri, il détenait le portefeuille de l?Intérieur. Depuis l?assassinat de ce dernier et le départ des troupes syriennes du Liban en avril, deux personnalités ont été assassinées dans des attentats à la voiture piégée : le journaliste Samir Kassir et l?ancien secrétaire général du parti communiste libanais, Georges Hawi, tous les deux tués en juin. La Syrie, qui avait été pointée du doigt dans ces trois assassinats, a fermement condamné l?attentat d?hier, soulignant que la personnalité visée était cette fois une personnalité prosyrienne. Cette explosion intervient alors que Fouad Siniora, chargé le 30 juin de former le premier gouvernement depuis la fin de la tutelle syrienne sur le pays, semblait proche lundi d?aboutir à un accord avec les formations politiques parlementaires. Ce qui souligne l?urgence de parvenir à cette étape, mais ce qui vient de se produire, la rend bien dérisoire, comme le laisse entendre la déclaration du ministre de l?Intérieur libanais sortant, Hassan Sabeh, pour qui cet attentat visait « tout le Liban dans le but de le déstabiliser et d?enfoncer sa population dans la peur et le désespoir ». Le ministre Sabeh a jugé « très étrange » que M. Murr, qui prend des mesures de précaution renforcées, « avec trois convois, qui partent chacun, à des heures différentes, dans trois directions différentes, ait été atteint ». Un message bien fort par les indications qu?il porte.