Algérie

Violence



L?opération visant à faire sauter de la Constitution le verrou des deux mandats présidentiels se distingue par son caractère unilatéral et violent. Pilotée par le c?ur du pouvoir, elle a été « légitimée » par les chambres parlementaires et « cautionnée » par les deux partis politiques qualifiés de dominants. Une « société civile » a été confectionnée sur mesure afin d?assurer à cette opération un effet « ancrage populaire ». Tout naturellement, le matraquage médiatique a été dévolu à la télévision unique, experte en ce domaine. D?emblée a été exclu tout recours au débat public : les Algériens n?auront aucun avis contradictoire à donner tant sur l?opportunité de la révision constitutionnelle que sur la « nécessité » du rajout d?un autre mandat au président actuel. La messe est dite : Bouteflika est incontournable et en dehors de lui, point de salut pour le pays. Cela doit être accepté et reconnu par tous, y compris par ce qui reste encore d?opposition politique. L?Algérie doit se rallier ou se taire, en premier le personnel relevant de l?Etat et de ses démembrements. Lors de l?élection présidentielle de 2004, les opposants à Bouteflika ont payé cher leur prise de position ou leur manque d?engagement franc en sa faveur. Le FLN de l?époque a subi la purge et la « justice de la nuit » et les cadres de l?Etat, partisans de Benflis, furent marginalises, licenciés ou inquiétés. La glorification d?un homme et d?un programme est en passe de s?ériger en pensée unique se déversant à flots sur la société. Le pouvoir entend peser de tout son poids, dopé par l?argent du pétrole qui n?arrête pas de couler à flots. Les voix discordantes ne pourront presque plus se faire entendre. Violence politique, violence morale et violence physique sont inhérentes au pouvoir en place. Elles en émanent et le nourrissent. Comme elle est inscrite comme priorité des priorités, la question du troisième mandat est porteuse de risque d?aggravation de ces violences, sur fond de terrorisme, redoublant d?agressivité. Un universitaire vient de mettre le doigt sur le fait que « plus il y a de l?insécurité, plus il y a du pouvoir autoritaire. Et plus il y a du pouvoir autoritaire, plus il y a du désespoir ». La société risque au fil de l?année 2008, jusqu?en avril 2009, de sombrer dans l?insécurité la plus totale. Les dirigeants ne semblent pas se soucier du prix que leur cap va faire payer à l?Algérie : le pays pourrait rejoindre, sans gloire, le lot des régimes qui triturent leur Constitution pour en faire un habit sur mesure destiné à leur leader tout puissant. Triste spectacle d?une nation ramant à contre-courant de l?histoire.


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