La gestion approximative du dossier des importations induit des incohérences, pour le moins, dans la communication gouvernementale.Il ne se passe pas de mois, sinon de semaine sans que le gouvernement sombre dans un cafouillage. Preuve en est cette incohérence dans la communication de l'Exécutif. Les ministres de l'Agriculture et du Commerce viennent, en effet, de se contredire publiquement à propos de l'importation de viande bovine en provenance de France. Dimanche dernier, Abdelkader Bouazghi déclare que l'Algérie n'importera pas de France de viande bovine pendant le mois de Ramadhan, expliquant que la France n'a jamais été le premier fournisseur en viande bovine de l'Algérie. Cette sortie inattendue du premier responsable du secteur agricole intervient quelques jours après la visite d'opérateurs français à Alger pour faire la promotion de la viande bovine française. Peu de temps après la déclaration d'Abdelkader Bouazghi, le ministre du Commerce, Saïd Djellab a, lors d'une réunion des cadres tenue avant-hier, soutenu le contraire. "Aucune discrimination entre pays n'est faite. Il y a une réglementation sanitaire et des autorisations du ministère de l'Agriculture, et si un pays est conforme à cette réglementation, il aura son autorisation pour exporter de la viande bovine."
Il convient de signaler que l'opération de marketing intervient à quelques semaines du Ramadhan, pic de la demande où, traditionnellement, l'Etat procède à des importations de viande bovine fraîche. Il faut savoir que les importations de viande ne sont pas libres comme auparavant. Jusqu'à la nomination du gouvernement Ouyahia, celles-ci étaient régies par le système des licences. Le gouvernement Ouyahia a interdit l'importation des viandes à l'exception des viandes bovines fraîches. La conjoncture favorise les jeux d'influence des fournisseurs ou des importateurs pour peser sur l'importation de tel ou tel quota de viande de tel ou tel pays. Le gouvernement semble être sous l'influence de ces négociants, écartelé entre les uns ou les autres lobbies de l'import-import, d'où ces déclarations contradictoires. Il faut savoir que durant ces dernières années, l'Algérie importait de la viande bovine fraîche principalement d'Espagne, d'Italie et du Brésil. Elle importe entre 2 000 et
3 000 tonnes de viande bovine française. La plupart des importateurs de viande bovine fraîche ? dix environ ? sont des privés. Le marché n'est guère transparent. La viande bovine fraîche importée vient en appoint à la viande bovine locale pour stabiliser les prix de la viande pendant le Ramadhan. La décision d'importer la viande par le biais de licences d'importation a fait augmenter son prix au point que son coût s'est rapproché du prix de la viande locale. Ce qui a dissuadé la majorité des consommateurs d'acheter cette viande pendant le Ramadhan l'an dernier.
Il faut noter que l'offre domestique en viande bovine est insuffisante et qu'elle ne couvre que 55% des besoins nationaux. Les prix prohibitifs de la viande obligent la majorité des consommateurs à se rabattre sur la viande de poulet ou de dinde moins chère. Des produits qui sont suffisamment couverts par la production locale.
Mais au-delà de la communication gouvernementale qui prête à commentaires, la question est de savoir si l'Algérie a une stratégie pour s'affranchir à moyen terme de ces importations.
K. Remouche
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Posté Le : 24/04/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Remouche Khaled
Source : www.liberte-algerie.com