Des gendarmes arrêtent des contrebandiers. Dans leur véhicule, ils trouvent de la marchandise importée frauduleusement. Ils s'apprêtent à embarquer tout le monde lorsque des complices par dizaines surgissent et attaquent à coups de pierres et de barres de fer les représentants de l'Etat. Les agresseurs s'en vont ensuite défiler dans les rues de la ville durant plusieurs heures à coups de klaxons et en criant victoire. Personne n'arrête cette orgie.Ces événements ne se déroulent pas en Somalie mais en Algérie, plus exactement dans une ville qui s'appelle Tébessa. Malheureusement, ce n'est pas la première fois que les hors-la-loi de cette cité, devenue avec le temps l'une des principales places fortes de la contrebande, s'affichent ouvertement et défient d'Etat, assurés de l'impunité. Nous avons eu par exemple l'affaire Belkedroussi, ce contrebandier qui s'était, à l'époque, acoquiné avec un haut responsable de la Sûreté nationale, avait kidnappé le correspondant d'El Watan Belyerdouh en plein jour et lui avait fait subir des violences.Le journaliste s'était suicidé, mais Belkedroussi vaque le plus normalement du monde à ses occupations. Tébessa, au grand dam de ses habitants, est devenue coutumière de ce genre de comportement et plus personne ne s'en offusque. Pourquoi cette ville est-elle abandonnée à son sort ' Pourquoi les autorités n'interviennent-elles pas pour mettre le holà ' Pourtant, l'Algérie n'est pas encore la Colombie où les cartels en tous genres ont pignon sur rue. Beaucoup de rumeurs circulent sur cette ville accusée de tous les maux. Relais stratégique pour le trafic de drogue, elle est aussi un lieu de passage privilégié pour les produits de contrefaçon et les véhicules volés en Europe.Terrorisme islamiste et grand banditisme font bon ménage s'ils n'ont pas fusionné. Incontestablement, beaucoup de monde trouve son intérêt dans cette situation et ce n'est pas le menu fretin qui tient le haut du pavé. L'Etat s'est désengagé de cette région, l'abandonnant à son sort et aux malfrats en tous genres. L'attaque contre nos gendarmes, pourtant extrêmement grave, n'a suscité aucune réaction officielle et les services de sécurité n'ont pas signalé le déclenchement d'une opération contre les individus incriminés alors que tout le monde sait qui est qui.Ce qui est le plus désolant et le plus dangereux pour l'avenir de l'Algérie, c'est la passivité du pouvoir.A croire qu'il se complaît dans la déliquescence de l'Etat et que certains, dans les hautes sphères, y trouvent leur compte.Car, même au début de l'indépendance du pays, c'est-à-dire à une époque où l'Etat imposait progressivement son autorité malgré de très faibles moyens, nous n'avons jamais vu les gens exprimer bruyamment et impunément leur statut de hors-la-loi. Et cela arrive presque 50 ans après l'accession à la souveraineté nationale.
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Posté Le : 27/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Tayeb Belghiche
Source : www.elwatan.com