Algérie

Ville de Béjaïa


Ville de Béjaïa
La mendicité est leur seule source de revenu, la rue leur seul domicile.Samedi matin, le trottoir qui longe l'allée Daouedji menant vers le quartier Sidi Ahmed grouille de monde. Une petite fille nigérienne d'à peine trois ans adossée à la devanture d'un magasin de vêtements féminins et recroquevillée sur elle-même éclate en sanglots. Devant elle, une petite assiette renversée et des pièces d'argent éparpillées tout autour, quelques bouts de pain et une bouteille d'eau. Les passants sont interpellés par les cris de la petite fille mais ne comprennent pas ce qui la mise dans cet état. Ils savent seulement qu'elle est là pour mendier et qu'elle pleure bruyamment. Ils ne tarderont pas à découvrir qu'elle vient d'être agressée par le propriétaire du magasin qui voulait la chasser manu militari de là. Les affaires obligent, le commerçant pense que sa présence sur les lieux repousse la clientèle. Celui-ci s'est attiré la foudre des passants, éc?urés par cet acte injustifiable et dénué de toute humanité. Ils le traite de «raciste» et d'«inhumain». Sur le même trottoir, quelques encablures plus loin, la mère de la fillette tenant un bébé entreles bras attend patiemment que des âmes charitables lui donnent quelques pièces. Sa survie et celles de ses deux enfants en dépendent. Cette femme occupe ce lieu depuis un mois, parle-t-on. Elle n'est cependant pas la seule. Des dizaines de ses compatriotes déambulent dans les rues de la ville depuis des jours et comme elle, la mendicité est leur seule source de revenu, la rue leur seul domicile. Ils sont livrés à eux-mêmes dans un pays étranger.La nuit à la belle étoileIls sont une trentaine de Nigériens, majoritairement des femmes et des enfants, à avoir atterri dans la capitale des Hammadites, à en croire le chiffre donné par la wilaya qu'elle tient d'un récent recensement. Contactée par téléphone, la cellule de communication de la wilaya informera que ces nigériens se sont introduits «illégalement» sur le territoire algérien et que Béjaïa n'est pas la seule ville du pays à en recevoir. Si cela est aussi massif on se demande comment ces familles ont pu passer inaperçues et arriver sans anicroches jusqu'au nord du pays après avoir parcouru des milliers de kilomètres !A moins qu'il s'agisse d'un laxisme des autorités qui laissent s'introduire des familles entières sur le territoire national pour ensuite les abandonner à leur sort sans la moindre prise en charge. En tous cas, à Béjaïa, c'est le sentiment que d'aucuns partagent au vu de la situation «pitoyable» de ces familles nigériennes qui pâtissent dans les rues de la ville. A défaut d'un centre d'accueil, elles élisent domicile sur les trottoirs où elles passent la nuit.Certains trouvent refuge sous des cages d'escaliers, à proximité des cités universitaires, a-t-on constaté. A en croire encore la cellule de communication de la wilaya, ces familles ont été conduites au centre d'accueil pour personnes âgées, sis à Sidi Ouali, dans la haute ville de Béjaïa, qu'elles ont aussitôt fui. Ce comportement est observé même chez des SDF locaux pour qui, semble-t-il, la rue est plus hospitalière. Ce qui ne trompe pas sur les conditions de prise en charge au niveau de cette structure, d'ailleurs maintes fois décriées par ses occupants et le mouvement associatif. La DAS (direction de l'action sociale) nous a déclaré, quant à elle, à travers son directeur par intérim, M.Benamara, «qu'aucun plan d'action n'est entrepris pour le moment et que pour ce faire, il faut que l'ordre soit donné par le wali de former une commission pour aborder le cas de ces immigrés». Pour l'instant, ces nigériens, chassés sans doute par la misère dans leur pays, ne sont pas sous de meilleurs cieux.


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