?'Nous sommes avec des gens de sac et de corde. ?'
Ferhat Abbas cité par Mohamed Harbi dans Une vie debout (1)
Les temps incertains ont de tout siècle amplifié les discordes. L'Algérie qui s'apprête à vivre une période de transition, charnière de son existence, voit se profiler ce spectre. Dans ce tumulte exécrable, les Gens d'Armes de ce pays ; détenteurs du contrat national dont les contours historiques reste opaques ; ont une ascendance certaine. Certains disent que : C'est seulement au nom de la seule vérité que l'esprit doit s'exprimer.
Ma vérité est cri un coeur pour un minimum de violence par égard à cette société de tout temps violentée.
Les algériens sont violents. Cette phrase fait écho et credo dans notre société, et l'histoire. Sommes-nous condamnés à évoluer dans la violence ' J'ai tant d'appréhensions pour mon pays que je le regarde s'entre-déchirer chaque jour, avec méthode et acharnement.
Pourquoi tant violence ' Est-ce la seule voie ' A-t-on jamais créé quoi que ce soit avec ' Si ce n'est larmes et douleurs. Aucun meurtrier n'a jamais altéré le triomphe de la cause d'un martyr. Aucune injustice n'a jamais été réparée par des émeutes et les affrontements.
Un assassin de l'ordre n'est qu'un lâche, il n'est point un héros.
Et la voix démente d'une foule incontrôlée, et incontrôlable, n'est que la voix de la folie, pas celle de la raison. À chaque fois qu'un Algérien prend la vie d'un autre Algérien inutilement ; sous un quelconque prétexte, par mépris, ou au nom de la loi ; que ce soit l'œuvre d'un seul homme, ou d'une bande, par sang-froid, ou par passion, dans un accès de violence, ou en réponse à une autre violence ; nous algériens et algériennes souffrons sur la flamme de vie d'un homme ; et c'est la nation tout entière qui s'avilit.
Pourtant, nous semblons tolérer le développement de la violence dans cette mascarade présidentielle, au mépris d'un vivre au commun et d'aspiration à la paix et le progrès.
Nous acceptons calmement en tant qu'algériens les affrontements communautaires récurrents, les querelles byzantines de la classe dite politique, les bassesses verbales et autres exclusions. Certains Algériens qui prêchent la non-violence oublient de la pratiquer dans leur quotidien. Certains cherchent des boucs-émissaires, d'autres cherchent des complots.
Mais ce qui est clair, c'est que la violence appelle la violence, la répression entraîne des représailles, et seule la purification de l'ensemble de notre société peut extirper cette maladie de notre âme.
Notre société souffre aussi d'une autre violence, plus lente mais aussi implacable, aussi meurtrière qu'un coup de feu ou qu'une bombe en pleine nuit.
C'est la violence des âmes communautaires qui sont indifférentes, inactives, et en lente décomposition.
Cette violence brise le caractère de l'être humain, et le prive de la possibilité d'être père ou mère, et citoyen responsable dans une société en paix avec elle-même.
Si nous apprenons à non enfants la haine et la peur de l'autre, si nous leur enseignons qu'ils sont supérieurs, à cause d'une vision réductrice de la religion, ou à cause d'un héritage révolutionnaire exclusif, si nous leur enseignons que ceux qui sont différents d'eux menacent leur futur, et leur aspiration.
Alors comme des zombies ils seront contraints d'affronter les autres non pas comme des concitoyens, mais comme des ennemis, et les aborder avec des préjugés, dans un esprit de conquête, pour les assujettir et les mater.
Nous vivrons alors dans la même ville, mais pas en communauté. Nous résiderons au même domicile, mais ne mangeront pas à la même table.
Nous apprendrons à ne partager qu'une même peur ; qu'un même désir de s'écarter les uns des autres ; qu'un même élan de violence dans nos désaccords. C'est le plus grand risque qui guette notre patrie.
Pourtant, nous savons quoi faire. Il faut instaurer une réelle justice parmi nos concitoyens. La question est de savoir sur quel type de programmes, et de quelles lois. Mais la grande question est de savoir si, en nous-mêmes, dans nos coeurs, nous pouvons trouver cet élan d'humanité commune, et de regarder en face la terrible réalité de nos existences. Nous devons comprendre que la distinction fallacieuse que nous faisons entre les hommes est vaine. Nous devons apprendre à fonder notre propre progrès sur la recherche du progrès de chacun. Nous devons admettre, au fond de nous-mêmes, que le futur de nos propres enfants ne peut pas être construit sur le malheur des autres.
Nous devons reconnaître que cette courte vie ne tire aucune noblesse, ni aucune richesse, des sentiments haineux ou revanchards, et que l'Algérie appartient à tous les algériens et algériennes.
Un prince tirera sa révérence, un président arrivera, ce n'est qu'une épopée d'une terre. L'humilité, est d'inscrire cette transition dans la grande paix céleste, au-delà des mages de mauvais augure.
La violence ne doit pas être l'apanage de notre société, mais le désir de vivre ensemble sur cette terre subjuguée comme tant d'autres à tant de violences non voulues et surtout inscrites nulle part.
Il nous faut penser cette transition dans la paix. Qu'advienne, il faut œuvrer à chaque souffle pour qu'elle soit réalité.
Khaled Boulaziz
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Posté Le : 18/10/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Quotidien d'Algérie
Source : www.lequotidienalgerie.org