Algérie

Vieux bâti, glissement de terrain et intempéries Prévenir vaut mieux que guérir



Quelques journées de pluie et d'incessantes averses automnales auront donc suffi à plonger de nombreuses régions du nord du pays dans une situation de «catastrophe» avérée, qu'il est bien difficile de mettre sur le dos des caprices du temps... et du réchauffement climatique. Sur ce registre, les déclarations de bonnes intentions qui tentent, ces derniers jours, de noyer les responsabilités des uns et des autres dans des présupposés climatiques alambiqués ne pourront pas cacher une terrible mise à nu: plus d'une dizaine de morts, des blessés, des maisons effondrées, des routes coupées, des affaissements de terrain, des canalisations éventrées, des ponts emportés par les eaux, des dégâts matériels considérables, la panique et la désolation, etc., et plus que tout, un état d'impuissance évident des institutions en charge de la gestion de ce genre de situation. Ni plan ORSEC, ni soutien logistique d'envergure, des quartiers et des cités entièrement inondés, à Alger, Blida, Oran, Aïn Defla, Tizi Ouzou, Boumerdès, Tipaza, Dellys, etc., n'ont pas réussi à se sauver, corps et biens, de la furie des eaux tombées du ciel, charriées en torrents par le cours détourné des lits d'oueds, livrés des décennies durant à l'urbanisation anarchique et à l'approximation en tous genres. Le bilan des victimes des intempéries dans toutes les zones du pays touchées par les inondations s'est cependant illustré de manière dramatique et spectaculaire à la fois, en enregistrant au coeur de cette comptabilité macabre les décès dus à l'effondrement d'immeubles d'habitations dans de grands centres urbains comme Alger ou Oran. Des morts et des villes entières totalement paralysées, livrées une semaine durant aux répugnances des pluies diluviennes, voilà qui n'a pas laissé de marbre les institutions concernées à Constantine, une mégapole pour l'instant épargnée sur le front des intempéries. A la vérité, s'il y a une ville qui doit faire dans l'immédiat les constats préparatoires de sinistre, pour parer à toute éventualité, c'est l'antique Cirta, tellement son tissu urbain est l'année durant en équilibre instable à cause des glissements de terrain, et tout le vieux bâti complètement en jachère, prêt à s'effriter par pans entiers, dans des conditions de mauvais temps extrême. La ville de Constantine vit, ces dernières années, au rythme des effondrements de bâtisses et les bilans sont effrayants: vu du pont Souika n'est plus que ruine et désolation, et les maisons éventrées à la haute casbah affichent par dizaines des pans entiers de mur lépreux menaçant de s'effondrer à tout instant. S'il est difficile d'en répertorier le nombre exact, de dresser des bilans qui renseignent sur la vétusté du vieux bâti, sur le vieux rocher, sa restauration risque en tout cas de ne jamais être faite, au prétexte que des milliers de maisons sont des biens privés. L'hiver est plus que jamais là, et les fortes pluies de la semaine dernière qui ont frappé le Nord-Ouest et le Centre du pays sont révélatrices de la vulnérabilité des bâtisses, qui chaque années font que les familles, comme ce fut le cas souvent, préfèrent passer la nuit à la belle étoile, sous des bâches de fortune, que d'être surprises et ensevelies par d'éventuels effondrements. Des quartiers entiers de la ville touchés par les glissements, Aouinet El-Foul, El-Menia, rue des Maquisards, terrain Sabatier, Belle Vue, Ciloc, Bardo, Boudraa Salah, Benchergui, Zaouche, Boussouf, etc., sont sévèrement touchés. En vérité, la situation est grave et la délivrance des arrêtés de péril, qui est du ressort de la commune, et des services techniques des différents secteurs urbains, destinés aux habitations menaçant ruine, se fait de façon improbable. Cette dernière veut bien mettre de l'ordre dans la gestion du vieux bâti, mais elle fait preuve, jusque-là, d'une impuissance avérée. Pour rappel, tout le monde se souvient de la nuit du 13 novembre 2004, veille de l'Aïd El-Fitr, toujours présente dans les mémoires, les rafales de vents et la forte pluviométrie ont eu des effets catastrophiques sur les vieux quartiers de la ville, les plus touchés, où l'on avait recensé en quelques heures une dizaine de maisons effondrées. En fait, des décennies durant, avec les effets conjugués du temps et le passage peu constructif des différents responsables chargés des affaires de la wilaya et du secteur hautement stratégique de l'urbanisme et de la construction, des pans entiers de la ville de Constantine se sont inexorablement délités, donnant à voir, aujourd'hui, pêle-mêle, des images apocalyptiques de nombreux quartiers, soumis aux effets dévastateurs des glissements de terrain et des intempéries hivernales dévastatrices.


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