Algérie

Violations des droits de l'Homme au Maroc: la France appelée à sortir de son "silence complice"



Le Comité France de soutien aux prisonniers politiques et d'opinion marocains a appelé le gouvernement français à sortir de son "silence complice" face aux violations des droits de l'Homme commises par le régime du Makhzen au Maroc, notamment le non-respect du droit de jouir d'un procès équitable.Dans un communiqué diffusé mercredi, le comité appelle le gouvernement français à "sortir du silence complice qu'il observe chaque fois que son allié marocain est pris en défaut de non-respect des droits humains, et en l'occurrence, de non-respect du droit d'un prévenu de jouir d'un procès équitable".
La source rappelle que le 23 février dernier, la Cour d'appel de Casablanca a confirmé le verdict prononcé en première instance, de 5 ans de prison ferme, à l'encontre du journaliste et éditorialiste d'Akhbar el Youm, Souleiman Raissouni.
Ce dernier est accusé d'"agression sexuelle", suite à un post sur Facebook qui n'indiquait même pas le responsable de tels agissements, selon le comité, ajoutant que "tout porte à croire que le pouvoir marocain a récupéré cette histoire ancienne de 2 ans pour faire taire la voix de ce journaliste critique et pousser la victime de l'agression décrite dans le post, à déposer une dénonciation, qui n'est intervenue qu'après l'arrestation du journaliste".
Il est indiqué dans le même communiqué que le procès en première instance avait été entaché de nombreuses "incohérences et contradictions" de la part du plaignant et s'était déroulé alors que l'accusé menait une grève de la faim et avait été absent de la plupart des audiences. Des violations dénoncées par RSF, Amnesty International et plusieurs autres ONG. "Le procès en appel n'a pas respecté les conditions d'un procès équitable comme l'on pouvait l'espérer".
En effet, d'après le communiqué, le tribunal a continué à refuser de convoquer les témoins à décharge. La juridiction n'a pas non plus tenu compte des réponses précises que l'accusé et sa défense ont apportées, mettant en lumière de façon convaincante les "incohérences" de l'accusation. L'on citera à titre d'exemple, le fait que la victime se plaint d'avoir été enfermé dans la cuisine de Raissouni, or l'appartement de ce dernier a une cuisine ouverte sur le salon et ne dispose d'aucune porte.
C'est ainsi que "les personnes qui ont suivi les différentes audiences de ce procès ont eu le sentiment d'assister à une farce grotesque et grimaçante qui se termine par un jugement lourd, inique et scandaleux", fustige le Comité France de soutien aux prisonniers politiques et d'opinion marocains, affirmant sa "totale solidarité" avec Souleiman Raissouni et dénonçant cette "parodie de justice et ce verdict injustifié".
En outre, il exprime sa "profonde inquiétude" alors que le procès d'Omar Radi, autre journaliste poursuivi pour "atteinte à la sûreté de l'Etat, espionnage, attentat à la pudeur et viol", se poursuit "dans les mêmes
conditions" que celles du procès de son collègue Raissouni ( non convocation des témoins, non prise en compte de documents versés par la défense à son dossier, rejet de toutes les demandes de la défense).
"Nous ne pouvons accepter que des journalistes libres et indépendants soient condamnés pour des accusations de toute évidence fantaisistes et fallacieuses, à l'issue de procès non équitables. Nous resterons mobilisés jusqu'à ce que ces journalistes, ainsi que l'ensemble des prisonniers politiques et d'opinion qui croupissent dans les prisons marocaines, recouvrent une liberté qui n'aurait jamais dû leur être enlevée", conclut le comité.


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