Algérie

Viandes rouges et blanches: L'abattage clandestin fait peur



A l'approche de l'Aïd El-Adha et avec l'installation des vendeurs de moutons dans les points de vente désignés par la commune, la problématique du contrôle du cheptel venant des autres régions, l'état des abattoirs communaux ainsi que celle de l'abattage clandestin ont été mis en évidence et discutés hier dans le cadre de l'émission hebdomadaire «Forum» de la radio régionale de Constantine. Les responsables du secteur de l'agriculture, des vétérinaires, des éleveurs, les responsables des bureaux d'hygiène des communes, ainsi que le représentant d'une association civile de protection de l'environnement, ont été invités pour répondre aux questions des journalistes et des auditeurs qui ont participé aux débats au moyen du téléphone.

Le premier constat qui a été fait concerne l'absence totale d'investissement pour la création d'abattoirs agréés, et ce afin de faire face à la demande et au phénomène de l'abattage clandestin. A ce propos, le directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya est intervenu pour signaler qu'en matière d'investissement, sa direction a reçu en tout et pour tout deux dossiers pour la création d'abattoirs, dont un a été approuvé, et l'unité en question est en cours de réalisation au niveau de la localité de Salah Derradji, dans la daïra d'El-Khroub. Ce responsable a tenu néanmoins à rassurer que les capacités actuelles des structures d'abattage existantes au niveau de la wilaya sont suffisantes : 9 abattoirs, dont 7 au niveau des autres communes de la wilaya. Et dans ce lot, on trouve deux abattoirs qui ne fonctionnent pas suivant les normes.

A côté de cela, il y a douze tueries avicoles, dont 7 fonctionnent suivant les normes réglementaires, et il a signalé un déficit de deux abattoirs. Il s'est étalé ensuite sur les conditions requises pour le fonctionnement des abattoirs (situation en zone suburbaine, chaîne de froid, incinérateurs, etc.) et a conclu son intervention sur la nécessité de la mise en place de structures d'abattage modernes. « 6O% des poulets qu'on trouve sur le marché proviennent de volaille élevée sous serres en plastic et n'ont pas de certificat vétérinaire, a affirmé en outre un membre de l'association des éleveurs de poulets de la wilaya». Et d'ajouter qu'il existe de nombreux éleveurs clandestins qui ne respectent aucune condition d'hygiène et d'environnement. «Donc, s'il y a contrôle, a-t-il estimé, il doit s'effectuer d'abord au niveau des conditions d'élevage».

Le président de l'Association de protection de la nature et de l'environnement (APNE) est d'accord sur ce point et il a ajouté que Constantine est devenue le paradis de l'abattage clandestin à ciel ouvert, qui pollue l'environnement par le rejet des abats. Quel est le responsable de cette situation ?, a-t-il interrogé. Les services de l'APC ont été pointés du doigt par plusieurs participants et des auditeurs.

Le DSA est intervenu encore pour indiquer que ses services mobilisent en permanence 15 vétérinaires au niveau des abattoirs des viandes rouges et 11 dans les abattoirs avicoles et que, dans chaque commune, il y a une brigade d'hygiène chargée du contrôle. Un auditeur, visiblement au fait de la question, s'est interrogé pour savoir si les conditions d'après-abattage existent aussi en parlant du séchage du poulet, du stockage sous froid, etc. Il a signalé que l'abattage se fait toujours de nuit, à la faveur de l'obscurité, pour échapper au contrôle. Le DSA a parlé de tueries et non d'abattoirs.

«A côté de 12 tueries avicoles, il y a 7 abattoirs de viande blanche qui, par ailleurs, ne réunissent pas les conditions d'hygiène», a-t-il précisé. Un représentant de l'APC du Khroub a fait le même constat en décrivant la situation au niveau de sa circonscription. Il a conclu que la responsabilité est collective et que les services de la répression et de la sûreté urbaine ont un rôle primordial à jouer dans l'éradication de tout ce qui st informel, car ce dernier tend à devenir une véritable culture. Abordant l'Aïd El-Adha qui se profile et l'arrivée de troupeaux de moutons venus de différentes régions du pays, le DSA dira que 80.000 brebis sont identifiées à Constantine et qu'il y a un contrôle qui se fait dans les points de vente pour détecter les bêtes malades. Les auditeurs sont intervenus en dernier pour dénoncer les conditions d'abattage durant la journée de l'Aïd et ont demandé aux autorités de prendre des mesures pour regrouper les sacrifices dans des lieux adéquats afin d'éviter la pollution de l'environnement.




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