Vincenzo Nesci, président exécutif de Djezzy au Temps d'Algérie: «Nous sommes très satisfaits de l'expérience d'investissement menée avec le FNI»

Repris par l'Etat à travers le Fonds national d'investissement (FNI) depuis janvier 2015, l'opérateur de téléphonie mobile Djezzy s'inscrit résolument dans une dynamique de forte croissance qui s'est traduite par des résultats financiers positifs en 2016 et durant le premier semestre 2017. Le premier responsable du groupe Optimum Télécom Algérie, Vincenzo Nesci, ne cache d'ailleurs pas sa satisfaction. L'entrée du FNI dans le capital de la société a été, selon lui, une réussite, et constitue un bon exemple pour tous les investisseurs qui veulent s'implanter en Algérie. Dans cet entretien qu'il a bien voulu nous accorder, il revient sur les projets et les défis auxquels est confronté Djezzy.
Le Temps d'Algérie : L'entreprise Djezzy avait traversé une période difficile il y a plus de trois ans, jusqu'à perdre des abonnés. L'Etat a dû intervenir, dans le cadre de l'exercice de son droit de préemption, pour racheter le capital de la société à hauteur de 51%. Comment se présente aujourd'hui la situation globale du groupe '
Vincenzo Nesci : Aujourd'hui, nous sommes réellement une société très saine sur le plan financier. En 2016, nous avons réalisé des résultats financiers positifs avec des bénéfices. Les chiffres sont disponibles et publiés par notre groupe. Concernant l'entrée de l'Etat à travers le FNI en tant qu'actionnaire, il n'a été que bénéfique pour nous. Les dirigeants du FNI ont été de très bons négociateurs et redoutables pendant les trois années qui ont précédé notre reprise. Le jour où ils sont devenus nos partenaires, le 30 janvier 2015, ils se sont appropriés ce projet. Ils nous défendent et nous soutiennent continuellement. Nous nous entendons très bien avec notre actionnaire. Avec eux, nous avons démonté que la règle 51/49 % est une cause de réussite. Ceci contrairement à ceux qui croyaient que l'application de cette règle va échouer et sera un obstacle pour notre croissance. Personnellement, je considère que la règle 51/49% n'est pas un frein. Elle n'est pas aussi spécifique à l'Algérie. Il existe beaucoup de pays qui appliquent cette loi. Nous pouvons citer un Etat qui se considérait comme un champion de la liberté d'entreprendre et d'investissement. Il s'agit des Etats-Unis qui ont adopté des règles très strictes à respecter et des barrières pour l'entrée des sociétés étrangères. Donc, nous sommes extrêmement satisfaits par l'expérience d'investissement mené avec le FNI et nous espérons qu'elle va contribuer à créer un climat de confiance pour les investisseurs qui souhaiteraient venir en Algérie. Notre espoir est de contribuer au développement de l'Algérie et de faire de notre expérience un exemple. L'Algérie un pays qui dispose d'un potentiel énorme. Pendant des années, certains ont préféré développer les importations au détriment de la production locale. Aujourd'hui, il y a un besoin énorme pour créer une industrie locale afin de répondre notamment aux besoins en matière de produits de consommation pour un marché de 40 millions d'algériens. La société qui veut s'implanter ou s'investir en partenariat trouvera un marché domestique potentiel. L'Algérie peut être aussi une base naturelle d'exportation vers les pays du Sud.
Existe-t-il d'autres contraintes auxquelles fait face l'entreprise '
La plus grosse contrainte reste celle de se maintenir avec cette équation économique saine et la capacité de continuer à développer la société de façon profitable pour nos deux actionnaires.
Avez-vous l'accès facile aux crédits d'investissements '
Nous avons une situation financière extrêmement solide. Nous n'avons pas besoin aujourd'hui de solliciter le financement bancaire. Certes, le secteur bancaire nous a aidés il y a trois ans. Mais actuellement, nous produisons des flux qui nous permettent de répondre aux besoins de notre plan d'investissement.
Que pensez-vous de la volonté des pouvoirs publics de développer les paiements mobiles '
Effectivement, il existe une volonté réelle de développer le paiement électronique et le e-commerce. Nous sommes l'une des sociétés qui a adhéré à ce système le 4 octobre 2016. Maintenant, nous souhaiterions voir l'e-commerce se développer davantage. Il reste, cependant, le cadre juridique à clarifier et à définir. Pour assurer un bon développement de ce système, il faut que le cadre juridique soit bien défini. Jusqu'à présent, nous avons eu un bilan de 100 000 transactions depuis le lancement du e-paiement en octobre 2016. Nous sommes donc au début du processus. Ces activités attendent d'être encadrées par une loi sur le commerce électronique et d'autres textes. Pour notre part, nous sommes en train d'investir sur les infrastructures et les équipements.
Justement, pouvez-vous nous donner plus de détails sur les projets d'investissements envisagés '
En 2017, nous avons investi 15 milliards DA. Nous comptons investir 100 milliards DA dans les prochaines années. Ceci nous a permis d'avoir la plus grande couverture 4 G dans le pays. Ils sont 10 millions d'abonnés concernés par ce réseau. Nous couvrons 24 wilayas, c'est-à-dire 25% de la population. Notre réseau de la 4G est trois fois plus grand que celui de la concurrence. Nous avons dépassé largement les engagements de couverture exigés par l'Autorité de régulation. Grâce aux investissements consentis, nous avons pu moderniser notre réseau de la 3G et couvrir 74% du territoire national. Nous avons aussi ouvert 55 nouveaux magasins en l'espace d'une année. 250 personnes ont été recrutées à travers toute l'Algérie. Nous continuerons à investir dans les infrastructures et dans le réseau commercial.
Quels sont vos principaux objectifs stratégiques '
Nous voulons densifier d'abord la couverture pour que les abonnés puissent utiliser notre réseau de la
4 G et de la 3G. L'objectif est d'élargir les capacités techniques pour garantir des niveaux de connexion de haut débit mobile. Il y a une volonté d'agrandir cette couverture et de continuer de couvrir un plus grand nombre de wilayas en 4 G. Nous voulons aussi moderniser nos systèmes d'information et de gestion de données afin d'être le plus grand opérateur digital. Ceci nous donnera la possibilité de proposer des services et des offres innovants dans le futur. L'investissement dans notre réseau commercial et la ressource humaine sera toujours permanent.
Sur le plan de la tarification, n'y a-t-il pas nécessité de faire des efforts pour réduire les prix '
Comparés à d'autres pays de la région, nous sommes de loin les moins chers. Nous proposons une offre de 1G de connexion internet, des appels illimités sur le réseau et un 400 DA d'appels vers d'autres réseaux pendant la semaine au prix de 400 DA. C'est un effort colossal, car nous avons baissé les prix de moitié par rapport au début de l'année. Il faut savoir que plus l'investissement et le nombre d'abonnés sont importants, plus nous parviendrons à proposer des offres innovantes et baisser davantage les prix. Aujourd'hui, nous mettons à la disposition de nos abonnés une tarification exclusive de 1 dinar la communication et une recharge flexy à 45 dinars. Sur ce plan, nous considérons que nous avons les meilleures offres sur le marché.