Algérie

Vigilance et solidarité à Bordj Bou-Arréridj



Tout en guettant la moindre étincelle dans les forêts entourant leurs localités, les jeunes de nombreux villages se mobilisent parallèlement pour apporter leur aide aux habitants des wilayas limitrophes, sérieusement touchées par les incendies.À Bendaoud, à Ouled Braham, à Zemmoura, à Tegellet et à Djaâfra, en plus des équipes de la Protection civile et des forces de sécurité, des citoyens se sont organisés en groupes pour surveiller leurs forêts et guetter le moindre intrus. "Nous veillons jour et nuit", explique Mohand, un habitant de la commune de Teffreg, une quarantaine de kilomètres au nord du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Une journée calme au centre de secours de la Protection civile de Djaâfra, au nord de la wilaya. Mais ils sont tous sur le qui-vive et à l'écoute de la moindre information. Ce qui se passe juste à quelques kilomètres à vol d'oiseau, à Béjaïa, à Tizi Ouzou, à Sétif..., résume déjà la hantise de tous. "Djaâfra n'est-t-elle pas à la limite d'une catastrophe ' Cette question, on se la pose évidemment", reconnaissent unanimes ces secouristes de garde, à quelques mètres des camions prêts à partir à la moindre alerte.
La même question est dans toutes les discussions des habitants de la région, conscients de la fragilité de la situation. "Depuis toujours, nous avons intégré le risque du feu et nous vivons avec", rappelle Khali Mokhtar, un habitant d'Achabou, dans la commune de Teffreg. "En plus de l'organisation mise en place et de l'expérience acquise, plusieurs kilomètres de pistes, de nombreux points d'eau (malheureusement à sec ces derniers temps), des tours de guet à travers le massif forestier sont les atouts de la région pour réagir dès les premières fumées", se réjouit notre interlocuteur, regrettant toutefois que "dans cette région, limitrophe avec Béjaïa, Sétif et Bouira, si ça part avec un peu de vent, ça risque de prendre des proportions énormes". Même les professionnels des incendies (sapeurs-pompiers et forestiers) ne cachent pas leur inquiétude. "Ce mercredi, la température est très élevée, le risque aussi. Le dispositif vient d'être renforcé par une colonne mobile", s'inquiète le directeur de la Protection civile, le lieutenant-colonel Mohamed Guentar.
Solidarité en marche
Sur la RN106, reliant Bordj Bou-Arréridj à Béjaïa via Ighil Ali et les CW43 et 44, la circulation est réduite au maximum. Tous les véhicules qui y transitent sont vérifiés et les usagers conseillés sur les risques d'incendie. "C'est la période des figues ; les villageois et même ceux des villes viennent pour la cueillette, mais ces derniers jours nous n'avons pas constaté le flux des années précédentes", constate Hammouche, un habitant de Bounda Tamokrant. "Ce calme, Dieu merci, nous a permis de canaliser nos efforts vers les wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou", a expliqué Mustapha, un bénévole du village de Sidi Idir, dans la commune d'El-Maïn. "Des jeunes et des moins jeunes de tous les villages de la région se sont portés volontaires et se sont dirigés vers la wilaya de Tizi Ouzou, armés de leur seul courage et d'une volonté inébranlable pour apporter leur aide durant cette rude épreuve et pour participer au sauvetage des leurs, les habitants de ces régions montagnardes et difficiles d'accès", ajoute-t-il. Joint par téléphone, Toufik Oudjaït, un des volontaires qui se sont rendus d'Aourir n Djaâfra à Tizi Ouzou, raconte le courage, la générosité et la bienveillance de la population locale.
"Nous sommes à Illoula, les flammes nous encerclent. Les habitants, contents de notre présence, cherchent à nos protéger et à prendre soin de nous. Nous avons vu des bénévoles, des pompiers, des agents des forêts, des éléments de l'ANP, qui allaient au-devant de la mort pour sauver des personnes et des animaux, avec beaucoup de courage et sans le moindre calcul", témoigne ce volontaire.
Dans la soirée de mardi à mercredi, les premiers convois chargés de denrées alimentaires, de médicaments et d'autres aides ont démarré d'El-Colla, de Sidi Idir, de Bordj Bou-Arréridj pour rejoindre la région de Tizi Ouzou. D'autres convois d'El-Maïn, d'Ath Khelifa et de plusieurs villages et quartiers de la ville de Bordj Bou-Arréridj se sont mobilisés. "Des médecins et des infirmiers se préparent à se rendre aux hôpitaux de la région avec des lots de médicaments d'urgence", précise un des médecins volontaire, qui lance un appel à ses confrères, tous les soignants, surtout ceux qui sont à la retraite, à se mobiliser et à rejoindre les zones sinistrées.

Chabane BOUARISSA


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